Divers horizons

Le pape François rend hommage au responsable hindou qui a dit non au système de castes

Des hindous allumant des lampes à huile durant la fête de Diwali. Des hindous allumant des lampes à huile durant la fête de Diwali. © Asianews
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Le 1er décembre, le pape François a accueilli la fondation indienne Sree Narayana Guru (1856-1926), qui poursuit l’œuvre de ce grand responsable et philosophe hindou, reconnu en particulier pour son mouvement de réforme social au Kerala, dans le sud de l’Inde, contre les injustices et les discriminations liées au système de castes. « Son message est particulièrement adapté à notre monde actuel, où nous voyons des tendances de plus en plus fortes à l’intolérance et à la haine entre les peuples et les nations », a déclaré le pape.

Le dialogue entre les religions a des racines profondes au cœur de l’Asie. Le pape François l’a montré ce dimanche 1er décembre au Vatican, en recevant en audience les participants à une rencontre soutenue par la fondation indienne Sree Narayana Guru. Cette association poursuit l’œuvre de ce grand responsable hindou (1856-1926), qui avait déjà l’intuition, il y a un siècle, de rassembler les représentants des différentes religions dans son ashram. Il est connu en particulier pour avoir mené un mouvement de réforme social contre les injustices et les discriminations liées au système de caste au Kerala, dans le sud de l’Inde.

La conférence organisée en 1923 par ce chef religieux, à une époque où le Kerala était secoué par de graves tensions entre les groupes religieux, est devenue une tradition répétée d’année en année. En collaboration avec le Dicastère pour le dialogue religieux, à l’occasion du centenaire de cette conférence, l’idée est née d’organiser ce temps fort au Vatican. Un tel événement offre l’opportunité de redécouvrir ce philosophe hindou, qui a dédié sa vie à lutter contre le système de castes.

En 1925, Gandhi, en visitant son ashram, a été impressionné par ce lieu où même les enfants Dalits (« intouchables ») étudiaient les Upanishads (textes philosophico-religieux de l’hindouisme) avec tout le monde. C’est à partir de ce moment que la question des castes est devenue un élément important du mouvement politique du « Mahatma ».

« Son message est particulièrement adapté à notre monde actuel »

Durant l’audience, le pape François a rappelé que « Sree Narayana Guru a dédié sa vie à promouvoir la rédemption sociale et religieuse, en soutenant le message clair que tous les êtres humains, quelles que soient leurs traditions religieuses et culturelles ou leur ethnicité, sont membres d’une seule famille humaine ». Le pape a ajouté que cette grande figure de l’hindouisme avait insisté pour qu’il n’y ait aucune discrimination envers quiconque, d’aucune manière et à aucun niveau.

« Son message est particulièrement adapté à notre monde actuel, où nous voyons des tendances de plus en plus fortes à l’intolérance et à la haine entre les peuples et les nations. Malheureusement, les manifestations de discrimination et d’exclusion, de tension et de violence basées sur les différences ethniques, sociales, raciales, linguistiques ou religieuses sont une expérience quotidienne pour beaucoup de personnes et de communautés, en particulier parmi les pauvres, ceux qui sont sans défense et sans voix », a poursuivi le Saint-Père.

« Nous pouvons contribuer à l’échec de la culture de l’individualisme et de l’exclusion »

Le pape a souligné la proximité du message de Sree Narayana Guru avec le Document d’Abou Dhabi de 2019 et avec la récente Déclaration d’Istiqlal (publiée en septembre durant son voyage en Indonésie). Des documents qu’il a signés avec des représentants du monde musulmans, et qui mettent la fraternité au cœur du dialogue interreligieux.

« Toutes les religions enseignent une vérité fondamentale : en tant qu’enfants de Dieu, nous devons nous aimer et nous estimer les uns les autres, en respectant la diversité et les différences dans un esprit de fraternité et d’inclusion, en prenant soin des uns des autres et de la Terre, notre maison commune. Le fait de ne pas respecter les nobles enseignements des religions est l’une des causes de la situation troublée dans lequel le monde se retrouve aujourd’hui », a-t-il assuré.

« Nos contemporains ne redécouvriront la valeur des nobles enseignements des traditions religieuses que si nous nous efforçons de les vivre et de cultiver des relations fraternelles et amicales avec tous, dans l’unique objectif de renforcer l’unité dans la diversité, d’assurer une coexistence harmonieuse au milieu des différences, et d’être des artisans de paix, quelles que soient les difficultés et les épreuves que nous rencontrons », a-t-il conclu. « Ainsi, nous pouvons contribuer à l’échec de la culture de l’individualisme, de l’exclusion, de l’indifférence et de la violence qui se répand. »

(Avec Asianews et Ucanews)