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Cardinal Gracias : « Si nous voulons construire le royaume de Dieu en Asie, nous devons prendre en compte les valeurs de l’Asie »

Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai en Inde, fait partie des 368 délégués électeurs du Synode. Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai en Inde, fait partie des 368 délégués électeurs du Synode. © Asianews
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La 2e session du Synode sur la synodalité a débuté le 2 octobre au Vatican et se poursuit jusqu’au 27 octobre. Comme l’an dernier, il s’agit de quatre semaines de session avec 368 délégués – et de nombreux participants non-électeurs – de six continents sur le thème « pour une Église synodale : communion, participation, mission ». Parmi les participants, le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai en Inde, est intervenu ce lundi lors d’une conférence de presse au Vatican afin de souligner les contributions de l’Asie au Synode.

Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai en Inde, qui fait partie du Conseil ordinaire de la Secrétairerie générale du Synode sur la synodalité, a pris la parole ce lundi 7 octobre lors d’une conférence de presse du Saint-Siège. Durant son intervention, il a souligné les contributions de l’Église en Asie au Synode, dont la 2e session se poursuit jusqu’à la fin du mois d’octobre.

L’archevêque du Mumbai a décrit le rôle essentiel joué par les évêques asiatiques afin de favoriser le dialogue interreligieux, en particulier durant les travaux préparatoires à l’assemblée générale du Synode. Il a rappelé l’importance du rôle de l’Église, appelée à « construire des ponts » et à adopter une attitude respectueuse dans ses échanges avec les autres religions.

« Nous ne parlons plus des autres confessions comme des religions non chrétiennes ou d’autres religions. Nous commençons à les évoquer comme des ‘religions voisines’ », a expliqué le cardinal indien, âgé de 79 ans. « Ainsi, il y a une certaine proximité qui est ressortie, tous travaillant ensemble, cherchant Dieu et sentant un lien entre eux », a-t-il ajouté en évoquant les fruits d’une rencontre organisée à Bangkok en 2022 par la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC), dont il était président avant le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun en Birmanie, qui a pris la relève en 2019.

« Il y a une grande richesse en Asie »

Le cardinal Gracias, une voix renommée parmi les responsables religieux qui représentent la minorité chrétienne en Asie, a également souligné le concile Vatican II, qui appelait à une meilleure compréhension des autres religions et qui soulignait la nécessité de l’inculturation de la foi. « Je sens qu’il y a une grande richesse en Asie, en Inde, en Corée, au Japon, tous ces pays. La culture locale nous aidera. Si nous voulons essayer non pas de convertir, mais de construire le royaume de Dieu aussi en Asie, nous devons prendre en compte les valeurs de l’Asie », a-t-il expliqué.

Le 12 septembre 2024 à Singapour durant la messe du pape François lors de son voyage apostolique en Asie.
Le 12 septembre 2024 à Singapour durant la messe du pape François lors de son voyage apostolique en Asie.
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Le cardinal a aussi évoqué l’impact des médias numériques, en rappelant un message lancé par un jeune représentant lors de l’Assemblée asiatique de 2022 à Bangkok, où ce dernier avait appelé les évêques à venir dans le monde digital. « C’est un message très fort et exigeant, qui défie tous ceux d’entre nous qui résistent un peu. Mais nous ne pouvons plus résister, parce que c’est le monde dans lequel nous vivons. »

Le cardinal Gracias, qui est également membre du Conseil des cardinaux (neuf cardinaux nommés par le pape François pour l’aider « dans le gouvernement de l’Église universelle »), a confié que les délégués asiatiques s’étaient sentis confortés durant le processus synodal grâce à l’Assemblée asiatique de 2022. « Ce qui en est ressorti est très fort. Il y avait en particulier le fait que nous devions travailler ensemble et respecter les laïcs, les autres religions, les mouvements laïcs et la consécration baptismale de chacun. Tout cela s’est retrouvé très fortement durant le Synode. »

L’archevêque de Mumbai a également commenté ce qu’il a décrit comme « la grande fraternité, le grand amour pour l’Église, la grande passion de faire quelque chose pour redynamiser l’Église » : « C’est ce qui est principalement ressorti du Synode. Je crois que le Synode doit avoir un impact non seulement pour transformer l’Église catholique et les Églises chrétiennes, mais aussi sur le monde entier. »

Une « Pentecôte renouvelée » pour l’Église

La 2e session du Synode sur la synodalité a débuté le 2 octobre au Vatican et se poursuit jusqu’au 27 octobre. Comme l’an dernier, il s’agit de quatre semaines de session avec 368 délégués – et de nombreux participants non-électeurs – de six continents sur le thème « pour une Église synodale : communion, participation, mission ».

La feuille de route du travail des délégués pour ce mois d’octobre est soulignée par l’Instrumentum Laboris publié en juillet. Ce document est le second document de travail du synode, après un autre Instrumentum Laboris publié avant la première session de 2023 (4 au 28 octobre 2023).

Le document publié en juillet dernier est basé sur un rapport de synthèse adopté par les délégués à la fin de la session de l’an dernier, complété par des consultations supplémentaires entreprises entre les deux sessions. Le document de juillet 2024 met avant tout l’accent sur « comment être une Église synodale missionnaire ».

Cette semaine, la deuxième session a été lancée officiellement par une messe célébrée le 2 octobre par le pape, précédée par une célébration pénitentiaire qui a eu lieu la veille au soir, le mardi 1er octobre dans la basilique Saint-Pierre. La célébration pénitentiaire incluait trois témoignages, dont celui d’une victime d’abus.

La 2e session se déroule selon la même structure que l’an dernier. Les délégués seront assis autour de tables rondes par petits groupes. Ils écouteront les différentes présentations et participeront aux échanges selon la méthode de la « conversation dans l’esprit » – une approche destinée à se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint et des uns des autres.

Sur les 368 délégués électeurs (272 évêques et 96 non-évêques), une grande majorité d’entre eux participait déjà à la 1ère session. Les travaux de la 2e session ont débuté cette semaine après deux jours de retraite prêchés par le dominicain Timothy Radcliffe. En accueillant les participants, le cardinal Mario Grech, pro-secrétaire général du Synode des évêques, a souhaité que cette session soit une « Pentecôte renouvelée » pour l’Église.

(Avec RVANews et Ucanews)