Inde

Delhi : l’Église appelle le gouvernement à trouver des solutions durables contre la pollution de l’air

La pollution atmosphérique a atteint, le 18 novembre à New Delhi, un niveau plus de 60 fois supérieur au seuil maximal fixé par l’OMS. La pollution atmosphérique a atteint, le 18 novembre à New Delhi, un niveau plus de 60 fois supérieur au seuil maximal fixé par l’OMS. © Abrinsky / CC BY-NC-SA 2.0
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Lundi dernier, alors que la pollution de l’air empire à New Delhi depuis la fête de Diwali, début novembre, le gouvernement local a mis en place plusieurs mesures pour limiter la circulation, notamment en fermant les écoles de la capitale indienne. Des mesures considérées comme trop tardives, mais qui sont saluées par le père Maria Charles, secrétaire de la Commission pour l’éducation et la culture de la Conférence épiscopale indienne. Il appelle les autorités à trouver une solution à la pollution atmosphérique dans la région.

La pollution atmosphérique a atteint, le 18 novembre à New Delhi, un niveau plus de 60 fois supérieur au seuil maximal fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La concentration en microparticules PM2.5 (les plus dangereuses car se diffusant directement dans le sang) a été mesurée dans la matinée à 907 µg/m³ d’air en certains points de la capitale de 30 millions d’habitants.

La ville est confrontée chaque hiver à des pics de pollution causés par les fumées toxiques des usines et du trafic routier, auxquelles s’ajoutent à cette période de l’année celles des brûlis agricoles saisonniers. Une étude publiée en juin dernier a établi que la pollution de l’air était responsable de 11,5 % de la mortalité à New Delhi, soit 12 000 morts par an.

« Les cours en présentiel sont interrompus »

Lundi dernier, la plupart des écoles de la capitale sont restées fermées, et des restrictions à la circulation ont été mises en place et renforcées. Le télétravail a également été recommandé jusqu’à nouvel ordre. « Les cours en présentiel seront interrompus pour tous les élèves, sauf au lycée », a déclaré le ministre en chef de Delhi, M. Atishi. La Cour Suprême indienne a ordonné par la suite la fermeture des classes y compris pour les lycéens, alors que la pollution de l’air se renforçait.

Brûlis agricole au Pendjab, Inde (début novembre 2011).
Brûlis agricole au Pendjab, Inde (début novembre 2011). Crédit : Neil Palmer/CIAT (CC BY-SA 2.0)

La Cour a également interrogé le gouvernement de Delhi et la commission CAQM (Commission for Air Quality Management) sur des mesures préventives prises trop tardivement face au problème de pollution. Atishi a réagi en signalant que les écoles primaires étaient déjà fermées depuis le 14 novembre et qu’une série de restrictions ont été imposées rapidement dès le 18 novembre.

D’autres mesures ont en effet été prises, notamment concernant les chantiers. Les autorités espéraient que l’école à distance puisse contribuer à réduire le trafic, pour éviter que la pollution atmosphérique se détériore encore plus. Les populations à risques (personnes âgées, enfants et personnes présentant des pathologies cardiaques ou pulmonaires) ont également été invitées à rester chez elles.

La fermeture des écoles a été saluée par l’Église locale

« Même si les décisions ont été prises avec un peu de retard, ce sont des mesures tout à fait louables, parce que les enfants sont plus vulnérables à la pollution de l’air », a réagi le père Maria Charles, secrétaire de la Commission pour l’éducation et la culture de la Conférence épiscopale indienne. Le prêtre a ajouté que les cours en présentiel auraient même dû être supprimés après Diwali, la fête hindoue des lumières qui a eu lieu le 3 novembre.

« Nous espérons que le gouvernement s’occupe de trouver une solution contre la pollution atmosphérique, pour sauver nos enfants de cette situation dangereuse », a poursuivi le père Charles, interrogé le 19 novembre. De son côté, Johanna Toppo, directrice catholique d’une école primaire publique dans la capitale indienne, approuve également la décision des autorités, étant donné que « la forte pollution de l’air affecte lourdement la santé des enfants ».

« Mes yeux brûlent depuis plusieurs jours »

Santosh Kumar, chauffeur d’un rickshaw électrique, confie ses problèmes de santé à cause du « smog » toxique qui recouvre la ville. « Mes yeux brûlent depuis plusieurs jours. Mais pollution ou non, je dois être sur la route pour soutenir ma famille. » La capitale nationale et le territoire alentour fait constamment partie des régions urbaines les plus polluées au monde en hiver. Selon les médias locaux, les différentes initiatives du gouvernement n’ont pas suffi à résoudre le problème, le « smog » causant plusieurs milliers de décès prématurés par an, en particulier parmi les plus fragiles.

La pollution de l’air est en partie attribuée aux fermiers de la région qui brûlent leurs résidus agricoles à cette période. Ces brûlis coïncident avec des températures plus fraiches, ce qui a tendance à bloquer les polluants au niveau du sol, les empêchant de se disperser dans l’atmosphère. La fumée est ensuite soufflée par le vent vers les villes.

Cette situation catastrophique, qui ne cesse d’empirer ces dernières semaines, est aussi liée aux émissions des automobiles, de l’industrie et des centrales à charbon. Cela suscite des inquiétudes sur la durabilité à long terme de la qualité de l’air à New Delhi, avec des appels à renforcer les mesures environnementales et à trouver des solutions durables.

Selon les experts, la qualité de l’air reste catastrophique et cet épisode de pollution devrait durer. Une situation qui affecte particulièrement les moins aisés, qui ne peuvent pas se procurer de purificateurs d’air et qui vivent dans des logements peu isolés de l’extérieur, dont certains se chauffent et cuisinent parfois au charbon.

(Avec Ucanews)