Mgr Nouane Asa, vicaire apostolique de Paksé : « Nous pouvons reconstruire et donner une nouvelle vie à l’Église »
Mgr Nouane lors de son passage en France en septembre 2023, avec des membres de la diaspora laotienne. © MEPLe 26/09/2023
[Rencontre] Mgr Andrew Souksavath Nouane Asa, vicaire apostolique de Paksé, une ville du sud du Laos située au confluent du fleuve Mékong et de la rivière Xe Don, était de passage à Paris ces derniers jours après un temps de formation à Rome, afin de saluer les Missions Étrangères de Paris et de rencontrer les membres des communautés catholiques laotiennes vivant en France. Âgé de 51 ans, ordonné évêque il y a un an le jour de l’Assomption, il est également le secrétaire général de la Conférence des évêques du Laos et du Cambodge.
Mgr Andrew Souksavath Nouane Asa, 51 ans, est le deuxième évêque autochtone du vicariat de Paksé après le cardinal Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun (aujourd’hui vicaire apostolique de Vientiane, la capitale). Il a été a été ordonné le 15 août 2022 dans l’église Saint-Joseph du village de Kamphaeng, à 30 km au nord de Paksé, rejoignant ainsi la Conférence des évêques du Laos et du Cambodge (CELAC), dont il est le secrétaire général depuis 2019.
Avant son ordination, l’évêque de Paksé a enseigné au grand séminaire Saint-Jean-Marie-Vianney (dans la province de Savannakhet) tout étant chargé d’une dizaine de stations missionnaires sur le plateau des Bolovens (au sud du Laos). Il a également été responsable de la pastorale des jeunes de Paksé. Aujourd’hui, le vicariat de Paksé, qui compte 46 paroisses et stations missionnaires pour environ 1,37 million d’habitants, couvre les provinces de Champassak, Saravan, Xeguang et Attapu.
Mgr Nouane, vous êtes devenu évêque l’an dernier dans le vicariat de Paksé. Pouvez-vous dire quelques mots sur votre diocèse ?
Dans le vicariat de Paksé, dans le sud du Laos, nous avons une dizaine de prêtres diocésains, sans compter les prêtres missionnaires. Nous avons aussi un certain nombre de séminaristes. Il y a en tout 22 000 catholiques dans le diocèse. C’est très petit. Les gens vivent en harmonie, entre bouddhistes et catholiques. Il y a des activités interreligieuses dans certains villages, notamment durant les festivals, et il y a de l’entraide.
Il n’y a pas beaucoup de villages où tous les habitants sont catholiques, donc nous vivons avec les autres communautés, avec nos voisins bouddhistes. Sur le plan interreligieux, il n’y a pas beaucoup d’événements, mais il y a certaines occasions comme les ordinations sacerdotales, durant lesquelles nous invitons les autres communautés à se joindre aux célébrations. Nous participons aussi aux grandes fêtes dans les villages. Donc ça fonctionne plutôt bien.
On entend malgré tout parler de tensions voire de persécutions contre les minorités chrétiennes dans certaines régions du pays. Quelles sont les difficultés à Paksé ?
Il y a toujours quelques villages où nous ne pouvons pas aller. Certains sont très reculés, et nous n’avons pas forcément le temps d’y rester longtemps. La situation s’est améliorée ces dernières années, parce que sur le plan constitutionnel, le gouvernement nous reconnaît parmi les religions officielles, avec le bouddhisme. Dans le sud, en tout cas, la situation est bonne. Nous essayons de mettre l’accent sur la lutte contre pauvreté.
Quelles sont vos priorités comme nouvel évêque de Paksé ?
Ce que j’espère en tant que nouvel évêque, c’est notamment de continuer ce qu’ont fait les pères MEP au service de la catéchèse, de la formation des fidèles. Nous mettons aussi l’accent sur l’éducation des enfants qui ont quitté l’école, qui sont en décrochage scolaire. Nous organisons des activités pour eux, pour les aider à apprendre à lire et à écrire. Troisièmement, nous essayons aussi d’améliorer nos services sociaux, comme par exemple avec des camps d’été, durant les vacances. Aujourd’hui, nous avons un certain nombre de prêtres, contrairement à autrefois. Il y a plus de vocations, donc cela donne de l’espoir.
L’Église laotienne est une jeune Église ? À quand remonte l’évangélisation du pays ?
Cela fait déjà presque 140 ans qu’il y a des catholiques au Laos, mais pour nous à Paksé, nous sommes très jeunes, parce que le vicariat est le dernier à avoir été créé, il y a soixante ans. Nous avons traversé à la fois des difficultés et des belles choses dans notre histoire. Nous avons vécu des temps durs dans le passé, mais aujourd’hui, nous avançons, il y a vraiment une page qui se tourne. C’est difficile de construire une nouvelle vie, de donner un nouvel élan dans l’Église locale. C’est ce que nous essayons de faire, en particulier pour les jeunes. Nous poursuivons notre travail missionnaire, en évangélisant, en visitant les communautés.
Quel est votre rôle en tant que secrétaire général de la Conférence des évêques du Laos et du Cambodge ?
Nous nous rencontrons régulièrement, une à deux fois par an, pour partager nos difficultés, nos succès et ce que nous vivons. Au Cambodge, ils ont redonné vie à la communauté après le retour des missionnaires, et l’Église a pris un nouvel essor. Pour notre part, nous essayons d’en prendre le chemin. Nous travaillons avec les évêques du Cambodge qui nous partagent leurs réussites et leurs expériences ; donc nous essayons d’apprendre d’eux, parce qu’ils sont proches de nous, de ce que nous avons vécu.
Comme eux, nous pouvons reconstruire et donner une nouvelle vie à l’Église, et continuer notre travail. Priez pour nous, alors que nous essayons de développer la structure des évêques du Laos, parce qu’il y a encore un ou deux sièges épiscopaux manquants, un à Vientiane et un à Luang Prabang. Le cardinal Ling est âgé, et il devrait renoncer à sa charge d’ici un ou deux ans. Il a presque 80 ans.
Vous êtes de passage en Europe pour quelques jours ?
Oui, nous sommes venus à Rome avec les nouveaux évêques pour suivre une formation durant une douzaine de jours. Après cela, je suis venu ici à Paris pour remercier les Missions Étrangères de Paris, le supérieur général et la communauté qui continuent de nous soutenir. Je suis aussi venu rendre visite aux communautés catholiques laotiennes qui sont ici en France, durant quelques jours avant de rentrer au Laos.
J’aimerais remercier tous ceux qui pensent à nous et qui prient pour nous. Nous formons une grande Église et nous avons beaucoup de frères et sœurs qui nous soutiennent, qui tiennent à nous et qui nous accompagnent dans la prière. C’est aussi ce que j’ai dit au père Vincent Sénéchal [ndlr : supérieur général des MEP], que je voudrais remercier les MEP pour leur travail.
(Propos recueillis par Églises d’Asie)