60 ans de relations Corée-Vatican : un « signe d’espoir et de collaboration » pour Mgr Gallagher
Mgr Gallagher (au centre), le 20 novembre à l’aéroport international d’Incheon, accueilli par des membres de la Conférence épiscopale coréenne et de la nonciature apostolique en Corée. © Catholic Peace Broadcasting Corporation / UcanewsLe 23/11/2023
Du 20 au 23 novembre, Mgr Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États, s’est rendu à Séoul dans le cadre des célébrations du 60e anniversaire des relations diplomatiques Corée-Vatican. À cette occasion, le prélat britannique de 69 ans a souligné que la Corée, qui était une « terre de mission », est devenue « un lieu de départ pour de nombreux missionnaires ». Selon lui, la collaboration continuera d’affronter « les plus grands défis qui menacent le présent et l’avenir du monde, en particulier en Asie de l’Est ».
Les 60 années de relations diplomatiques entre la Corée du Sud et le Vatican sont un signe d’espoir et de collaboration, pour Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États de la Secrétairerie d’État du Saint-Siège.
Le prélat britannique, âgé de 69 ans, s’est rendu en Corée du Sud du 20 au 23 novembre pour participer à un symposium dans le cadre des célébrations du soixantième anniversaire, selon une information de Vatican News. À cette occasion, il a souligné que le chiffre 60 a une place particulière dans la culture coréenne, parce qu’il évoque « le passage vers un nouveau cycle de vie et une phase de plus grande plénitude ». Il a aussi expliqué que dans la Bible, « ce nombre indique la préparation vers un accomplissement total et exprime l’idée du soutien mutuel et de l’interconnexion ».
Le symposium, organisé sur le thème de l’histoire des relations Corée-Vatican, a eu lieu au Centre éducatif franciscain de Séoul. Après le colloque, Mgr Gallagher a présidé une messe spéciale au musée d’histoire du sanctuaire Seosomun (inauguré en 2019 en l’honneur des Martyrs de Corée, avec un jardin mémorial et un musée d’histoire).
Durant son intervention au colloque, il a rappelé que l’anniversaire coïncide avec la conclusion d’une recherche archivistique et un projet de préservation soutenu par le gouvernement coréen et par les évêques du pays. Le projet concerne des documents conservés par les Archives apostoliques du Vatican, la Bibliothèque apostolique vaticane ainsi que la Représentation pontificale à Séoul.
Le projet de recherche a également permis de dévoiler des documents liés à l’aide apportée par Mgr Roncalli, alors archevêque et futur Jean XXIII, à la délégation coréenne aux Nations unies en 1948, afin de faire reconnaître la Corée comme État légitime par l’Onu.
La Corée du Sud a maintenu ses liens avec le Vatican malgré les bouleversements
Le Saint-Siège a établi le Vicariat apostolique de Chosun en 1831. Il couvrait l’ensemble de la péninsule coréenne, où le catholicisme a commencé à se répandre entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle. Au cours du XIXe siècle, les dirigeants de la dynastie Joseon (1392-1897) ont persécuté les chrétiens qu’ils voyaient comme des complices de puissances étrangères et une menace contre le confucianisme. Au moins 10 000 catholiques sont morts en martyrs à cette époque pour avoir refusé de renier leur foi.
En 1947, le Vatican a nommé Mgr Patrick Byrne comme premier délégué pontifical dans le pays, peu après la fin du régime colonial japonais (1905-1945) et de la Deuxième Guerre mondiale. Le soutien du Saint-Siège a joué un grand rôle dans la reconnaissance internationale du gouvernement sud-coréen comme État légitime lors de la 3e session de l’Assemblée générale de l’Onu, en 1948 à Paris. Mgr Byrne a été tué par les forces nord-coréennes durant la Guerre de Corée (1950-1953), quand les communistes ont envahi le Sud. La guerre a entraîné près de 4 millions de morts et déplacé au moins 10 millions d’habitants avant la signature de l’armistice.
Alors que la Corée du Nord est toujours dirigée par les ultra-maoïstes, la Corée du Sud a subi un régime militaire répressif (1961-1988) avant de revenir à la démocratie. L’Église catholique locale a été saluée pour son rôle pro-démocratie durant le régime militaire. Cependant, malgré les bouleversements politiques, la Corée du Sud a toujours maintenu ses liens avec le Vatican. Le pape Jean-Paul II a visité le pays en 1984 et 1989, et le pape François s’est rendu sur place en 2014. Deux chefs d’État coréens ont également visité le Vatican – le président Kim Dae-jung en 2000 et le président Moon Jae-in en 2018 et 2021.
« Unis par une même tâche : être un signe d’espérance »
Au cours des dernières décennies, l’Évangile s’est fortement enraciné en Corée, avec beaucoup de vitalité selon Mgr Gallagher. La Corée qui était une « terre de mission » est devenue « un lieu de départ pour de nombreux missionnaires ». Il a aussi souligné que la diplomatie de l’Église fournit des ressources face « aux espérances et aux défis de l’avenir ».
Face à ce que le pape François appelle la « troisième guerre mondiale menée par morceaux », un phénomène comprenant la course à l’armement, la menace nucléaire et le terrorisme, « l’Église et les structures diplomatiques sont unies par la même tâche : être un signe d’espérance ». C’est-à-dire un signe que la guerre n’est pas inéluctable mais qu’on peut au contraire la surmonter grâce au dialogue. Mgr Gallagher a ajouté que la collaboration entre le Saint-Siège et la Corée du Sud continuera « à confronter les plus grands défis qui menacent le présent et l’avenir du monde, en particulier dans la région d’Asie de l’Est ».
Avec environ 30 % de chrétiens en Corée du Sud, le christianisme est la première religion organisée dans le pays, suivie par le bouddhisme (15,5 %), selon les chiffres officiels du gouvernement. Près de 56 % de Sud-Coréens se disent sans religion. L’Église catholique en Corée du Sud compte près de 5,6 millions de membres, pour une population d’environ 52 millions d’habitants.
(Avec Ucanews)