Malaisie : une jeune anglicane attirée vers le catholicisme par saint Thomas d’Aquin

Le 17/04/2025
Fung Yiyan, une comptable malaisienne de 32 ans basée à Kuala Lumpur, est originaire du Kelantan, une région comptant 96 % de musulmans malais. De parents taoïste et bouddhiste, elle est devenue anglicane en 2003. Ce sont les enseignements de saint Thomas d’Aquin sur la souffrance qui l’ont fait découvrir le catholicisme. Elle sera confirmée durant la vigile pascale où elle recevra le nom de Catherine.
Ce sont les enseignements de saint Thomas d’Aquin sur la souffrance qui ont poussé Fung Yiyan, à étudier et finalement à choisir le catholicisme. Fung Yiyan, une jeune malaisienne de 32 ans, basée à Kuala Lumpur où elle travaille comme comptable, a découvert les enseignements de saint Thomas en effectuant des recherches sur le thème de la souffrance dans le livre de Job, dans le cadre d’un cours de théologie auquel elle s’était inscrite en 2023. « Un jour, je devais rechercher comment les enseignements du livre de Job peuvent aider dans les moments de souffrance », raconte-t-elle. Elle a songé à se mettre à la place de personnes ayant subi des souffrances injustes, comme une mère ayant perdu son enfant unique à la suite d’un crime terrible et déçue par le système judiciaire. « Mais je n’ai rien trouvé de satisfaisant parmi les travaux des penseurs protestants », ajoute-t-elle, en précisant qu’ils n’expliquaient pas pourquoi il fallait persévérer dans la souffrance.
Ses recherches l’ont ensuite conduite vers saint Thomas d’Aquin et les travaux universitaires catholiques. « Pour saint Thomas d’Aquin, ce n’est pas ici, dans cette vie, que se trouvent la justice, la récompense et la consolation ultimes. Mais dans l’au-delà », souligne-t-elle en évoquant l’un des plus grands théologiens et philosophes de l’Église catholique. Elle a ensuite compris qu’elle était non seulement attirée par ses enseignements sur la souffrance, mais aussi par la théologie catholique dans son ensemble.
« J’ai traversé plusieurs périodes de désert spirituel, durant lesquels j’avais l’impression d’être abandonnée par Dieu. C’est une expérience terrible et déroutante », confie-t-elle. Alors qu’elle faisait encore partie de l’Église anglicane, elle se tournait vers la Bible pour trouver des réponses, car dans le protestantisme, les Écritures représentent l’autorité ultime. « J’ai trouvé quelques versets d’espérance et d’encouragement, mais je me sentais toujours perdue », se souvient-elle.
« C’était un tel soulagement de savoir que Dieu n’abandonne jamais personne »
« La sécheresse spirituelle n’est pas souvent évoquée dans le protestantisme. Le Catéchisme de l’Église catholique était le seul endroit où l’on s’attardait sur ce sujet », ajoute-t-elle. Certains saints, comme saint Jean de la Croix, sainte Mère Teresa et sainte Thérèse de Lisieux, ont notamment exprimé dans leurs écrits comment ils avaient fait face à la sécheresse spirituelle.
Pour Fung Yiyan, c’était la preuve qu’elle n’était pas seule. « C’était un tel soulagement de savoir que Dieu n’abandonne jamais personne et que ces accès de sécheresse spirituelle ne sont pas nécessairement dus au fait que je faisais quelque chose de mal, et qu’il est bon de persévérer. »
La théologie catholique donc a commencé à prendre du sens pour elle. La tradition catholique rendait les enseignements de la Bible beaucoup plus pratiques et plus faciles à suivre pour elle. « C’est la raison pour laquelle j’ai pu accepter l’enseignement catholique si facilement », ajoute-t-elle. Au début de l’année dernière, elle a commencé à assister à la messe à l’église Notre-Dame de Fatima de Brickfields, près de chez elle. Après avoir commencé à lire et à mieux comprendre le catholicisme, son intérêt a continué d’augmenter. « J’aime beaucoup la messe. C’est tellement beau, c’est comme le paradis sur terre », déclare-t-elle.
