Au Japon, les catholiques prévoient une nouvelle route de pèlerinage en l’honneur des « chrétiens cachés »
Une Vierge sous une apparence bouddhiste (des statuettes appelées « Maria Kannon » par les Kakure Kirishitan ou « chrétiens cachés »), dans un arbre au Japon.
© Brian Adler / Flickr
Le 12/11/2025
L’Église japonaise projette de créer un nouveau chemin de pèlerinage dans le sud du pays, en l’honneur des « chrétiens cachés » ou « Kakure Kirishitan », entrés dans la clandestinité au XVIIe siècle à cause de l’interdiction du christianisme et des persécutions. Le nouvel itinéraire s’inscrit dans l’esprit du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle et sera appelé « La Voie de l’Évangile ». Le chemin de pèlerinage reliera Kagoshima et Nagasaki, en passant par des sites associés aux premiers missionnaires.
L’Église catholique au Japon, en collaboration avec des groupes religieux européens, s’apprête à créer un nouvel itinéraire de pèlerinage dans le sud du Japon, afin d’honorer les premiers missionnaires chrétiens et les « chrétiens cachés » qui ont préservé leur foi malgré des siècles de persécution.
L’itinéraire prévu, appelé « La Voie de l’Évangile », est destiné à devenir un chemin de pèlerinage semblable au célèbre Camino de Santiago (dont les différentes voies, notamment depuis la France, mènent jusqu’au sanctuaire dédié à l’apôtre saint Jacques, à Compostelle en Espagne).
L’idée a germé après la visite au Japon, en septembre dernier, d’une délégation de l’archidiocèse italien de Lucques, comme l’indique l’agence Fides. Le projet est développé en collaboration avec la Confrérie de Saint-Jacques-de-Compostelle de Pérouse (Italie), les préfectures japonaises de Kagoshima, Kumamoto et Nagasaki, leurs municipalités et les diocèses de Kagoshima, Nagasaki et Fukuoka.
Les autorités locales de Kumamoto et Nagasaki, ainsi que le maire d’Amakusa et différentes institutions publiques et privées, ont accueilli favorablement cette initiative. Le chemin de pèlerinage reliera Kagoshima et Nagasaki, en passant par des sites associés aux premiers missionnaires, notamment saint François Xavier, Luis de Almeida et Alessandro Valignano.
Les « sites chrétiens cachés » reconnus par l’Unesco en 2018
Le projet est destiné à promouvoir la réflexion sur l’héritage chrétien du Japon et à mettre en valeur la beauté culturelle et naturelle de la région. L’itinéraire comprendra également les « sites chrétiens cachés de la région de Nagasaki », inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco en 2018 pour leur valeur historique mondiale. Cette reconnaissance a depuis inspiré de multiples initiatives culturelles et religieuses au Japon et à l’étranger.
Lors de son voyage au Japon en 2019, le pape François a rendu hommage aux chrétiens cachés de Nagasaki. En novembre 2024 à Rome, il a également rencontré les membres de l’Association japonaise de recherche sur les chrétiens cachés. Si certains chercheurs suggèrent que le christianisme nestorien aurait pu atteindre le Japon dès le VIe siècle, des preuves documentées montrent que la foi catholique a été introduite par des commerçants portugais dans le pays en 1543.
L’arrivée de saint François Xavier en 1549 a encore renforcé l’activité missionnaire, en favorisant une période de croissance, jusqu’à l’interdiction du christianisme en 1620 et l’expulsion des missionnaires. Les persécutions ont contraint de nombreux croyants à pratiquer leur foi en secret, ce qui leur a valu le surnom de Kakure Kirishitan (« chrétiens cachés »).
L’interdiction du christianisme a été partiellement levée en 1853, et la liberté religieuse totale a été rétablie en 1873 sous la pression occidentale, mettant fin à plus de deux siècles de répression.
(Avec Ucanews)