L’appel à la conversion écologique du cardinal David, président des évêques philippins
Le cardinal David, le 11 novembre lors d’une table ronde organisée par Caritas en marge de la COP 30 qui prend fin ce 21 novembre au Brésil.
© Caritas / Vatican News
Le 21/11/2025
En marge de la COP 30 (Conférence de Belèm de 2025 sur les changements climatiques), organisée au Brésil depuis le 10 novembre et qui prend fin ce vendredi, le cardinal Pablo Virgilio David, 65 ans, évêque de Kalookan et président de la Conférence épiscopale philippine, a lancé un « appel à la conversion ». « Il n’est jamais trop tard », a-t-il interpellé en rappelant que son pays fait partie des plus exposés au monde aux effets des changements climatiques – avec des typhons de plus en plus nombreux et dévastateurs.
Parmi les personnalités catholiques qui ont suivi de près la COP 30 (Conférence 2025 sur les changements climatiques), qui se termine ce vendredi 21 novembre à Belèm (Brésil), le cardinal philippin Pablo Virgilio David s’est fait l’écho de la situation alarmante des Philippines, qui ont fait l’actualité ces derniers mois avec une série de typhons dévastateurs.
« Je ne suis pas là pour pointer du doigt. Je suis là pour dire : s’il vous plaît, pour l’amour de Dieu, rassemblons-nous et faisons ensemble un examen de conscience », a-t-il demandé lors d’une table ronde organisée la semaine dernière à Belèm par Caritas Internationalis, selon Vatican News.
Pour l’évêque de Kalookan, créé cardinal en décembre 2024, sa participation à la COP 30 était révélatrice : « C’est presque comme une pentecôte. Nous venons de divers pays du monde entier. Je n’avais pas pris conscience qu’autant de gens prenaient la COP 30 aussi sérieusement. Cela m’a convaincu qu’il y a des gens qui se préoccupent vraiment de notre maison commune. »
« Les typhons deviennent plus puissants, plus dévastateurs »
« J’ai rencontré un homme du pavillon océanographique. Il m’a demandé si je venais des Philippines, je lui ai dit que oui, et il m’a répondu ‘alors vous faites partie de premières victimes des changements climatiques’ », a-t-il ajouté. L’homme lui a expliqué comment la hausse d’un degré de la température de l’Océan Pacifique risquerait de détruire les récifs de corail, y compris ceux des Philippines.
« Beaucoup d’étrangers viennent sur nos plages et voient du sable blanc. Mais ils ne se rendent pas compte qu’ils marchent sur les vestiges de coraux morts, blanchis par le réchauffement climatique. Cela a l’air joli, mais ils marchent malgré tout sur quelque chose qui est mort », a-t-il poursuivi, en rappelant que son pays continue de subir chaque année de multiples événements climatiques extrêmes.

Il a notamment évoqué un séisme massif qui a frappé récemment la partie nord de l’île de Cebu, suivi quelques jours plus tard d’un puissant typhon qui a suivi la même trajectoire. Il a également raconté comment la famille de son cousin avait dû être secourue après s’être retrouvée bloquée sur leur toit de nuit à cause des inondations. « Les typhons deviennent plus puissants, plus dévastateurs, avec beaucoup plus de pluies, qui sont lâchées en seulement quelques heures en semant le chaos. »
« Aux Philippines, nous sommes doublement victimes »
Cependant, a-t-il ajouté, les catastrophes naturelles sont aggravées par la négligence humaine. Selon lui, la plus grande partie des inondations récentes aux Philippines est due à des systèmes de contrôle des inondations inadaptés. En particulier à cause de « projets fantômes » lancés sans études de viabilité et liés à un scandale de corruption de plus d’un milliard de dollars (et qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête).
« Nous sommes doublement victimes – de la crise climatique et d’une mauvaise gouvernance, ne sachant comment réagir », en soulignant que les fonds détournés par ce scandale auraient pu être investis dans l’éducation, la santé ou le développement.
Le cardinal a également expliqué qu’avant de partir pour la COP 30, il a rencontré les évêques de la région de Mindanao-Sulu, qui ont suggéré de taxer les extractions minières afin de dédommager les communautés locales : « L’idée serait de taxer non seulement la pollution mais aussi l’extraction. Cet argent pourrait être utilisé pour régénérer les forêts, les récifs de corail et les écosystèmes. »
Une proposition qui correspond à l’idée que « les gens les moins responsables du réchauffement climatique sont ceux qui en souffrent le plus ». « Si nous nous écoutons vraiment les uns les autres, et que nous écoutons le cri de la terre, il y a toujours de l’espoir », a-t-il insisté, en ajoutant que les quatre éléments de la réconciliation selon la tradition catholique – confession, contrition, pénitence et pardon – peuvent aussi s’appliquer à la relation de l’humanité avec l’environnement.
Sources : Ucanews, Asianews, Vatican News