De parents taoïstes et bouddhistes dans une région très majoritairement musulmane
Quelques mois plus tard, en août, elle s’est inscrite au rite d’initiation chrétienne des adultes (RCIA). Elle sera confirmée à Pâques, car elle n’a pas besoin de se faire baptiser, l’Église catholique reconnaissant le baptême anglican. Elle ajoute que l’Église anglicane ne l’a pas empêchée de partir, pas plus que ses parents taoïstes et bouddhistes, qui ne se sont pas opposés à ce qu’elle devienne anglicane en 2003.
La présence chrétienne fait partie de sa vie, bien qu’elle soit originaire du Kelantan, un État situé à l’extrême nord-est de la péninsule malaisienne, dans une région qui compte près de 96 % de musulmans malais. Les catholiques et les protestants y représentent environ 0,4 % de la population, selon les statistiques officielles de 2020. « Tout au long de ma vie, j’ai assisté à des mariages et à d’autres événements sociaux dans les églises du Kelantan. J’étais intéressée par le christianisme, mais je n’ai pas poursuivi dans cette voie parce que je vivais avec mes parents », a-t-elle déclaré.
Fung se souvient qu’elle voulait être une enfant obéissante à l’époque où elle allait à l’école. En grandissant, son intérêt pour la religion s’est estompé. Elle est venue à Kuala Lumpur pour faire des études supérieures, puis a commencé à travailler. « Je suis devenue comme les autres jeunes : la religion était considérée comme démodée, pas cool. » Mais la vie urbaine est stressante et Fung avait du mal à y faire face. Le stress lié au fait de travailler dans l’un des quatre plus grands cabinets comptables au monde a commencé à l’épuiser.
« J’aime cette idée d’unir nos souffrances au Christ, d’être étroitement unis à Dieu »
« C’était un monde très compétitif, un monde de requins. Mais j’étais tellement prise dans l’engrenage », se souvient-elle. Finalement, elle s’est mise à la recherche d’une église, n’importe laquelle, et a trouvé une église anglicane. « Le sermon disait que Dieu ne se souciait pas de nos réussites. J’ai pris cela comme un signe qui me poussait à continuer de fréquenter l’église. »
Elle a trouvé la paix en Dieu, mais le besoin d’une compréhension plus profonde l’a amenée vers l’Église catholique. Fung attend avec impatience la Vigile pascale du 19 avril, au cours de laquelle elle prendra le nom de Catherine lors de sa confirmation. « Saint Catherine de Sienne. J’aime son abandon total à la volonté à Dieu. Elle a un amour dévorant et absolu pour Dieu. J’aime cette idée d’unir nos souffrances au Christ, d’être étroitement unis à Dieu tout le temps. »
Fung est l’une des 11 catéchumènes et candidats au RCIA dans la section anglophone de cette paroisse.
Pour Assunta Januarius, l’une des animatrices du programme RCIA, il est clair que le désir qu’avait Fung de connaître Dieu plus personnellement et intimement n’était pas satisfait dans l’église anglicane. « Son intérêt pour les écrits de saint Thomas d’Aquin lui a permis de trouver cela dans l’Église catholique romaine, ce qui l’a amenée à participer au programme RCIA. »
Assunta, qui exerce ce ministère depuis deux ans, est impressionnée par les questions et réponses enthousiastes de Fung, qui « montrent sa maturité dans la compréhension, l’acceptation et l’engagement envers les enseignements de l’Église catholique romaine ». Fung explique qu’elle est aujourd’hui beaucoup plus heureuse, étant parvenue à orienter sa vie spirituelle « sur un chemin plus ferme et plus réfléchi ». L’un des plus grands défis pour un protestant adoptant les enseignements de l’Église catholique est le rôle de la Vierge Marie. Mais pour Fung, ce n’est pas du tout un problème. « Lorsqu’on comprend qui est Marie et son rôle d’intercesseur, on ne peut que l’aimer », assure-t-elle.
(Avec Ucanews/Vanitha Nadaraj)