Chine

L’Église et la République populaire de Chine : un double anniversaire célébré le 1er octobre à Ordos

L’église Saint-François-Xavier d’Ordos, dans le district de Chengchuan de la ville d’Ordos (Mongolie intérieure), a fêté ses 150 ans le même jour que la fête nationale chinoise, le 1er octobre. L’église Saint-François-Xavier d’Ordos, dans le district de Chengchuan de la ville d’Ordos (Mongolie intérieure), a fêté ses 150 ans le même jour que la fête nationale chinoise, le 1er octobre. © Asianews
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À l’occasion de la fête nationale chinoise, célébrée le 1er octobre pour le 75e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, le diocèse d’Ordos, en Mongolie intérieure, a choisi de célébrer également le 150e anniversaire de sa première église, Saint-François-Xavier, construite par des missionnaires au XIXe siècle. Une initiative qui représente pour certains une manière intéressante de vivre les appels à être « de bons chrétiens et de bons citoyens » lancés par le pape François aux catholiques chinois.

Le 1er octobre vient de débuter la « semaine d’or » de la fête nationale chinoise, qui célèbre cette année le 75e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine. Des « semaines d’or », semaines de congés annuels, sont accordées en Chine pour plusieurs grandes occasions, dont le Nouvel An chinois. Cette semaine comme tous les ans, de nombreuses communautés catholiques chinoises subissent la pression des autorités locales qui leur impose de vivre cet anniversaire dans « un esprit patriotique ».

À cette occasion, les sites internet catholiques officiels mettent en avant les évènements organisés par les diocèses chinois à l’occasion de « l’anniversaire de la mère patrie », avec des recommandations inévitables faites aux catholiques. C’est ainsi que l’évêque de Shanghai, Mgr Joseph Shen Bin, a demandé à ses fidèles de « porter la belle tradition de patriotisme et d’amour pour l’Église, en étudiant avec attention l’esprit de la Troisième session plénière du 20e Comité central du Parti communiste de Chine ». Cette session a eu lieu du 15 au 18 juillet dernier à Pékin, convoquée par le président Xi Jinping.

Dans les limites très étroites d’une telle « loyauté », les appels à être de « bons chrétiens et de bons citoyens » continuent d’être lancés aujourd’hui, dans la lignée indiquée par le pape François dans son dialogue avec les autorités chinoises. Pour cette raison, il est bon de noter le choix intéressant fait par le diocèse catholique de Hohhot, dans la Région autonome de Mongolie intérieure qui, jeudi dernier, a célébré à la fois le 75e anniversaire de la République populaire de Chine et le 150e anniversaire de sa première église, Saint-François-Xavier, au sein du district de Chengchuan de la ville d’Ordos.

Les premiers missionnaires arrivés à Ordos en 1874

Les premiers missionnaires de la congrégation du Cœur immaculé de Marie, les missionnaires belges appelés scheutistes (la congrégation fut fondée à Scheut, un quartier d’Anderlecht, en périphérie de Bruxelles en Belgique) sont arrivés en 1874 à Ordos. Quelques années plus tôt, ils avaient déjà commencé leur œuvre d’évangélisation auprès des habitants de l’ethnie mongole. Ainsi que l’a signalé le site internet catholique chinois Xinde, Mgr Paul Meng Qinglu et 25 prêtres de son diocèse d’Ordos ont présidé pour cet anniversaire une célébration solennelle en présence de religieux, de religieuses et de plus d’un millier de fidèles.

Bien sûr, là aussi, la journée a commencé avec une cérémonie de lever des couleurs et avec des hymnes et slogans patriotiques, selon la perspective de sinisation voulue pour toutes les confessions religieuses en Chine par le président Xi Jinping. Mais durant la messe, dans son homélie, l’évêque a également salué l’amour que les missionnaires belges ont porté pour la population d’Ordos ainsi que leurs contributions apportées à la communauté locale.

La longue histoire de l’amour de l’Église pour la Chine et son peuple

Xinde explique que les deux premiers missionnaires scheutistes qui sont arrivés en ville ont d’abord enseigné dans des tentes et des caves louées, jusqu’à ce qu’ils puissent construire la toute première petite église en juillet 1874. Au début, leur mission était extrêmement difficile : seules trois familles mongoles ont rejoint la communauté catholique au cours des deux premières années. Mais les prêtres ont persévéré et travaillé dur pour apprendre le mongol et la culture locale.

Quand une grave famine a éclaté, ils ont acheté du bétail pour la population. Peu à peu, la communauté a grandi, y compris en se relevant après une vague de violences en 1900 et en construisant une nouvelle église, plus grande. La mission a pu ouvrir la première école catholique ainsi qu’une imprimerie, afin de distribuer des livres en langue mongole, dont des livres sur l’histoire de Mongolie. Ces initiatives ont contribué à faire naître les premières vocations locales.

L’histoire de l’amour profond qu’éprouve l’Église pour la Chine et son peuple remonte bien avant 1949, ce qu’aucune rhétorique nationaliste ne peut effacer. Il est beau qu’un diocèse chinois ait choisi de se souvenir de cela, précisément à l’occasion du plus patriotique des anniversaires. Être de « bons chrétiens et de bons citoyens », dans la République populaire chinoise actuelle, c’est probablement aussi cela.

(Avec Asianews)