Sri Lanka

Inondations dramatiques au Sri Lanka

Inondations au Sri Lanka après le passage du cyclone Ditwah. © Courtesy of Sri Lanka Air Force
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En pleine mousson, des pluies torrentielles ont frappé l’Indonésie, la Malaisie, le Sri Lanka et la Thaïlande. Exacerbées par le cyclone Ditwah et la tempête tropicale Senyar, elles ont provoqué dès la semaine dernière des crues soudaines, des inondations et des glissements de terrain. Au moins 1300 personnes ont péri dans la région, et des millions sont affectées par les inondations. Le Sri Lanka est l’un des pays les plus touchés, subissant les ravages les plus importants depuis le tsunami de décembre 2004. Alors que secouristes et militaires s’efforcent de dégager les routes et d’acheminer de l’aide à plus d’un demi-million de Sri-Lankais, l’île déplore 355 morts et 366 disparus, selon un bilan provisoire. Le président sri-lankais, Anura Kumara Dissanayake, a déclaré l’état d’urgence face à la catastrophe, qualifiée de « la plus difficile de notre histoire ».

Des eaux jaunâtres et boueuses ont envahi les champs, les rues, les villages et les villes. Par petites grappes, des habitants avancent dans l’eau, portant quelques biens essentiels et cherchant à gagner des abris, souvent guidés ou soutenus par des secouristes. Reprises sur les chaînes télévisées et dans la presse, ces images de la tragédie qui se déroule au Sri Lanka témoignent de l’ampleur des dégâts pour une population brutalement exposée aux effets du changement climatique, qui bouleverse les régimes de tempêtes et intensifie les précipitations.

Les inondations ont touché l’ensemble du Sri Lanka, des zones côtières aux régions montagneuses, provoquant des engorgements d’eau, notamment autour de la capitale, et des glissements de terrain dans les hauteurs. Des quartiers urbains sont inondés ou partiellement submergés, et des routes ainsi que des ponts ont été endommagés. Selon les autorités, environ un tiers de la population est toujours privé d’électricité et d’eau courante, et les communications restent perturbées dans certaines zones. Plus de 20 000 logements ont été détruits, et les écoles sont fermées à travers tout le pays. « Même si le cyclone s’est retiré, de fortes pluies en amont inondent désormais les zones de faible altitude le long des rives du fleuve Kelani », a commenté un responsable du Disaster Management Centre (DMC) à Colombo, cité par la presse internationale.

Alors que les secours s’organisent, l’île reste sous le choc. Au moins 335 personnes ont été tuées et 366 autres sont portées disparues, selon le dernier bilan communiqué par Colombo, qui pourrait s’alourdir dans les jours à venir. Le plus grand nombre de décès a été signalé à Kandy et Badulla, où des hameaux sont toujours isolés. Le bureau de coordination humanitaire des Nations unies (OCHA) estime qu’environ 998 918 personnes sont affectées, avec plus de 51 000 familles réfugiées dans 1 094 centres, tandis que des milliers d’autres sont hébergées chez des proches. Le gouvernement a mobilisé des hélicoptères militaires pour atteindre les personnes prises au piège par les eaux et les glissements de terrain. L’un des appareils, qui transportait des vivres destinés à des patients isolés, s’est écrasé dimanche soir près d’un hôpital au nord de Colombo.

L’ampleur des destructions massives et des populations déplacées dépasse largement les capacités d’assistance du Sri Lanka. Dès le 29 novembre, le président Anura Kumara Dissanayake a déclaré l’état d’urgence afin d’être en mesure de gérer la crise. Il a qualifié cette situation de « catastrophe naturelle la plus difficile » de l’histoire du pays, et souligné que les destructions étaient si importantes que les estimations pour la reconstruction étaient vertigineuses. Il a lancé un appel à l’aide internationale pour porter secours aux milliers de déplacés. Des forces de l’armée, de la marine, de l’aviation et des secours civils ont été déployées pour les opérations de sauvetage et d’évacuation. L’aide d’urgence est en cours, mais l’acheminement des secours reste complexe dans les localités isolées.

Plusieurs pays se sont mobilisés pour soutenir le Sri Lanka, apportant financements, fournitures de première nécessité et assistance logistique. La Chine, très influente dans l’île, a versé un don financier de 100 000 USD via la Croix-Rouge, et une assistance bilatérale est en cours ainsi que des collectes pour les régions les plus touchées. Son grand rival régional, l’Inde, a lancé pour sa part l’opération Sagar Bandhu pour venir en aide au Sri Lanka. Deux avions de l’Indian Air Force ont livré à Colombo environ 21 tonnes de matériel d’urgence — vivres, tentes, couvertures et kits d’hygiène. Des navires de la marine indienne ont acheminé des secours par mer, tandis que des équipes de secouristes ont été déployées pour évacuer les personnes menacées et acheminer l’aide dans les zones difficiles d’accès.

A Colombo, la Conférence des évêques du Sri Lanka a également réagi en appelant les catholiques à « apporter leur aide de toutes les manières possibles ». Le Cardinal Malcolm Ranjith a lancé un appel aux catholiques du pays « pour aider les familles et personnes touchées par la catastrophe ». Il a invité « les prêtres et associations au sein des paroisses » à considérer les sinistrés comme leurs frères et sœurs et à leur « tendre la main ». Sur le terrain, les catholiques participent ainsi aux secours. Les églises ont ouvert leurs portes à travers le pays pour accueillir les déplacés et les sans-abri. Caritas Sri Lanka a lancé un plan d’urgence pour distribuer de l’eau, de la nourriture et d’autres fournitures à des milliers de personnes. L’organisation intervient actuellement dans treize districts touchés par les inondations. « Nous avons activé notre mission en coordination avec les autorités gouvernementales », a déclaré au site AsiaNews le père George Sigamoney, directeur national de Caritas. Dans le diocèse de Ratnapura, le père Anton Sriyan, responsable local de Caritas, a souligné que l’aide était apportée « non seulement aux catholiques, mais aussi aux bouddhistes, hindous et musulmans ».

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