Inde

Assam : un évêque indien suspecte un incendie criminel après la destruction d’une chapelle historique

La chapelle Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus du village de Chokragaon, Assam, après un incendie déclaré dans la nuit du 15 janvier. La chapelle Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus du village de Chokragaon, Assam, après un incendie déclaré dans la nuit du 15 janvier. © Bishop Michael Akasius Toppo
Lecture 5 min

Dans la nuit du mercredi 15 janvier, la chapelle Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus de Chokragaon, un village de l’État de l’Assam (nord-est de l’Inde) a été détruite par un incendie, vraisemblablement criminel selon les autorités locales et la communauté catholique. Mgr Michael Akasius Toppo, évêque de Tezpur (Assam) a déploré la perte inestimable de cette chapelle construite il y a 75 ans, dans un village « fondé en 1950 avec des familles de toutes confessions religieuses, qui vivaient en paix et en harmonie ».

Le 15 janvier au soir (vers 22h30), un incendie a dévasté la chapelle Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus de Chokragaon, un village de l’État de l’Assam (dans l’extrême nord-est de l’Inde). L’incident coïncidait avec le festival assamais Bhogali Bihu ou fête des récoltes. Les autorités ont ouvert une enquête sur cette affaire, tandis que les autorités ecclésiastiques locales suspectent une intention criminelle. L’incendie s’est déclaré quelques jours après l’ordination sacerdotale de deux hommes de la région, le père Charles Murmu et le père Lambert Ekka.

La chapelle, qui avait été construite il y a 75 ans et qui faisait partie de la paroisse d’Ambagaon, a été réduite en cendres selon le père Xavier Narzary, secrétaire de l’évêque de Tzepur. Selon le prêtre, il s’agit d’une communauté catholique active et fervente qui compte des membres des groupes ethniques Santals, Bodos et Nepalais, entre autres. « Même si c’est un village, notre communauté accueille un total impressionnant de 160 familles catholiques, d’où beaucoup de religieuses et de prêtres ont émergé au fil des années », explique le père Narzany. « Les villageois seront désormais forcés d’aller jusqu’à leur église paroissiale ou de se rassembler dans une autre maison afin de continuer leurs assemblées de prière et groupes spirituels. »

Un lien possible entre l’incendie et les ordinations de la semaine précédente

Mgr Michael Akasius Toppo, évêque de Tezpur, a appelé les autorités à mener une enquête rigoureuse, en soulignant les conséquences extrêmes de tels actes de violence. Pour l’évêque, les attaques contre les lieux de culte nuisent non seulement aux structures physiques, mais elles ébranlent aussi l’unité et la structure même de la communauté.

La chapelle de Chokragaon, Assam, Inde.
La chapelle de Chokragaon, Assam, Inde.
© mattersindia.com

De son côté, le père Narzary suspecte une activité criminelle et suggère qu’il y a peut-être un lien entre l’incendie, qui représente une perte historique sans précédent pour le diocèse, et les ordinations sacerdotales qui ont lieu récemment dans le village. Alors que l’administration du district et la police locale ont lancé des enquêtes sur cette affaire, des organisations chrétiennes, comme le Forum chrétien de l’Assam et le Forum chrétien uni (UCF) d’Udalguri, ont exprimé leur solidarité avec les villageois, en demandant de prier et de soutenir la communauté locale face à cette perte inestimable de son lieu de culte.

Construite en 1950, la chapelle est non seulement un lieu de prière mais aussi une pierre angulaire de la vie spirituelle et culturelle de la communauté locale. Mgr Toppo, interrogé après l’incendie, explique que « cette chapelle est située dans un village construit en 1950 avec des gens et des familles de toutes confessions religieuses, qui vivaient en paix et en harmonie. Nous ne savons pas qui est derrière cela ni pourquoi, mais les autorités nous ont confirmé que le feu a été déclenché intentionnellement. »

Les chrétiens « unis dans la prière, la souffrance, l’angoisse et la coopération »

En parallèle, le dimanche précédent l’incendie de la chapelle, deux jeunes hommes de la région « ont été ordonnés prêtres », confie l’évêque, en précisant qu’ils ont « célébré leur première messe dans la cour de la chapelle, en présence de presque tous les villageois, de toutes dénominations ». « La perte est estimée à plus d’1,5 millions de roupies [16 600 euros]. Tout a été brûlé, le toit, les cadres des fenêtres en bois, l’autel, le crucifix, les statues… », regrette-t-il, en rappelant que l’incident s’est produit au début de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18 au 25 janvier) et au début de l’Année jubilaire 2025. « Nous avons vécu une très forte solidarité œcuménique avec les chrétiens de la région après l’incendie de la chapelle, unis dans la prière, la souffrance, l’angoisse et la coopération. »

L’Assam est dirigé par le parti pro-hindou du BJP. L’an dernier, le gouvernement local a voté une nouvelle loi contre les pratiques de guérison magique (Magical Healing Act) soi-disant pour réprimer les pratiques superstitieuses, mais les responsables chrétiens estiment qu’elle était plutôt destinée à réprimer les rassemblements religieux chrétiens et les prières chrétiennes pour les malades. Les chrétiens représentent environ 3,74 % de la population de l’Assam sur 31 millions d’habitants, au-dessus de la moyenne nationale de 2,3 %.

(Avec Asianews, RVA News et Ucanews)