Birmanie

Birmanie : le gouvernement en exil condamne huit rebelles à 20 ans de prison pour le meurtre d’un prêtre catholique

Le père Donald Martin Ye Naing Win, assassiné le 14 février 2025 dans sa paroisse (Notre-Dame de Lourdes de Kan Gyi Taw, archidiocèse de Mandalay). Le père Donald Martin Ye Naing Win, assassiné le 14 février 2025 dans sa paroisse (Notre-Dame de Lourdes de Kan Gyi Taw, archidiocèse de Mandalay). © RVA
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Le 17 juin, le gouvernement d’unité nationale en exil (NUG), qui contrôle les Forces de défense populaire opposées à la junte militaire au pouvoir depuis quatre ans, a annoncé la condamnation de huit rebelles à 20 ans de prison pour le meurtre du père Donald Martin Ye Naing Win, tué le 14 février 2025 à l’âge de 44 ans dans sa paroisse de Notre-Dame de Lourdes du village de Kan Gyi Taw, dans l’archidiocèse de Mandalay. Ils ont été condamnés par un tribunal militaire dépendant du NUG dans une région contrôlée par les rebelles, dans la région centrale de Sagaing.

Dans une région contrôlée par les rebelles, un tribunal militaire a annoncé avoir condamné huit membres d’un groupe de résistants locaux à 20 ans de prison pour avoir assassiné le prêtre catholique Donald Martin Ye Naing Win en février dernier. Le procès a eu lieu dans le canton de Shwebo, dans la région centrale de Sagaing, actuellement sous le contrôle du Gouvernement d’unité national (NUG) en exil.

Selon le ministère de la Défense du NUG, les accusés ont aussi été condamnés aux travaux forcés dans le cadre de la section 302(2) du Code pénal. « L’ensemble des huit personnes qui ont commis le meurtre sont détenues dans des cellules séparées situées dans les régions sous notre contrôle », a déclaré U Maung Maung Swe, secrétaire adjoint du ministère.

Le père Donald, qui était de l’archidiocèse de Mandalay, était âgé de 44 ans quand il a été battu à mort le 14 février 2025 par dix membres d’un groupe rebelle local, alors qu’il se trouvait dans sa paroisse Notre-Dame de Lourdes du village de Kan Gyi Taw, dans le canton de Shwebo. Selon l’unité des Forces de défense populaire basée à Shwebo (PDF, branche armée du NUG), les dix attaquants appartenaient à un groupe basé au village de Ta Ohn. Le groupe n’est pas officiellement reconnu comme membre de l’organisation des PDF.

Le verdict a été annoncé le 17 juillet

Selon le représentant du NUG, les membres des PDF ont poursuivi et arrêté les suspects dès que l’affaire a été rendue publique. Les attaquants auraient tué le prêtre après l’avoir accusé d’être un informateur de la junte militaire. Après cinq mois d’enquête et de procès, le tribunal militaire du NUG a pris sa décision finale le 10 juillet, condamnant huit personnes parmi les dix membres du groupe. Le verdict a été annoncé le 17 juillet. Sur recommandation de la Cour martiale, le NUG a relâché les deux attaquants mineurs qui ont été rendus à leurs parents.

Il y a cinq mois, le meurtre avait été largement condamné et de nombreuses voix avaient demandé justice, dont la Conférence épiscopale birmane. Le ministère de l’Intérieur et de l’Immigration du NUG avait également publié un communiqué condamnant les attaques ciblant les civils, y compris les responsables religieux, quelle que soit l’organisation coupable. Il avait également promis de poursuivre les coupables en justice.

Depuis le coup d’État militaire de février 2021 et la guerre civile qui a suivi, au moins 6 700 personnes, en majorité civiles, ont été tuées en Birmanie selon l’AAPP (Assistance Association for Political Prisoners), un groupe qui recense les meurtres commis par les forces de sécurité birmanes depuis quatre ans. De plus, le conflit interne a déplacé plus de 3 millions d’habitants, dont une majorité de femmes et d’enfants, selon les Nations unies.

« Le père Donald était un homme de Dieu »

Comme le rappelle Fides, le NUG, qui contrôle les PDF, comprend de nombreux anciens membres du Parlement (renversé par la junte en 2021). L’agence catholique cite aussi le père John, basé à Mandalay, qui assure que « le père Donald était un homme de Dieu, dévoué à ses paroissiens ». « C’était une personne bonne et sincère qui s’était surtout engagée dans l’éducation des enfants privés d’école à cause de la guerre civile. Il n’avait rien fait de mal », confie-t-il.

Une telle condamnation est possible, explique Fides, car dans la région de Sagaing, touchée par les combats entre la junte et la résistance, le système étatique s’est effondré, remplacé par une sorte d’État parallèle créé par les rebelles. Malgré le manque de cadre juridique, ces tribunaux se basent d’une part sur les lois promulguées et modifiées par l’armée au cours des dernières années en Birmanie, et d’autre part sur les normes internationales en matière de droits de l’homme.

Source : Ucanews, Fides, CNA

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