Singapour

Singapour : un prêtre blessé en pleine messe après une attaque au couteau

L’église Saint-Joseph dans le quartier de Bukit Timah (centre-ouest de Singapour). L’église Saint-Joseph dans le quartier de Bukit Timah (centre-ouest de Singapour). © Facebook/St Joseph's Church Bukit Timah
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Le père Christopher Lee, 57 ans, a été poignardé samedi soir dans l’église Saint-Joseph de Bukit Timah, au centre-ouest de Singapour. L’attaquant, connu pour des infractions liées à la drogue, a été arrêté. Le prêtre est blessé mais en voie de guérison après avoir subi une opération. « La violence n’a pas sa place dans le pays », a réagi le premier ministre singapourien Lawrence Wong. De son côté, l’archidiocèse a demandé aux catholiques de prier, et l’Organisation Inter-Religieuse (OIR) de Singapour a condamné l’attentat.

Samedi 9 novembre dans le district singapourien de Bukit Timah, une colline située au centre-ouest de la cité-État, un homme est monté vers l’église Saint-Joseph, un couteau en main, avant de poignarder le père Christopher Lee, 57 ans, alors que ce dernier célébrait la messe du soir (à 17h30, peu avant le coucher du soleil). Selon une déclaration publiée par l’archidiocèse de Singapour après l’attaque, le père Lee a été emmené au National University Hospital par la protection civile locale (Singapore Civil Defence Force). Blessé, il serait dans un état stable et en voie de guérison.

Le père Lee avec le cardinal Goh, durant l’hospitalisation du prêtre au National University Hospital de Singapour.
Le père Lee avec le cardinal Goh, durant l’hospitalisation du prêtre au National University Hospital de Singapour.
© Facebook/Cardinal Goh

Le suspect, un homme singapourien cingalais de 37 ans, déjà connu pour des faits liés à la drogue, a été désarmé par des membres de l’assemblée avant d’être arrêté par la police. Après les premières enquêtes, la police estime que le coupable a agi seul et que l’attaque n’est pas un acte de terrorisme. Le média singapourien Channel News Asia a également signalé que les messes dominicales du 10 novembre ont été maintenues dans l’église Saint-Joseph sous une vigilance policière renforcée.

L’OIR (Organisation Inter-Religieuse) de Singapour a condamné l’attentat, et le premier ministre Lawrence Wong a appelé au calme, en rappelant que « la violence n’a pas sa place dans le pays » et en invitant « tout le monde à se soutenir les uns les autres dans un esprit d’harmonie et de résilience ». Il a également déclaré sur les réseaux sociaux : « Je suis très choqué et attristé d’apprendre qu’un prêtre, le père Christopher Lee, a été poignardé dans l’église Saint-Joseph durant la messe. Nous prions pour son rétablissement complet et rapide. Par-dessus tout, nous devons protéger la sécurité et le caractère sacré de nos lieux de culte, où les gens recherchent la paix, le réconfort et la communauté. »

« Une telle attaque n’était encore jamais arrivée à Singapour »

Une catholique singapourienne, Stella Hendricks, interrogée par l’agence Asianews, s’est dit choquée et consternée par cet acte de violence. Elle a souligné que Singapour est une des villes les plus sûres au monde et que personne ne s’attendait à ce qu’une telle chose arrive dans une église, censée être plus sûre que la rue.

« Une attaque comme celle-ci n’est jamais arrivée auparavant dans aucun lieu de culte ici à Singapour, et le gouvernement a toujours encouragé les échanges interreligieux et le respect des différentes religions, cultures et traditions ancestrales pratiquées par des communautés multiculturelles », a-t-elle expliqué. Stella Hendricks, paroissienne de l’église Marie, Étoile de la Mer, à proximité de l’église Saint-Joseph, a aussi fait part de son soulagement de savoir que le prêtre n’était que blessé et que l’affaire n’ait pas été « encore plus grave ».

Le jour suivant, le 10 novembre, le cardinal William Goh a publié une lettre pastorale, en écrivant notamment que cette attaque « nous montre que dans le monde, il y a beaucoup de gens troublés, perturbés et prêts à faire le mal, mais au final, le mal ne triomphera pas ». « Cette attaque ne fait que rendre notre Église plus forte, en rapprochant les gens dans la foi et la prière. Elle nous invite aussi à rester vigilants et à ne pas prendre notre paix et notre sécurité durement acquises pour argent comptant. En tant que communauté, nous sortirons de cette affaire plus résilients que jamais », a déclaré le cardinal Goh, qui est archevêque de Singapour depuis 2013 et cardinal depuis 2022.

Le père Christopher Lee, 57 ans, vicaire de la paroisse de Saint-Joseph de Bukit Timah, Singapour.
Le père Christopher Lee, 57 ans, vicaire de la paroisse de Saint-Joseph de Bukit Timah, Singapour.
© Facebook/St Joseph's Church Bukit Timah

« Nous ne pouvons pas laisser le mal paralyser la proclamation de l’Évangile »

« Nous devons aller de l’avant, travailler ensemble pour préserver l’harmonie religieuse et raciale, et ne pas laisser des individus perturbés semer la division et la peur parmi nous. Par-dessus tout, nous avons confiance en la protection de Dieu qui prend soin de nous tous à Singapour », a ajouté l’archevêque. Tout en reconnaissant : « Cette attaque a non seulement blessé un responsable religieux dans un lieu de culte, mais elle a aussi semé la peur dans la communauté. »

En rappelant que de tels incidents peuvent survenir à tout moment et n’importe où, il a appelé la communauté catholique à être « prête mentalement et opérationnellement à s’en protéger et à faire face aux conséquences quand ils arrivent ». Il a donc appelé les catholiques à être vigilants et à signaler tout comportement suspect, tout en invitant à l’équilibre entre les mesures nécessaires pour la sécurité de tous, et le besoin de rendre les paroisses ouvertes et accessibles. « Nous ne pouvons pas laisser le mal paralyser la proclamation de l’Évangile », a-t-il insisté.

La Conférence des évêques de Malaisie, Singapour et Brunei a également exprimé sa solidarité et ses prières pour le père Lee, en invitant les fidèles des trois pays à apporter leur « compassion, leur soutien et leur consolation » à tous ceux qui sont affectés par l’attaque.

Le pape François s’est rendu à Singapour durant son long voyage pastoral en Asie du Sud-Est en septembre dernier. Avec près de 395 000 catholiques, Singapour compte une importante communauté catholique, et une des populations chrétiennes les plus dynamiques en Asie du Sud-Est. Au mois de juin 2023, la cité-État comptait 5,92 millions d’habitants de toutes origines culturelles, en particulier de Chine, Malaisie et Inde (les quatre langues officielles sont l’anglais, le malais, le mandarin et le tamoul).

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