Inde

Cardinal Ferrao : « Nous attendons le pape Léon XIV dans notre Inde bien-aimée »

Le cardinal Filipe Neri Ferrao, archevêque de Goa et Daman, le 21 octobre 2024 lors du Synode, dans la basilique Saint-Pierre à Rome. Le cardinal Filipe Neri Ferrao, archevêque de Goa et Daman, le 21 octobre 2024 lors du Synode, dans la basilique Saint-Pierre à Rome. © synod.va/lagarica
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Le cardinal Filipe Neri Ferrao, archevêque de Goa, président de la Conférence épiscopale indienne (CBCI) et président de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques (FABC), a publié ce texte dans lequel il livre ses réflexions sur l’homélie inaugurale du pape Léon XIV : « L’amour de tous, l’unité dans la diversité, la proximité avec les pauvres et avec toutes les cultures – cela doit être notre façon d’être Église. Nous l’attendons dans notre Inde bien-aimée. Et nous l’invitons à l’assemblée de la FABC prévue en 2026 en Malaisie. »

Le jour qui a suivi la messe solennelle d’inauguration du pape Léon XIV, le cardinal Filipe Neri Ferrao – archevêque de Goa et Daman, patriarche des Indes orientales, président de la Conférence des évêques d’Inde (CBCI) et président de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC) – a partagé ses réflexions sur le nouveau pontife et sur le message qui a été exprimé dans son homélie inaugurale. Le cardinal, âgé de 72 ans, a participé au conclave. Il réagit aux priorités pastorales qui ont été soulignées par le nouveau pape dans ses premières exhortations, et sur la signification de son élection pour l’Église en Inde et à travers l’Asie.

Le pape Léon est un homme à la foi profonde, enracinée dans le Christ et ancrée dans la prière, avec une vision théologique claire et un engagement authentique à appliquer les enseignements du concile Vatican II. Il est simple, humble et attentionné, avec une capacité exceptionnelle à écouter et à tendre la main, en particulier à ceux qui sont aux périphéries. Le pape Léon XIV a une très riche et large expérience de la vie ecclésiale dans tous les continents, et il est conscient des défis multidimensionnels auxquels l’Église est confrontée dans différents contextes.

J’ai eu l’opportunité de l’observer de près au cours des deux dernières Assemblées synodales à Rome (octobre 2023 et 2024), auxquelles nous avons tous deux pris part. Les interventions occasionnelles du cardinal Prevost durant le Synode m’avaient beaucoup impressionné, et révélaient clairement son attachement à la vision communionnelle et missionnaire de l’Église, telle qu’elle a été incarnée par le concile Vatican II.

D’après ce qu’il a dit aux cardinaux après l’élection, il est clair que notre nouveau pape préservera et soutiendra le riche héritage ecclésial des derniers papes, dont notre pape François dont nous chérissons la mémoire, afin de construire une Église qui favorise la communion, qui soutient la collégialité et qui se concentre sur sa mission d’évangélisation à tous les niveaux, avec une attention spéciale aux périphéries.

« C’est une lumière qui guide la marche de l’Église en Asie »

Il exercera sûrement son autorité de manière synodale : un pasteur qui écoute, qui discerne et qui adopte l’inclusivité, un pasteur humble, compatissant et témoin des valeurs de l’Évangile. Je n’ai aucun doute que le pape Léon XIV parlera avec autorité morale sur diverses questions globales auxquelles l’humanité est confrontée en notre temps, telles que la dignité de la personne humaine, la liberté religieuse, la pauvreté et l’injustice, la guerre et la paix, le dialogue et la réconciliation, les migrations, l’écologie et les défis liés à l’Intelligence Artificielle (IA).

L’homélie du Saint-Père, ce dimanche 18 mai au matin, citait saint Augustin : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi. » (Les Confessions, 1.1.1) Il nous a ainsi encouragés à être centrés sur le Christ, à être témoins de Son amour inconditionnel et infini. En Asie, c’est notre façon d’être : témoigner au milieu des hommes de toutes origines religieuses et culturelles, et auprès des pauvres.

Sa Sainteté a aussi lancé un appel fort à l’unité de l’Église, unie dans la diversité. Cela interpelle les Églises en Asie : face aux défis si nombreux qui nous menacent, c’est un appel à l’unité, pour l’Église et pour le développement humain intégral. Être sensible aux défis auxquels l’humanité est confrontée, montrer notre sollicitude face à nos frères et sœurs en marge et aux périphéries. Être une Église missionnaire.

Ce sont des questions qui sont très proches de la mission de l’Église en Asie, et c’est une lumière qui guide la marche de l’Église en Asie.

« Les évêques d’Inde voudraient inviter le pape »

Dans son discours aux cardinaux après son élection, le pape Léon a parlé de paix ; il a aussi mis l’accent sur l’importance de continuer sur le chemin tracé par le pape François, en particulier à la lumière d’Evangelii Gaudium (ndlr : exhortation apostolique La joie de l’Évangile, 2013) – en Asie et en Inde, nous témoignons de l’amour inconditionnel et infini de Jésus à travers notre apostolat dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’aide sociale et du développement pour tous sans discrimination de caste et de religion.

Le pape Léon a parlé de l’importance du dialogue œcuménique et du dialogue interreligieux – en Asie et en Inde, nous sommes engagés dans un triple dialogue, avec les pauvres, avec les religions et avec les cultures.

Les missionnaires dévoués ont apporté la lumière de l’Évangile et ont nourri notre foi, parmi eux notre bien-aimé saint François Xavier. Beaucoup de fils et filles de l’Église à Goa sont partis comme missionnaires au service du peuple avec beaucoup d’amour et de dévouement, dont saint Joseph Vaz, patron de notre archidiocèse.

Le grand défi de l’Église à Goa est d’apprécier toujours plus ce précieux trésor de foi et de nous efforcer de devenir une communauté véritablement synodale de disciples missionnaires à tous les niveaux et dans les différents domaines de la vie. Le pape Léon encourage les catholiques à assumer leur responsabilité chrétienne en devenant le levain de l’Évangile afin de transformer leur environnement et offrir un témoignage engagé de leur foi dans tous les domaines de la vie – social, politique, économique et culturel.

Les évêques d’Inde voudraient inviter le pape Léon XIV à visiter notre pays bien-aimé. Concernant la FABC, notre prochaine assemblée plénière aura lieu en Malaisie en 2026. En temps voulu, nous y inviterons aussi notre pape.

Source : Asianews, cardinal Filipe Neri Ferrao

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