Chine : le Yunnan pleure la mort du père Huang Guirong, un prêtre à la vocation tenace dans les épreuves

Le 16 juin, le père James Huang Guirong est décédé à plus de 90 ans. Ancien administrateur apostolique de l’archidiocèse de Kunming, il a débuté sa formation comme séminariste avant l’arrivée au pouvoir des communistes en Chine. Cependant, il n’a pu être ordonné qu’en 1995 en raison de la fermeture du séminaire, de la Révolution culturelle, de la prison et autres épreuves caractéristiques de l’histoire récente de l’Église en Chine. Sa vie est considérée comme un témoignage de la capacité de l’Église locale à renaître malgré les blessures.

Il a dû attendre plus de quarante ans avant de devenir prêtre, et il a passé plusieurs décennies en prison et dans des usines, sans jamais cesser de nourrir sa vocation. Il a vécu jusqu’au bout en étant au service de ses fidèles au Yunnan. Ceci résume l’histoire du catholicisme en Chine, ses nombreuses blessures et son extraordinaire capacité à renaître, ainsi que le démontre l’exemple du père James Huang Guirong, l’ancien administrateur apostolique de l’archidiocèse de Kunming, qui est décédé le dimanche 16 juin au soir dans le canton de Leping, à plus de 90 ans.

Né dans une famille catholique le 25 juillet 1933 (ou 1932) dans le canton de Huaping, Lijiang (au Yunnan, une province du sud-ouest de la Chine), il était le plus jeune après deux sœurs aînées. Enfant, il a étudié dans l’école paroissiale locale, et il est entré au séminaire à Kunming. En 1949, quand les communistes sont arrivés au pouvoir, le séminaire a été fermé, mais la graine de la vocation est restée en lui ; James Huang Guirong l’a gardée dans son cœur, en traversant toutes les épreuves sans y renoncer.

« Il prêchait l’Évangile tout en travaillant »

En 1953, avec le consentement du père Louis He Dezong, ancien administrateur apostolique de Kunming après le départ forcé de Mgr Alexandre Derouineau, MEP, le jeune James a étudié la théologie et la philosophie durant un temps dans la cathédrale. Mas deux ans plus tard, il a été forcé de travailler comme ouvrier dans un garage. Cela ne l’a pas empêché de participer activement à la vie de la communauté locale catholique. Pour cette même raison, en 1966, quand la nouvelle tourmente de la Révolution culturelle est arrivée, il a été arrêté et a passé plus de dix ans en prison.

Libéré en 1978, il est retourné travailler dans une boutique de machines agricoles dans le canton de Mile. Quand cette dernière a fermé en 1986, il a continué de vivre au village de Xiaomabu en travaillant comme charpentier. Il a raconté que durant ces années, alors que la Chine vivait ses premières timides ouvertures, il prêchait l’Évangile tout en travaillant.

En 1994, après environ un an de formation aux côtés du père Louis He Dezong, il a considéré qu’il était prêt à devenir prêtre. Le père He a alors été envoyé dans des camps de travail durant la Révolution culturelle, mais après cela, il s’est mis patiemment à reconstruire l’Église locale au Yunnan. L’ordination longtemps attendue du père Huang a eu lieu le 4 juin 1995 dans la cathédrale de Zhaotong, par les mains de Mgr Matthew Chen Muchen, alors âgé de 92 ans et qui est décédé seulement deux ans plus tard.

« Le père James était un prêtre très respecté dans l’Église au Yunnan »

L’administrateur apostolique, le père He Dezong, l’a assigné au village de Lefeng, dans le district de Qujing. Puis en février 2012, après la mort du père Zhang Wenchang, qui avait succédé au père He Dezong à la tête de la communauté de Kunming et de deux autres diocèses au Yunnan, le père Huang est devenu administrateur apostolique. Ceci s’est passé à une époque difficile, alors que les organes officiels contrôlés par le Parti communiste chinois avaient imposé l’ordination épiscopale d’un jeune prêtre, le père Ma Yinglin, sans l’accord du Saint-Siège.

Le pape François a permis de dépasser cette rupture en 2018, quand Mgr Ma a été réadmis au sein de la pleine communion ecclésiale, avec six autres prélats chinois qui avaient eux aussi été ordonnés sans l’accord du Vatican. Cela s’est fait dans le cadre de l’accord provisoire signé en 2018 entre Rome et Pékin sur la nomination des évêques.

Malgré tout cela, l’ancien administrateur apostolique James Huang Guirong est toujours resté une figure exemplaire pour tous. « Le père James était un prêtre très respecté dans l’Église au Yunnan », indiquait la note biographique publiée après sa mort. « Il a mené une vie simple et dure, il était méticuleux, consciencieux et responsable dans son travail pastoral. Dans la société matérialiste d’aujourd’hui, être capable de maintenir un tel état de pureté et rester sans tache est un miracle de notre temps. »

(Avec Asianews)