Birmanie

Appel du cardinal Bo, archevêque de Rangoun : « Le cycle de violence doit cesser en Birmanie »

Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a publié un nouveau message à l’occasion du Nouvel An 2025, sur le thème de l’espérance dans le pays en guerre. Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a publié un nouveau message à l’occasion du nouvel an 2025, sur le thème de l’espérance dans le pays en guerre. © Catholic Church (England and Wales) / CC BY-NC-ND 2.
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Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a publié un nouveau message de paix à l’occasion de la nouvelle année 2025, en appelant à mettre fin immédiatement aux violences dans son pays toujours secoué par la guerre civile, et à protéger avant tout les vies civiles. « Le cycle de violence doit cesser » en Birmanie a-t-il déclaré, en demandant aux dirigeants de s’engager pour la guérison et la réconciliation. « Nous devons nous unir afin de protéger les civils – en particulier les enfants innocents. Les familles brisées doivent être réunies et les sans-voix doivent être entendus. »

Les violences en Birmanie se poursuivent depuis le 1er février 2021, quand la junte militaire est arrivée au pouvoir, en renversant le gouvernement civil élu et dirigé par l’ancienne conseillère d’État Aung San Suu Kyi ainsi que son parti de la Ligue nationale pour la démocratie (LND). La junte continue sa guerre contre les citoyens alors qu’elle tente de réprimer la résistance populaire – qui veut rétablir la démocratie. Les violences ont tué plus de 6 000 civils et déplacé plus de 3,3 millions d’habitants dans la nation de plus de 54 millions d’habitants. Plus de 28 000 Birmans ont par ailleurs été arrêtés, dont Aung San Suu Kyi qui purge une peine de 27 ans. La guerre a également fait basculer plus de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté, selon les rapports des Nations unies.

« Nous voulons rêver d’une Birmanie où aucune vie n’est réprimée, aucune communauté marginalisée, et où la paix n’est pas un idéal abstrait mais une réalité partagée », a souligné le cardinal. « Que 2025 soit l’année où la paix fleurisse dans tous les cœurs et dans toute la Birmanie. Que les déplacés trouvent un abri, que les marginalisés soient soulagés, et que les jeunes se lèvent avec une inébranlable espérance afin de revendiquer l’avenir qu’ils méritent », a poursuivi l’archevêque, alors que l’Église vient d’entamer son Jubilé 2025 sur le thème des « pèlerins de l’espérance ».

Le pays « ploie sous le poids d’une immense souffrance »

Il a rappelé que les jeunes birmans ont été « privés d’opportunités et de leurs rêves légitimes », et que le pays « ploie sous le poids d’une immense souffrance ». Il a présenté les jeunes comme les « architectes de la paix », en souhaitant que la nation leur offre des opportunités, « en assurant leur éducation et leur sécurité, en leur permettant de reconstruire non seulement leur vie mais l’âme de notre nation ».

Le cardinal Bo a également suggéré la réconciliation comme une voie pour la paix. « La réconciliation n’est pas seulement un processus ; c’est un choix – un choix d’aimer malgré la souffrance, de construire au-delà des destructions. » Établir la justice et la dignité mène aussi à la paix, a-t-il noté. « Une vraie paix transcende l’absence de guerre ; elle incarne la présence de la justice, de la sécurité et de la dignité pour tous. La paix est fondée sur la confiance, elle est nourrie par la compassion et soutenue par l’espérance. »

Malgré les appels répétés de l’Église locale et du pape François à mettre fin aux violences, la junte n’a montré aucun signe d’apaisement, notamment dans les régions majoritairement chrétiennes et Bamar, et tous les efforts diplomatiques, dont ceux de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), ont été vains. Le 4 janvier, le gouvernement militaire a annoncé la libération de près de 6 000 prisonniers dans le cadre d’une amnistie marquant le jour de l’indépendance du pays d’Asie du Sud-Est. Toutefois, rien n’indique qu’Aung San Suu Kyi ferait partie des prisonniers libérés.

(Avec Ucanews)