Mgr Celso Ba Shwe, évêque de Loikaw : « Nous devons montrer au monde que nous sommes le peuple de Pâques »

Mgr Celso Ba Shwe, évêque de Loikaw, État Kayah, Birmanie : « Notre plus grand désir, c’est une vie de paix véritable, celle que le Seigneur ressuscité peut donner » Mgr Celso Ba Shwe, évêque de Loikaw, État Kayah, Birmanie : « Notre plus grand désir, c’est une vie de paix véritable, celle que le Seigneur ressuscité peut donner. » © Diocèse de Loikaw
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Le dimanche de Pâques, Mgr Celso Ba Shwe, évêque de Loikaw (capitale de l’État Kayah) s’est adressé aux fidèles de son diocèse en soulignant que la Résurrection de Jésus est « la raison de notre joie », malgré les souffrances causées depuis le coup d’État de février 2021. En trois ans, environ 250 000 habitants de l’État Kayah ont été déplacés par la guerre civile. En novembre dernier, l’évêque et de nombreux fidèles ont dû fuir Loikaw. Mais Mgr Shwe assure que « nous nous relèverons et nous construirons une nouvelle Jérusalem ».

Dans son message pour la fête de Pâques, Mgr Celso Ba Shwe, évêque de Loikaw, a encouragé les chrétiens birmans à s’accrocher à l’espérance, en célébrant la Résurrection de Jésus malgré les souffrances liées à la faim, aux actes de cruauté et aux décès causés par la guerre civile. « Nous devons montrer au monde que nous ne sommes pas le peuple du Vendredi saint, mais le peuple de Pâques. C’est la raison de notre joie », a confié Mgr Shwe, âgé de 59 ans, qui a dû fuir sa cathédrale et sa résidence officielle en novembre dernier, quand les militaires sont arrivés dans la capitale de l’État Kayah en utilisant les bâtiments comme base dans leurs combats contre les rebelles.

« Cherchons le Seigneur ressuscité parmi nos frères et sœurs qui ont souffert à cause de la perte de proches, de la destruction de biens et de maisons, de la faim, de l’insécurité et de l’incertitude causées par les atrocités et la cruauté humaine », a-t-il ajouté dans son message, publié ce dimanche 31 mars. « Par la puissance et l’amour du Ressuscité, nous nous relèverons des cendres, des ruines et des coups provoqués par les injustices, et nous construirons une nouvelle Jérusalem ! » a-t-il ajouté. Il a souligné que « notre plus grand et notre plus fort désir » est désormais de rechercher « une vie plus élevée, une vie de paix véritable, la paix durable et parfaite que le Seigneur ressuscité peut donner ».

Après avoir dû se réfugier dans l’État Shan voisin pour échapper aux atrocités militaires, Mgr Shwe est aujourd’hui basé dans la paroisse de Sondu, à Demoso (la ville, située non loin de Loikaw, héberge plusieurs milliers d’habitants déplacés qui vivent dans des camps gérés par l’Église locale). Depuis qu’il a été déraciné de son nouveau diocèse, où il avait été consacré évêque en juin 2023 (et nommé par le pape François en mars 2023), Mgr Shwe n’a pas pu célébrer Noël ni Pâques dans sa cathédrale – sauf circonstances exceptionnelles, l’évêque est censé être dans son diocèse pour les solennités les plus importantes.

Dans le diocèse de Loikaw, 31 paroisses sur 41 vidées à cause des combats

Durant ces quelques mois, il a rendu visite à différents camps accueillant plusieurs centaines de chrétiens et autres réfugiés ayant fui les combats entre les forces de la junte et les groupes ethniques rebelles. Depuis novembre dernier, près de 40 000 habitants de Loikaw, sur un total d’environ 50 000, ont quitté leur domicile après les offensives lancées par l’armée – dont des bombardements et des tirs d’obus contre les rebelles Karennis, afin de les repousser alors que ces derniers tentaient de prendre le contrôle de la ville de Loikaw, considérée comme un emplacement stratégique.

Dans l’État Kayah, on compte de nombreux habitants – environ 250 000 – qui ont été déplacés par les conflits en cours depuis le coup d’État de février 2021, et tous sont toujours hébergés dans les camps selon les groupes humanitaires qui interviennent sur le terrain. Ils sont aujourd’hui répartis dans environ 200 camps, dont au moins 80 000 personnes dans des camps gérés par l’Église birmane. Selon différentes organisations locales dont le Karenni Human Rights Group, les frappes aériennes et les tirs d’artillerie continuent de causer des pertes civiles et de détruire des habitations.

Selon le groupe, au cours du mois de mars, les attaques de la junte à Loikaw et Demoso ont causé au moins 10 civils tués, 28 blessés et plus de 100 bâtiments endommagés, dont 50 logements civils. À ce jour, 12 églises du diocèse de Loikaw ont été touchées par les attaques de l’armée. Au moins 31 paroisses sur 41 sont presque vides alors que plusieurs milliers de catholiques ont fui les combats. Sur près de 350 000 habitants dans l’État de Kayah, on compte 46 % de chrétiens, dont environ 90 000 catholiques.

(Avec Ucanews)