Mgr Gallagher aux Philippines : « La crise dans l’Église et dans la société commence avec la crise dans la famille »
Une bannière contre le divorce devant la basilique mineure du Nazaréen Noir de Quiapo, Manille. © Mark Demayo / ABS-CBN NewsLe 13/07/2024
Du 1er au 5 juillet, Mgr Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, s’est rendu aux Philippines où il a participé à l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale, entre autres rencontres officielles. Durant cette visite, il a notamment évoqué la loi sur le divorce débattue actuellement par le gouvernement. Selon un prêtre philippin, le père Elias, si le divorce « peut apporter le soulagement à certains couples en difficulté », il cause indéniablement « la souffrance des jeunes, considérés par le Saint-Père comme le présent et l’avenir de l’Église ».
Cette semaine, Mgr Paul Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, s’est rendu aux Philippines du 1er au 5 juillet où il a rencontré le président Marcos Jr et le secrétaire aux Affaires étrangères M. Manolo. Il a également participé à l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale à l’occasion de cette première visite officielle d’un secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège, en 72 ans de relations diplomatiques entre les Philippines et le Saint-Siège.
Lors d’une conférence de presse, Mgr Gallagher a encouragé les catholiques philippins, en particulier ceux qui sont engagés en politique dans le pays, à « écouter leurs pasteurs » concernant la dernière proposition de loi sur le divorce (Absolute Divorce bill) qui est passée par la chambre basse du gouvernement en mai dernier. Le 22 mai, cette loi a été votée par la Chambre des représentants avec 131 voix pour, 109 voix contre et 20 abstentions.
Selon CBCP News, le site d’information officiel de la Conférence épiscopale philippine (CBCP), Mgr Gallagher a déclaré que les enseignements de l’Église catholique sur le mariage sont « très clairs et très bien connus », et que la CBCP et les évêques particuliers de chaque diocèse devaient être des pasteurs qui offrent aux couples et aux familles « la meilleure approche » afin de dépasser les problèmes conjugaux et les ruptures de mariages. « Et au niveau pastoral, cette question dépend de la Conférence des évêques aux Philippines et des évêques particuliers », a-t-il ajouté. « Je présume, puisque c’est une question importante, qu’ils en parleront. Donc nous [le Saint-Siège] attendons d’écouter les évêques sur ce point, qui est principalement de leur ressort. »
Les Philippines et le Vatican, seuls États au monde où il n’y a aucune loi sur le divorce
Depuis mai, les évêques et prêtres philippins ont été actifs sur cette question, en réagissant à plusieurs points vus comme des « causes » de divorce comme la violence, l’addiction à la drogue et l’alcoolisme. Dans une interview avec le Manila Times, le père Jérôme Secillano, porte-parole de la CBCP et ancien juge de la Cour suprême, a expliqué que la position officielle des évêques philippins est « de s’opposer à la loi sur le divorce dans le pays ».
Concernant les causes pouvant mener à des ruptures de mariage, il a aussi souligné qu’il avait encore beaucoup à faire du côté des législateurs afin de protéger la population. « S’il y a des violences physiques au sein du mariage, alors des lois doivent être proposées afin d’éviter que cela arrive. Nous avons déjà ces lois, mais il faut les appliquer davantage. Les législateurs essaient d’inventer d’autres solutions face à ces relations abusives, mais le divorce n’est pas une solution. Cela ne fera que perpétuer les cycles de violences. »
De son côté, dans un éditorial sur la loi sur le divorce, le père Elias L. Ayuban Jr. a écrit que chaque famille avait ses « failles et ses problèmes sur lesquelles il faut travailler », et qu’il fallait faire davantage pour préparer et accompagner les couples avant et durant le mariage, pour l’avenir de l’Église. « La crise dans l’Église et dans la société commence avec la crise dans la famille, et elle est causée par une confluence de différents facteurs, notamment bien sûr la rupture du mariage », a-t-il ajouté.
« Légaliser le mariage ne permettra pas de réduire nos problèmes en tant qu’Église et en tant que nation. Cela ne fera que les augmenter. Cela peut effectivement apporter le soulagement à certains couples en difficulté, mais cela causera aussi indéniablement la souffrance des jeunes, que le Saint-Père appelle ‘le présent et l’avenir de l’Église », a poursuivi le père Elias.
La loi proposée en mai doit encore être débattue par le Sénat philippin, et elle doit obtenir la majorité des voix pour être votée officiellement. Seuls six sénateurs sur 24 ont soutenu publiquement la dernière version de la loi, mais elle semble gagner davantage de soutiens. Actuellement, les Philippines et le Vatican sont les deux seuls États au monde où il n’y a aucune loi sur le divorce.
(Avec Kristina Millare / Catholic News Agency)