Bangladesh

En 2023, les violences contre les minorités religieuses bangladaises ont causé la mort d’au moins 45 personnes

Des chrétiens bangladais participent à une célébration pascale dans le centre de Dacca en 2018. Des chrétiens bangladais participent à une célébration pascale dans le centre de Dacca en 2018. © Piyas Biswas / Ucanews
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Le 9 juillet, le Conseil pour l’unité hindoue, bouddhiste et chrétienne du Bangladesh a présenté un rapport sur les attaques contre les minorités religieuses et ethniques dans le pays en 2023. L’an dernier, le groupe a enregistré au moins 1 045 cas de violence, de torture et d’oppression, selon le secrétaire général du groupe, Rana Dasgupta, un avocat basé à Dacca. « Les persécutions contre les minorités ne diminueront que si le gouvernement respecte ses engagements », a signalé Nirmol Rozario, catholique et président du conseil.

Près de 1 045 affaires de violence, de torture et d’oppression contre les minorités religieuses et ethniques ont eu lieu au Bangladesh au cours de l’année dernière, causant la mort d’au moins 45 personnes, selon le Conseil pour l’unité hindoue, bouddhiste et chrétienne du Bangladesh (BHBCUC). Ces constats sur les violences et les persécutions à l’encontre des minorités religieuses et ethniques dans le pays d’Asie du Sud sont basés sur des informations publiées par les médias entre juillet 2023 et juin 2024.

C’est ce qu’a expliqué le secrétaire général du groupe, Rana Dasgupta, un avocat, lors d’une conférence de presse organisée ce mardi 9 juillet au Club national de la presse à Dacca, en présence de responsables hindous, bouddhistes et chrétiens. Le rapport du conseil interreligieux bangladais note que 70 à 75 % des violences contre les minorités dans le pays concernent des expropriations territoriales, souvent sous l’influence de partis politiques et avec la complicité d’agences gouvernementales.

Durant la conférence de presse, Rana Dasgupta a souligné que ces affaires s’inscrivent souvent dans des situations de violences organisées. « Une étude comparative des violences communautaires au cours des dernières années montre que l’incidence des violences n’a pas beaucoup évolué, et cela continue aujourd’hui », a assuré Rana Dasgupta. « À l’époque des élections de 1970, les groupes minoritaires représentaient environ 19 % de la population. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 8,6 %. L’espace permettant une libre pratique religieuse a été sérieusement réduit. Les évènements religieux sont organisés sous protection policière. »

Le parti au pouvoir s’est engagé à créer une commission spéciale

En plus des 45 décès enregistrés l’an dernier, le rapport du conseil évoque 10 tentatives de meurtres et 36 menaces de mort. Un total de 479 personnes ont été attaquées, abusées physiquement ou blessées. Près de 11 personnes ont été victimes d’extorsion. Il y a eu 102 attaques, actes de vandalisme et pillages impliquant des maisons et des commerces, ainsi que 7 affaires d’empiétement sur des terres et des propriétés, et 11 cas de menaces ou de tentatives d’émigration forcée.

On compte aussi 25 affaires de viols collectifs, ainsi que 12 personnes enlevées, portées disparues ou forcées de se convertir. Huit personnes ont également été arrêtées à la suite de fausses accusations de blasphème. Les dernières élections parlementaires nationales ont aussi entraîné 32 cas de violences communautaires, tandis que les élections locales ont rapporté cinq incidents similaires.

Durant la conférence de presse, Rana Dasgupta a signalé avec inquiétude l’influence grandissante de groupes extrémistes dans tous les domaines, y compris au sein du gouvernement, du monde politique et de la société bangladaise, ce qui renforce le sentiment d’insécurité et la méfiance des communautaires minoritaires, jusqu’à forcer certains de leurs membres à quitter le pays.

Nirmol Rozario, catholique et président du Conseil pour l’unité hindoue, bouddhiste et chrétienne du Bangladesh, a appelé la Ligue Awami (le parti de la présidente bangladaise Sheikh Hasina) à appliquer les promesses qu’elle a faites durant sa campagne électorale, y compris avec la création d’une commission nationale pour les minorités. Cette commission serait chargée de prévenir les persécutions contre les minorités et d’élaborer une loi qui permettrait d’accorder à ces derniers une protection spéciale.

« Les persécutions contre les minorités religieuses ne diminueront au Bangladesh que si le gouvernement respecte ses engagements envers les minorités », a signalé Nirmol Rozario. De son côté, Rana Dasgupta a lui aussi souligné la nécessité de créer une commission nationale afin d’empêcher les persécutions persistantes contre les minorités, comme l’avait promis la Ligue Awami dans son manifeste électoral.

(Avec Asianews)