Selon un rapport, plus de 161 attaques perpétrées contre les chrétiens depuis le début de l’année

Des jeunes en pèlerinage lors de la Semaine sainte, en 2019 dans le diocèse de Miao (dans l’Arunachal Pradesh, au nord-est de l’Inde). Des jeunes en pèlerinage lors de la Semaine sainte, en 2019 dans le diocèse de Miao (dans l’Arunachal Pradesh, au nord-est de l’Inde). © Asianews
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Le dernier rapport de l’organisation United Christian Forum alerte sur l’augmentation des violences perpétrées en Inde contre la minorité chrétienne depuis le début de l’année 2024. Ces incidents ont été enregistrés entre le 1er janvier et le 15 mars grâce aux appels et plaintes reçues sur la ligne d’assistance gratuite mise en place par l’organisation. En tête des régions les plus touchées par ces attaques contre les chrétiens se trouvent l’État du Chhattisgarh, au Nord-Ouest, et celui d’Uttar Pradesh, au Nord.

En ce début d’année 2024, les actes de violence perpétrés contre la minorité chrétienne ont augmenté. C’est le constat formulé par un rapport de l’United Christian Forum (UCF), un groupe basé à Delhi qui, depuis 2014, rassemble plusieurs organisations chrétiennes dans le but de défendre les droits des chrétiens en Inde.

En janvier 2015, ce groupe a mis en place un numéro d’assistance gratuit visant notamment à recueillir les plaintes de la minorité afin de défendre leurs droits fondamentaux. Ces appels ont permis d’identifier un nombre accru d’incidents ciblant les chrétiens entre le 1er janvier et le 15 mars 2024, avec un total de 161 attaques enregistrées. 70 incidents ont été perpétrés durant le mois de janvier, puis 62 en février, et 29 au cours des deux premières semaines de mars.

« Alors que nous sommes à quelques semaines des élections législatives, les 75 premiers jours de l’année 2024 ont vu une érosion de grande ampleur des droits fondamentaux et de la protection des chrétiens », a commenté A. C. Michael, le président et porte-parole de l’organisation UCF. Le Chhattisgarh est l’État où le plus grand nombre d’attaques visant la minorité chrétienne a été observé. D’après le rapport, des incidents fréquent consistent en une interdiction d’accès aux puits dans les villages, décrétée par les habitants à l’encontre des familles chrétiennes.

« En seulement 75 jours en 2024, 122 chrétiens ont été détenus »

Le 11 avril 2019 lors de la messe chrismale, dans le diocèse de Miao (État de l’Arunachal Pradesh, dans l’extrême nord-est de l’Inde).
Le 11 avril 2019 lors de la messe chrismale, dans le diocèse de Miao (État de l’Arunachal Pradesh, dans l’extrême nord-est de l’Inde). Crédit : Asianews

« Dans cet État, malheureusement, même les chrétiens décédés ne sont pas épargnés puisque nombre d’entre eux se voient refuser un enterrement en accord avec les rituels chrétiens. Les villageois locaux menacent de procéder à la crémation des corps [selon les rites hindous, ndlr] », a expliqué A. C. Michael. « Tout comme au cours de la période de Noël 2022, les chrétiens sont chassés de chez eux. Les habitants locaux les agressent physiquement, les menacent et vandalisent leurs maisons. » En décembre 2022, le Chhattisgarh, alors dirigé par le parti d’opposition du Congrès, avait déjà été le théâtre d’une flambée de violence contre les chrétiens.

En deuxième position des États les plus touchés par les violences antichrétiennes se trouve l’Uttar Pradesh, gouverné par le moine extrémiste Yogi Adityanath sous les couleurs du parti nationaliste hindou au pouvoir en Inde. Dans cet État, « il existe des preuves évidentes d’un harcèlement contre les chrétiens avec la complicité de l’État, car la police dépose de fausses allégations de conversion contre les pasteurs, et cela même pour avoir organisé des prières lors de fêtes d’anniversaire et d’autres rassemblements sociaux », a déclaré le porte-parole de l’UCF.

D’après le rapport de l’UCF, les chrétiens de 19 des 28 États de l’Inde ont été menacés pour avoir pratiqué leur foi. « En seulement 75 jours en 2024, 122 chrétiens ont été détenus ou arrêtés sur la base de fausses allégations de conversions », souligne le rapport. « Au nom de l’UCF, nous demandons à nos dirigeants de mettre fin à cette violence en prenant des mesures strictes contre les auteurs de tous ces crimes, et nous espérons et prions pour des élections pacifiques et équitables. »

(Ad Extra / Antoine Buffi)