Japon

Conclave, les voix qui comptent en Asie (3) : le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, Tokyo, Japon

Le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, ici le 8 octobre 2024 au Vatican. Le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, ici le 8 octobre 2024 au Vatican. © CNS photo/Lola Gomez
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Comme jeune prêtre, le Verbite (congrégation du Verbe Divin) a été missionnaire au Ghana rural. Archevêque de Tokyo depuis 2017, le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi est président de Caritas Internationalis depuis 2023 et secrétaire général de la Fédération pour les conférences épiscopales d’Asie (FABC). À 66 ans, il est à la tête d’une Église confrontée à la solitude et aux contradictions de la grande métropole japonaise. Il y a quelques mois, il avait souligné : « Même l’Europe aujourd’hui devient une périphérie ».

Le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, une métropole de plus de 30 millions de résidents, a débuté son ministère sacerdotal comme missionnaire dans un village d’Afrique. Le prélat, qui a aujourd’hui 66 ans, rejoint les cardinaux électeurs au conclave seulement cinq mois après avoir reçu la barrette cardinalice lors du dernier consistoire, présidé par le pape François le 7 décembre 2024.

Au cours des deux dernières années, il a présidé Caritas Internationalis, choisi de manière quelque peu surprenante lors de l’assemblée de 2023 par les délégués de la confédération de 162 organisations catholiques caritatives – qui ont choisi ce prélat issu de la petite Église japonaise comme leur président à un moment délicat de l’histoire de l’organisation.

Né à Iwate le 1er novembre 1958, Mgr Kikuchi est un missionnaire de la congrégation du Verbe Divin (Verbites). Ordonné prêtre en 1986, il a mené ses premières années de ministère au Ghana, en Afrique, où il a servi comme curé de paroisse dans la mission d’une région rurale durant huit ans. En Afrique, il a commencé à travailler avec Caritas durant les années 1990 comme volontaire au camp de réfugiés de Bukavu, dans ce qui était alors le Zaïre (territoire de l’actuelle République démocratique du Congo).

Il coordonne les actions de Caritas après la triple catastrophe de 2011

De retour dans son pays, il a servi comme directeur général de Caritas Japon de 1994 à 2004. Nommé par Benoît XVI comme évêque de Niigata, il a été président de Caritas Japon de 2007 à 2022, et en tant que tel, il a coordonné les actions menées par l’organisation catholique en réponse à la triple catastrophe du 11 mars 2011 – quand un séisme dévastateur a déclenché un tsunami et l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, semant la mort, la destruction et la panique dans une large région du pays.

Le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, 66 ans, président de Caritas Internationalis depuis 2023 et créé cardinal en décembre 2024.
Le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, 66 ans, président de Caritas Internationalis depuis 2023 et créé cardinal en décembre 2024.
© Asianews

En 2017, le pape François l’a choisi pour diriger l’archidiocèse de Tokyo. Son siège épiscopal est dans la cathédrale Sainte-Marie de la capitale japonaise, un édifice moderne conçu par Kenzo Tange et construit sur les ruines laissées par les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale (l’ancienne cathédrale a été totalement détruite en 1945 par les bombardements américains sur Tokyo). Ce n’est pas une coïncidence si la paix est un thème central de son magistère.

En évoquant les services fournis par Caritas Internationalis à travers le monde, le cardinal Kikuchi a confié que si Caritas doit être « une agence professionnelle d’aide humanitaire internationale, elle doit en même temps proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus par ses actions ». « Elle doit susciter l’espérance et non la déception. Elle doit être un moyen d’atteindre l’unité et non la disparité. Elle doit promouvoir une Église synodale qui inclut tout le monde. Personne ne doit être exclu et personne ne doit être oublié. »

« Beaucoup de pays d’Asie et d’Afrique envoient des missionnaires dans le monde »

Dans cette perspective, au milieu de la solitude et de l’hiver démographique qui affligent la grande métropole japonaise, le cardinal reprend régulièrement la question de la protection de la vie et de la dignité de chaque personne. « La vie, un don du Père dans sa miséricorde et son amour, doit être protégée de son début à sa fin, sans exception », avait-il ainsi confié le 20 avril dans son homélie pour le dimanche de Pâques.

Le cardinal Kikuchi est un prélat qui est aussi très actif dans le monde numérique. Il aime partager des photos sur les réseaux sociaux. Récemment, il a même raconté de manière très personnelle son expérience des hommages rendus au pape François et de la vie actuelle des cardinaux marquée par les célébrations et les congrégations générales avant le conclave.

À la question qui lui avait été posée durant le synode sur la nomination de tant de cardinaux issus des périphéries du monde entier, il avait donné une réponse intéressante dans la perspective du conclave. « La mission d’aujourd’hui est comme un échange de dons entre les Églises, entre celles qui ont et celles qui n’ont pas. Avant, c’était de l’Occident vers l’Orient, mais aujourd’hui, beaucoup de pays d’Asie et d’Afrique envoient des missionnaires dans le monde. Le concept même de périphérie est changeant, et même l’Europe aujourd’hui devient une périphérie. »

(Avec Asianews)

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