Divers horizons

Cardinal Koovakad : « Nous, les croyants, sommes majoritaires dans le monde, mais trop souvent silencieux ou divisés »

Le cardinal Koovakad lors du 8e colloque bouddhiste-chrétien, en mai 2025 à Phnom Penh, Cambodge. Le cardinal Koovakad lors du 8e colloque bouddhiste-chrétien, en mai 2025 à Phnom Penh, Cambodge. © Catholic Cambodia / Facebook
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Pour le cardinal George Jacob Koovakad, préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux, l’identité catholique n’est pas compromise par le dialogue interreligieux, qu’il décrit comme comme une voie nécessaire vers l’avant dans un monde de plus en plus sombre et divisé. Le cardinal indien a accordé récemment une interview à l’occasion du 8e Congrès des responsables des religions mondiales et traditionnelles, qui s’est tenu les 17 et 18 septembre au Kazakhstan sur le thème « Dialogue des religions : synergie pour l’avenir ».

À l’issue du 8e Congrès des responsables des religions mondiales et traditionnelles (17 et 18 septembre au Kazakhstan), le cardinal indien George Jacob Koovakad, préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux, a défendu la diplomatie de l’Église au-delà des frontières religieuses, qualifiée non pas comme une « dilution religieuse » mais au contraire comme une « expression de foi ».

« Le dialogue interreligieux consiste à bâtir des relations. Sans relations, nous ne pouvons pas avancer », a-t-il expliqué. « Nous devons vraiment connaître leurs croyances et partager nos préoccupations. Autrement, nous nous basons sur des opinions, nous pensons qu’ils sont comme cela et nous cataloguons. Non, ce n’est pas comme cela que cela doit fonctionner. »

Sortir des stéréotypes, favoriser la compréhension et la confiance

Il a ainsi mis en garde contre le fait de réduire les autres religions à des stéréotypes basés sur l’intelligence artificielle ou des commentaires en ligne. Il a appelé à revenir à une compréhension basée sur des échanges en face-à-face et sur la confiance. « Quand nous, comme personnes religieuses, nous entrons en contact avec les autres, c’est aussi une occasion d’expliquer notre foi. Donc cela nous encourage à apprendre et aussi à grandir dans notre propre foi. »

Les commentaires du cardinal surviennent au milieu de la montée des tensions internationales, entre les conflits armés et les ruptures géopolitiques. La rencontre qui a eu lieu la semaine dernière au Kazakhstan – qui a rassemblé de nombreux responsables religieux et politiques – était, selon le cardinal Koovakad, une initiative qui tombait à point nommé.

« Après la pandémie, nous pensions que la vie serait paisible et calme, mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Il y a différents types de menaces, en particulier des conflits, des guerres, des tensions commerciales, et l’humanité elle-même semble se diriger vers une sorte d’obscurité », a-t-il ajouté. « Ce n’est que par le dialogue, seulement en marchant ensemble, que nous pouvons apporter de l’espoir, de la lumière dans notre vie quotidienne. »

Déclaration finale : les croyants trop souvent silencieux ou divisés

Durant le sommet, le cardinal Koovakad a été invité par le gouvernement kazakh à lire la déclaration finale – un geste de respect envers l’autorité morale du Saint-Siège : « Avec peu d’amendements, nous sommes parvenus à une bonne déclaration, qui porte un message important, même en ne faisant que parler ensemble à propos du terrorisme, de la lutte contre la violence – ce sont des choses importantes. Nous, les personnes qui croyons en Dieu, représentons la majorité de la population mondiale. Mais nous sommes trop souvent silencieux, ou divisés. C’est pourquoi il important de se rassembler. »

Ce congrès marquait le premier engagement majeur du cardinal indien dans le cadre de sa nouvelle responsabilité comme préfet, qu’il assume depuis sa nomination l’an dernier par le pape François. Par ailleurs, c’était aussi une des premières missions internationales majeures sous le nouveau pape Léon XIV.

Le cardinal a d’ailleurs souligné la continuité avec la défense du dialogue voulue par le pape François. « Le nouveau Saint-Père a débuté son pontificat en répétant les paroles de Jésus : ‘La paix soit avec vous.’ Son cœur est pour la paix, et Sa Sainteté est très préoccupée par les conflits et les guerres dans le monde », a-t-il souligné. « J’ai donc senti que, d’une certaine façon, Sa Sainteté et moi-même sommes les fruits de l’amour pour le dialogue et la paix qu’avait le pape François. »

Rencontres œcuméniques en marge du congrès

En marge du congrès, le cardinal Koovakad a rencontré en privé le primat de l’Église apostolique arménienne Aram 1er ainsi que le patriarche Cyrille de Moscou – des rencontres décrites comme inattendues mais particulièrement significatives. « C’était une surprise pour moi qu’ils soient intéressés par une telle rencontre – non pas avec moi personnellement, mais avec l’Église catholique et avec le Saint-Père », a-t-il confié.

« C’était très touchant et intéressant… C’était un moment très fructueux de fraternité, et aussi une occasion de transmettre les salutations du Saint-Père. En retour, ils m’ont demandé de transmettre leurs salutations et leurs prières au Saint-Père également. »

En songeant à la large portée d’un tel congrès, le cardinal a appelé les catholiques à prier – non seulement pour la paix mais aussi pour une conversion des cœurs plus profonde. « Quand les conflits et autres problèmes surviennent, ceux qui souffrent sont les pauvres, les femmes et les enfants. Donc ce n’est pas une option – si nous croyons en Dieu, c’est une obligation, il est indispensable de se parler et de résoudre les conflits », a-t-il insisté. « Je demande à chacun d’entre vous de prier pour la paix et la conversion des cœurs, qui peut à elle seule changer ce monde. »

(Avec Catholic News Agency / Alexey Gotovskiy)

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