Inde

Le pape appelle les fidèles syro-malabars à ne pas « céder à la voix du diable » et à se concentrer sur l’unité

L’église Saint-Thomas de Palayur, un sanctuaire important de l’Église catholique syro-malabare situé dans le district de Trichur au Kerala, au sud de l’Inde. L’église Saint-Thomas de Palayur, un sanctuaire important de l’Église catholique syro-malabare situé dans le district de Trichur au Kerala, au sud de l’Inde. © Koshy Koshy / CC BY 2.0 DEED
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Le 13 mai, le pape a accueilli en audience Mgr Raphael Thattil, archevêque majeur de l’Église syro-malabare, et des pèlerins de l’Église orientale, alors que le conflit liturgique continue au sein de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, siège de l’archevêque majeur. Pour le pape, le diable se cache dans la division : « Le diviseur s’insinue, contrariant le désir le plus profond que le Seigneur a exprimé avant de s’immoler pour nous : que nous, ses disciples, soyons un ». L’Église orientale compte 5 millions de fidèles et 35 diocèses en Inde et à l’étranger.

Pour le pape François, les divisions au sein de l’Église catholique syro-malabare sont l’œuvre du diable qui aurait convaincu certaines personnes, dont des prêtres, que leur liturgie était la seule façon valable de célébrer l’Eucharistie. « C’est là que le diable – il existe –, le diviseur, s’insinue, contrariant le désir le plus profond que le Seigneur a exprimé avant de s’immoler pour nous : que nous, ses disciples, soyons ‘un’ [Jn 17,2], sans divisions, sans briser la communion », a exprimé le pape le 13 mai lors d’une audience avec Mgr Raphael Thattil, archevêque majeur de l’Église syro-malabare, et des pèlerins de l’Église orientale.

« Protéger l’unité n’est pas un vœu pieux mais un devoir, particulièrement quand il s’agit de prêtres qui ont promis obéissance et dont le peuple croyant attend un exemple de charité et de douceur », a ajouté le pape. Les catholiques syro-malabars en Inde, en particulier dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly, siège de l’Église orientale, ont été entraînés dans une controverse de plus de deux décennies autour d’une réforme de la liturgie eucharistique, que les fidèles appellent la Sainte Qurbana (« sainte offrande » en syriaque).

Après des débats sur la tradition, la latinisation et la modernisation, en 1999, le Synode des évêques de l’Église syro-malabare a annoncé des réformes afin de mettre fin à une situation amenant des prêtres à faire face à l’autel durant toute la célébration, tandis que d’autres font face à l’assemblée tout au long de la liturgie. Les évêques ont décidé que les prêtres seraient face à l’autel durant la prière eucharistique, et face à l’assemblée durant la liturgie de la parole et après la communion.

« La fierté, les récriminations et l’envie ne viennent pas du Seigneur »

Les prêtres de la plupart des diocèses syro-malabars ont appliqué la réforme, mais des dispenses ont été accordées dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly et d’autres territoires. Les évêques ont décidé de mettre fin à ces dispenses en novembre 2021, mais un groupe de prêtres, de religieux et de laïcs de l’archidiocèse, affirmant avoir le soutien de la majorité des fidèles, célèbrent toujours toute la liturgie comme elle était pratiquée depuis 1970, face à l’assemblée. En août, le pape François a envoyé un émissaire en Inde pour tenter de résoudre le conflit. Et en décembre, il a envoyé un message vidéo demandant aux fidèles et aux prêtres d’obéir au synode sous peine d’être excommuniés.

En rencontrant Mgr Thattil, ainsi que des prêtres et des fidèles syro-malabars, dont des membres de l’Église orientale vivant à Rome, le pape les a encouragés à prier pour tous ceux qui sont toujours contestataires et qui, selon lui, « sont tentés par l’esprit du monde qui mène à la rigidité et à la division ». « Comme le père envers son fils prodigue, laissons nos portes ouvertes et nos cœurs ouverts, pour qu’une fois repentis, ce soit plus facile pour eux » de rentrer à la maison, a-t-il confié. Pour lui, si les débats et les échanges ne sont pas un problème, « la fierté, les récriminations et l’envie ne viennent pas du Seigneur et ne mènent jamais à la concorde et à la paix ».

« Je veux vous aider »

Il a ajouté que se battre à propos de l’Eucharistie, « le sacrement de la charité et de l’unité », est « incompatible avec la foi chrétienne ». Le Saint-Père a poursuivi en demandant aux fidèles de cultiver leur sentiment d’appartenance à l’Église catholique syro-malabare, « pour que son formidable héritage liturgique, théologique, spirituel et culturel puisse briller encore davantage ». « Je veux vous aider », a-t-il assuré, en demandant aux fidèles de suivre les orientations de leurs évêques parce que « c’est ce que veut l’Église ; sans Pierre, sans l’archevêque majeur, ce n’est pas l’Église ».

L’Église orientale compte environ 5 millions de fidèles et 35 diocèses en Inde et à l’étranger. L’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly compte près de 10 % des membres de l’Église syro-malabare. En dehors de l’archidiocèse, tous les autres diocèses ont adopté la réforme liturgique malgré une opposition initiale de 12 diocèses.

Toutefois, les prêtres et les laïcs d’Ernakulam-Angamaly s’y sont massivement opposés, en affirmant que la décision a été prise à huis clos contre l’avis des prêtres et du peuple. Au cours des dernières années, la division a conduit à des manifestations, des violences physiques et la fermeture de la cathédrale, entre autres. Récemment, plusieurs centaines de prêtres et de laïcs ont averti de la possibilité d’un schisme si leurs demandes concernant la liturgie ne sont pas accordées.

(Avec Ucanews)