Chine : la cathédrale de Pékin, fondée par Matteo Ricci, célèbre ses 420 d’histoire avec une « année de grâce »
Une statue de Matteo Ricci devant la façade de la cathédrale de l’Immaculée-Conception, Pékin. © Alexandrine Chan / CC BY-SA 2.0Le 22/01/2025
La cathédrale de l’Immaculée-Conception de Pékin, fondée par le missionnaire jésuite italien Matteo Ricci, a fêté les 420 ans de sa fondation en inaugurant une « année de grâce » le 14 janvier dernier – une occasion de célébrer la riche histoire de la paroisse et de rappeler les témoignages des premiers évangélisateurs de la Chine, tout en marquant l’ouverture du Jubilé de l’espérance 2025 dans l’archidiocèse de Pékin.
La cathédrale de l’Immaculée-Conception (Pékin), fondée il y a quelque 420 ans par le vénérable Matteo Ricci en 1605, a lancé une « année de grâce » le 14 janvier dernier. Durant son homélie prononcée à l’occasion de la messe inaugurale, le père Pierre Zhao Jianmin, vicaire général de l’archidiocèse de Pékin, a rappelé que le missionnaire jésuite italien a voyagé sans relâche afin d’apporter la flamme de la foi en Chine. « Sa sagesse, son courage et son dévouement ont laissé une marque profonde en chacun de nous », a-t-il remarqué.
Le 14 janvier à Pékin, la célébration inaugurale dans la cathédrale coïncidait avec un « Jour des saints » qui était célébré dans tout l’archidiocèse. L’anniversaire des 420 ans de la paroisse était donc l’occasion d’évoquer les témoignages des premiers évangélisateurs de la Chine. Outre la vie de Matteo Ricci, le père Zhao Jianmin a ainsi rappelé les témoignages du bienheureux Odoric de Pordenone (1286-1331, un des rares Européens à avoir pu se rendre en Extrême-Orient durant le Moyen Âge) et du bienheureux James Zhou Wenmo (mort en martyr en Corée en 1795).
Ces trois témoins « ont renforcé notre foi et renouvelé notre engagement pour l’annonce de l’Évangile », a poursuivi le prêtre. Matteo Ricci était un prêtre jésuite italien et l’une des figures fondatrices des missions en Chine. Odoric était un missionnaire franciscain vénitien du début du XIVe siècle, qui s’est rendu dans de nombreuses régions des Indes et peut-être à Ceylan (aujourd’hui le Sri Lanka), ainsi qu’en Chine où il y a beaucoup voyagé. Enfin, en 1794, le diocèse de Pékin (érigé en 1690) a envoyé James Zhou Wenmo, premier missionnaire étranger en Corée.
La messe d’inauguration de cette « année de grâce » a été célébrée en présence du père Zhang Hongbo, curé de la paroisse de l’Immaculée-Conception, et de nombreux paroissiens de la cathédrale. Tous ceux qui étaient présents ont reçu un livre sur la vie de Matteo Ricci et un fascicule invitant à vivre pleinement le Jubilé 2025. Le père Zhang a expliqué à l’assemblée que les festivités des 420 ans incluront des temps communautaires et spirituels.
Selon les responsables de l’initiative, l’objectif est notamment de rappeler aux paroissiens la riche histoire de l’Église à Pékin et en Chine, afin que les catholiques chinois puissent se sentir soutenus et grandis spirituellement en se souvenant de ces événements fondateurs.
Jubilé 2025 a été inauguré le 28 décembre dans la cathédrale de Pékin
Le pape François a inauguré officiellement l’Année jubilaire 2025 quand il a ouvert la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre de Rome le 24 décembre 2024. Le jubilé ordinaire actuel, qui a lieu tous les 25 ans dans l’Église catholique, s’achèvera avec la fermeture de la même porte le 6 janvier 2026, à l’occasion de la solennité de l’Épiphanie. L’origine de la coutume vient du pape Martin V qui, pour le jubilé extraordinaire de 1423, a ouvert une Porte sainte afin d’entrer dans la basilique du Latran. À Saint-Pierre, elle a été utilisée pour la première fois lors du Jubilé de 1450. L’ouverture précédente de la porte sainte lors d’un jubilé ordinaire remonte à celui de l’an 2000 par le pape saint Jean-Paul II.
L’inauguration du Jubilé de l’espérance dans l’archidiocèse de Pékin a eu lieu le 28 décembre 2024, la veille de la fête de la Sainte-Famille, dans la cathédrale de l’Immaculée-Conception de Pékin. La messe de lancement a été présidée par Mgr Joseph Li Shan, archevêque de Pékin, et par Mgr Matthieu Zhen Xuebin. De nombreux prêtres, religieuses et laïcs de l’archidiocèse étaient également présents. La bulle d’indiction du jubilé ordinaire de l’année 2025, intitulée « Spes non confundit » (« L’espérance ne déçoit pas », Rm 5, 5), a également été lue durant la célébration afin de proclamer l’ouverture du jubilé à Pékin, avant une procession qui invitait les participants à franchir la porte sainte de la cathédrale.
La fondation de la cathédrale de l’Immaculée-Conception de Pékin remonte à 1605, sous le règne de l’empereur Wanli, alors que le père Matteo Ricci avait établi une petite chapelle près de sa maison à Xuanwumen (Pékin). En 1650, la chapelle a été reconstruite et agrandie avec le soutien impérial. La nouvelle église est devenue une cathédrale en 1690. Agrandie en 1703, elle a adopté un style baroque européen, mais a subi des dégâts dus à des séismes et des incendies.
Chaque fois, des empereurs Qings ont contribué au financement des restaurations, signifiant ainsi l’importance symbolique de l’édifice. Confisquée en 1838 durant des tensions avec le gouvernement Qing, la cathédrale a été rendue à l’Église locale en 1860 après la Seconde guerre de l’opium. La structure baroque actuelle est une reconstruction datant de 1904, après des dégâts causés par des forces antichrétiennes durant la révolte des Boxers en 1900. Cette cathédrale est donc devenue un symbole significatif des efforts missionnaires à Pékin, et une page importante de l’histoire du christianisme en Chine.
(Avec Ucanews)