Vietnam

Mgr Anh Tuan : les Vietnamiens, catholiques et non catholiques, attendent le pape François

Mgr Louis Nguyen Anh Tuan, évêque de Ha Tinh au nord du Vietnam, fait partie des participants au Synode. Mgr Louis Nguyen Anh Tuan, évêque de Ha Tinh au nord du Vietnam, fait partie des participants au Synode. © Asianews
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Mgr Anh Tuan, évêque du diocèse de Ha Tinh dans le nord du Vietnam, fait partie des participants au Synode sur la synodalité dont la 2e session se conclut cette semaine au Vatican. Il évoque quelques préoccupations majeures pour l’Église locale, à commencer par la question de la signature de relations diplomatiques officielles entre le Vietnam et le Vatican. Il espère que cela arrivera cette année, cela permettrait d’accueillir le pape François au Vietnam, où il est « très attendu ».

Mgr Louis Nguyen Anh Tuan, évêque de Ha Tinh dans le nord du Vietnam (et anciennement évêque auxiliaire d’Hô-Chi-Minh-Ville, au Sud), est à Rome depuis plusieurs semaines pour la 2e session du Synode sur la synodalité. Depuis le Vatican, il explique que « les attentes sont très fortes » au Vietnam à propos d’une visite du pape François dans le pays d’Asie du Sud-Est, d’autant plus qu’aucun pape ne s’y est jamais rendu.

Il ajoute que « le gouvernement a émis la possibilité » de la signature de relations diplomatiques officielles entre le Vatican et le Vietnam « à l’occasion d’une visite possible » du Saint-Père. À Hanoï, les autorités semblent approuver fortement une telle visite, et l’ancien président Vo Van Thuong – forcé de démissionner en mars 2024 – a même rencontré le pape au Vatican, auprès de qui il a renouvelé l’invitation officielle à se rendre dans le pays.

Mgr Anh Tuan explique également que la foi et la spiritualité « sont toujours des éléments très importants » pour la population locale, ainsi qu’en témoigne le culte des ancêtres enraciné dans l’histoire et la tradition du Vietnam, tandis que la sécularisation est un phénomène plus particulièrement lié à l’Occident mais « qui ne s’est pas encore vraiment fait sentir ici ». Il confie cependant que la venue du pape serait une source réelle d’inspiration pour la croissance de la communauté chrétienne.

Pour le Vietnam, les étapes franchies avec le Vatican « sont positives »

« Je suis confiant que l’an prochain, il y aura la signature [des relations diplomatiques officielles] et que le pape pourra alors effectuer une visite officielle », assure-t-il. Une visite et une signature qui seraient les fruits des efforts entrepris depuis de longues années par le Saint-Siège et ses envoyés diplomatiques. « À commencer par le cardinal Roger Etchegaray en 1989, jusqu’à aujourd’hui avec la visite de Mgr Paul Richard Gallagher, ‘ministre des Affaires étrangères’ du Vatican [à Hanoï en avril 2024] », poursuit Mgr Anh Tuan.

Sur la question des relations diplomatiques, le Vietnam a été cité plusieurs fois comme un modèle pour la nouvelle phase des relations entre le Saint-Siège et la Chine, bien qu’il y ait des différences majeures, comme le rappelle l’évêque de Ha Tinh lui-même. « La Chine est le grand frère du Vietnam », souligne-t-il pourtant, tout en reconnaissant que le Vietnam est « bien plus petit et bien moins puissant » que la Chine, avec donc beaucoup moins d’influence dans ses relations avec les autres pays.

« La Chine est une nation forte à la fois politiquement et diplomatiquement, et c’est pourquoi ce ne serait pas crédible pour eux de nous imiter », ajoute-t-il. D’un autre côté, pour le Vietnam, les nouvelles étapes franchies avec le Vatican « sont positives » malgré l’influence du puissant voisin chinois, parce qu’elles rapprochent le Vietnam des États-Unis et de l’Occident, qui regarderont le pays d’Asie du Sud-Est avec d’autant plus de sympathie et d’affection.

Les fruits du Synode au Vietnam

Une des inquiétudes de l’évêque de Ha Tinh vient des migrations, dues à la réalité rurale et agricole, qui a fait qu’au cours des cinq dernières années, « nous avons vu beaucoup de jeunes partir à l’étranger ». D’où son souhait de renforcer la formation des jeunes catholiques vietnamiens, à commencer au niveau du catéchisme, « afin qu’ils gardent un bagage spirituel fort et qu’ils soient de vrais témoins de la foi » même à l’étranger, et qu’ils puissent y mener « une vie stable, sans influences extérieures ». Il ajoute que pour eux, « nous avons créé une pastorale pour les migrants, qui a la charge de les accompagner dans ces rôles de témoins et dans leur recherche d’une vie meilleure ».

L’évêque espère aussi que le Synode, qui se termine cette semaine, puisse contribuer à l’Église au Vietnam. Pour lui, ces semaines d’échanges au Vatican représentent « une grande opportunité ». « L’espérance est que cela puisse porter du fruit », explique-t-il, notamment en termes de solidarité et de communion ecclésiale, mais aussi pour l’évangélisation, pour que « nous soyons de vrais témoins de la foi ».

Tensions en mer Orientale

Enfin, l’évêque évoque aussi de nombreuses tensions et zones de conflits qui préoccupent la nation asiatique, à commencer par le Moyen-Orient, mais aussi dans les mers de la région Asie-Pacifique (comme la mer de Chine méridionale), bien que les conflits régionaux autour du Vietnam tendent à s’apaiser et à s’envenimer à nouveau de façon cyclique. « Les Vietnamiens subissent ces tensions. Nous dépendons d’autres États comme la Chine, les États-Unis, le Japon ou l’Australie. Ce sont des eaux que nous appelons mer Orientale, qui sont riches en ressources naturelles, en minerais, en pétrole et en poisson, et qui intéressent de nombreuses nations sur le plan économique et énergétique. »

(Avec Asianews/Dario Salvi)