Manille : plus de 2 millions de pèlerins pour la procession annuelle du Nazaréen Noir
La statue du Nazaréen Noir dans la basilique mineure de Quiapo, Manille. © jerry.barizo1 / CC BY-NC-SA 2.0Le 09/01/2025
Ce jeudi 9 janvier, plusieurs centaines de milliers de pèlerins philippins parcourent les rues de Manille en espérant approcher la statue multiséculaire du Nazaréen Noir, portée tous les ans en procession dans la capitale des Philippines. La parade religieuse a débuté à l’aube depuis la basilique mineure de Quiapo (où la statue est exposée toute l’année) après une messe en plein air, et doit attirer plus de deux millions de participants venus de tout l’archipel, majoritairement catholique.
Dans la foule, des hommes et des femmes vêtus de couleurs rouge et or – les mêmes que le costume porté par la statue du Christ en bois sombre – s’efforcent d’attraper la corde utilisée afin de tirer chariot portant le Nazaréen Noir, beaucoup espérant un miracle. « Dans le passé, je suis venu en priant pour que ma mère retrouve la santé après un malaise cardiaque », confie Dong Lapira, 54 ans, en ajoutant que lors d’une précédente procession, il a déjà été contusionné et bousculé en tentant justement de toucher cette corde. Mais il a promis d’essayer à nouveau ce 9 janvier – cette fois pour espérer la guérison de sa femme atteinte de calcul biliaire. « Le Nazaréen est très sacré. Il a exaucé beaucoup de prières. »
Ferveur populaire
Certains fidèles jettent fiévreusement des serviettes blanches aux pèlerins chargés de protéger le chariot, en espérant que les bénédictions touchent les tissus, utilisés pour nettoyer la vitre entourant la statue. Un des gardes volontaires, Alvin Olicia, 38 ans, assure qu’il n’est pas affecté par « la chaleur extrême et par la pluie », après avoir déjà vécu plusieurs processions. « Je ne les sens pas du tout. J’aime cette tâche parce qu’en attrapant les mouchoirs qu’on me jette, je me sens lié à la foi des gens envers le Nazaréen. »
Alors que les autorités ont interdit aux pèlerins de grimper sur le chariot, certains ont malgré tout essayé en passant par-dessus d’autres fidèles, en prenant des risques pour s’approcher de la statue. De son côté, Ester Espiritu, 76 ans, qui a parcouru 35 kilomètres depuis sa région de Cavite, espère seulement pouvoir l’apercevoir. « Même si c’est difficile de venir ici à cause de mon âge, je suis heureuse et en paix dès que je vois le Nazaréen », assure-t-elle, en confiant avoir prié pour une douleur de longue date à l’épaule.
Déclaration du président Marcos
La parade religieuse géante commémore l’arrivée de cette statue de bois, originaire de la ville d’Acapulco au Mexique, au début du XVIIe siècle peu après le début de la conquête coloniale espagnole. La statue représente Jésus portant sa croix et s’agenouillant durant la Passion. Sa couleur sombre, qui l’a fait connaître sous le nom du Nazaréen Noir, aurait été causée par un incendie à bord du galion espagnol qui la transportait.
Le président philippin Ferdinand Marcos Jr a évoqué la célébration annuelle comme « un témoignage de la solidarité et de la camaraderie de notre peuple ». « Elle témoigne aussi du pouvoir et de la compassion immenses de Dieu qui marche avec nous et qui entend nos prières, en particulier dans nos détresses », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Selon la police de Manille, près de 14 500 agents ont été déployés le long des six kilomètres du parcours de la procession, par précaution. Les connexions mobiles ont également été bloquées afin de prévenir d’éventuelles détonations d’engins explosifs à distance durant la parade, qui peut durer jusqu’à 18 heures. Des équipes d’intervention d’urgence ont également été positionnées le long du parcours. Selon la Croix Rouge, des premiers soins ont été apportés à plus de cent participants au cours des premières heures de la procession, principalement pour des coupures, des étourdissements, des nausées ou des états de faiblesse.
« Si nous sommes de vrais disciples, écoutons-le »
En célébrant la messe avant l’aube ce jeudi, le cardinal Jose Advincula, archevêque de Manille, a appelé quant à lui à plus d’intériorité et d’authenticité, au-delà de l’aspect matériel et festif de la parade. « Si nous offrons des sacrifices au Seigneur mais que nous restons plus attachés à l’argent, ce que nous espérons vraiment, c’est de l’argent. Si nous sommes pieux mais que nous suivons de mauvais exemples, nous n’espérons pas vraiment de bonnes choses. Si nous faisons un vœu devant le Seigneur mais que nous restons dans nos vices, nous n’espérons pas autre chose », a-t-il confié en appelant à ne pas devenir esclave de l’argent ou des vices, « qui ne mènent qu’à la chute et à la déception ».
Durant son homélie, ce 9 janvier au matin, il a également souligné l’importance de l’obéissance au Christ. « Si nous sommes de vrais disciples, si nous aimons vraiment le Seigneur Jésus Nazaréen, suivons-le », a-t-il ajouté. « Suivons ses commandements. Soyons attachés à ses enseignements au plus profond de notre cœur. Imitons son exemple. » « Tant qu’il y a de l’espoir, il y a de la vie. Nous avons l’espérance, parce que Jésus de Nazareth est toujours vivant, dans nos cœurs, autour de nous et en nous. Vivons l’espérance en Jésus », a-t-il poursuivi.
La procession a débuté vers 4 heures du matin après la messe, célébrée à 1h du matin, en présence de plus de 230 000 pèlerins. La messe a été célébrée très tôt, vers 1 heure du matin, en présence d’environ 143 000 pèlerins dans la tribune Quirino, anciennement connue sous le nom de tribune de l’indépendance, et située au parc Rizal à Manille.
(Avec Ucanews et RVA News)