Cardinal Kikuchi : « Une société vieillissante comme le Japon ne pourra pas survivre »
Le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, le 18 octobre dernier à Rome. © Daniel Ibáñez/EWTN NewsLe 25/11/2024
La semaine dernière, Mgr Kikuchi, archevêque de Tokyo, qui sera créé cardinal le 7 décembre, a évoqué plusieurs problématiques majeures pour l’Église et la société japonaise. Sur la question de l’armement, alors que son pays a approuvé en 2024 une hausse de 16,5 % de son budget dépense, il a souligné que « la clé pour une stabilité durable est le dialogue, pas la menace des armes. » Face à l’hiver démographique, il a également défendu l’accueil des migrants sans qui « une société vieillissante comme le Japon ne pourra pas survivre ».
Mgr Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, qui sera créé cardinal le samedi 7 décembre, a appelé les responsables politiques à préférer le dialogue au développement et à l’accumulation des armes. Dans une interview avec l’agence Fides, Mgr Kikuchi a déclaré que « toute personne qui analyse sérieusement la situation politique en Asie comprend que c’est le dialogue qui est la clé pour assurer la stabilité, et non pas la menace des armes ».
Étant donné la position géographique du Japon, entre plusieurs grandes puissances (États-Unis, Russie et Chine), le pays du « Soleil levant » n’est pas étranger aux tensions et aux circonstances qui affectent le monde aujourd’hui. En particulier sur le sujet de la guerre et de la menace grandissante de l’utilisation des armes nucléaires, Mgr Kikuchi a souligné avec emphase qu’elles n’apportent « aucune protection réelle. »
« C’est une dépense inutile et dangereuse »
« Investir davantage d’argent dans l’armement, en particulier atomique, est un gâchis. C’est une dépense inutile et dangereuse. Ces armes sont conçues pour détruire le monde, pas pour résoudre les problèmes », a-t-il dénoncé, alors que cette année, pour 2024, le gouvernement japonais a approuvé une augmentation de 16,5 % (soit 56 milliards de dollars US) de son budget Défense. « Ce n’est que de l’argent jeté par les fenêtres », a insisté l’archevêque.
« Nous devons nous parler. Le dialogue ne consiste pas seulement à parler, mais à construire des relations. La synodalité aussi est nécessaire dans ce domaine », a-t-il ajouté, en signalant d’ailleurs que l’Église japonaise continuera de défendre les initiatives « qui recherchent la destruction des armes nucléaires ». « Nous travaillons avec les évêques japonais et d’autres pays afin de demander à nos gouvernements de s’engager pour le désarmement dès que possible. »
Alors que ces efforts reflètent l’engagement de l’Église en faveur de la paix, il a également souligné le besoin de sensibiliser davantage le monde sur ces questions, en particulier dans les pays où les catholiques sont minoritaires. « L’influence du pape sur la politique internationale est sous-estimée et mal comprise. Ainsi, au Japon, beaucoup se demandent pourquoi un responsable religieux parle de questions politiques. Par conséquent, tout le monde n’apprécie pas les initiatives du Saint-Siège », a-t-il reconnu.
« Jusqu’à aujourd’hui, le Japon a été un pays remarquablement homogène »
Mgr Kikuchi, âgé de 66 ans, membre de la Société du Verbe Divin, a également évoqué le rôle majeur des migrants face à la grave crise démocratique que traverse son pays. Le nouveau cardinal, qui est également président de Caritas Internationalis, les décrit comme une force vitale pour un renouveau sociétal et ecclésial au Japon. L’archevêque a pourtant noté que son gouvernement, confronté à la réalité de cet hiver démographique, « hésite à accepter pleinement les migrants », de peur d’entrer dans une zone jamais encore explorée par le Japon, peu habitué à recevoir des migrants.
« Jusqu’à aujourd’hui, le Japon a été un pays remarquablement homogène. Toutefois, il est vrai que sans la présence des migrants, une société vieillissante comme le Japon ne pourra pas survivre. C’est un fait. Pourtant, des migrants arrivent avec différents types de visas, mais à cause de la réticence des institutions, beaucoup doivent lutter tôt ou tard contre des problèmes bureaucratiques liés à leur statut d’immigrants. »
Mgr Kikuchi a ajouté que la société japonaise perçoit souvent les migrations comme un « problème » et que même au sein de l’Église locale, certains parlent du « problème de l’immigration ». L’archevêque de Tokyo estime que ce langage reflète la « perception négative » qu’ont beaucoup de Japonais sur cette réalité. « D’une certaine façon, les immigrants offrent à l’Église japonaise la possibilité de se renouveler et d’être plus active dans sa mission. C’est un véritable espoir. »
(Avec CNA, RVA News et Fides)