Pakistan

Mgr Samson Shukardin évêque de Hyderabad et président de la Conférence épiscopale pakistanaise.

Mgr Samson Shukardin évêque de Hyderabad et président de la Conférence épiscopale pakistanaise. © Asianews
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Mgr Samson Shukardin évêque de Hyderabad et président des évêques du Pakistan, commente les élections de ce jeudi 8 février. Près de 240 millions de Pakistanais sont appelés à renouveler les assemblées fédérales et provinciales (336 sièges pour l’assemblée nationale). On compte plus de 5 000 candidats pour la législature fédérale, et plus de 12 600 pour les provinces, avec quelques sièges réservés pour les femmes et les non-musulmans. La campagne a été marquée par des attaques dont les dernières ont causé au moins 28 décès.

Les électeurs pakistanais sont appelés dans les bureaux de vote ce jeudi 8 février afin de participer à des élections contestées et secouées par des violences ; ainsi, le dernier jour avant le scrutin a été gâché par deux attaques à Pishin et Qila Saifullah (Baloutchistan), qui ont causé au moins 28 morts et 40 blessés.

Au cours de ces élections, le corps électoral doit élire les 336 députés du Parlement fédéral et renouveler les membres des assemblées provinciales. Le pays, qui compte quelque 240 millions d’habitants, a été placé sous la surveillance de plus d’un demi-million de membres des forces de sécurité. Depuis sa cellule de prison, l’ancien Premier ministre Imran Khan et son parti ont diffusé un message préenregistré invitant leurs partisans à aller voter.

Dans un tel contexte, que représentent ces élections pour les chrétiens au Pakistan ? Mgr Samson Shukardin, évêque de Shukardin à Hyderabad, qui préside également la Conférence des évêques catholiques du Pakistan (CNCP), partage ses pensées sur la situation.

Mgr Samson Shukardin, que pensez-vous de ces élections ?

Je pense que ces élections sont très importantes et essentielles pour la croissance de notre pays. Je souhaite qu’elles se déroulent de manière transparente et qu’une fois terminées, les gens puissent se manifester pour répondre aux besoins du pays. Actuellement, il semble qu’aucun parti soit à même d’atteindre une majorité. J’imagine qu’il y aura un gouvernement de coalition après les élections.

Pensez-vous que la représentation de la communauté chrétienne est bonne ?

Non, je suis en total désaccord avec la manière dont les chrétiens sont représentés, parce que les candidats sont choisis par les partis politiques, pas par les chrétiens. Il y a tant d’électeurs qui n’ont pas été enregistrés ; sinon, nous aurions bien plus de votants dans certaines circonscriptions. Je crois vraiment que nous avons commis une erreur, parce que les nôtres ne sont toujours pas conscients de leurs droits et de leurs devoirs en tant que citoyens.

Pour vous, quel genre de représentation serait le mieux pour les chrétiens ?

Nous avons besoin de bons candidats qui sont prêts à servir notre communauté. Il y a au moins vingt circonscriptions dans lesquelles nous avons beaucoup d’électeurs, et où nous pouvons remporter des sièges fédéraux. Je pense que les chrétiens devraient former un parti national, afin de pouvoir participer au processus politique.

Avez-vous des réserves vis-à-vis du système électoral unique (« Joint electoral system », un système mis en place afin de favoriser la représentation des minorités) ?

J’y suis totalement favorable. Je pense que les chrétiens doivent être autorisés à déposer deux votes, un pour les candidats des partis, et un pour leurs propres candidats chrétiens dans les circonscriptions où nous avons un bon nombre d’électeurs.

Le parti PPP (Parti du peuple pakistanais) a proposé la candidature de Naeem Gill, un chrétien, pour un siège fédéral à Warispura (Faisalabad), où les chrétiens sont souvent employés comme balayeurs…

C’est une très bonne chose. C’est ce que je demande. C’est vraiment bon signe, et j’apprécie beaucoup cette initiative prise par le PPP. D’autres partis devraient suivre cela et favoriser des candidats chrétiens pour qu’ils puissent obtenir des sièges généraux et participer dignement à la vie politique. J’ajouterai que je suis un responsable religieux, pas un dirigeant politique. Il y a une chose pour laquelle je prie et j’espère, c’est la stabilité économique pour mon pays, vu la pauvreté qui augmente. Par ailleurs, la moitié de la population est féminine ; sans leur émancipation, notre pays ne peut pas progresser ; sans elles, nous ne pouvons pas espérer un meilleur avenir économique.

(Avec Asianews)