Colombo : des inondations massives frappent la capitale, aggravées par les activités humaines
Batticaloa, Sri Lanka (photo d’archive). © Nonviolent Peaceforce (CC BY-NC-ND 2.0)Le 14/09/2023
La semaine dernière, la capitale sri-lankaise, Colombo, a été frappée à son tour par des inondations massives causées par des fortes pluies, à l’instar d’autres régions d’Asie comme en Chine. La ville de Hong-Kong a ainsi enregistré les plus fortes précipitations en près de 140 ans. À Colombo, le Département de météorologie du Sri Lanka a enregistré 95 mm de pluies avec plusieurs quartiers intégralement inondés. Une situation aggravée par l’urbanisation et l’expansion rapide de la ville, qui compte un réseau de 44 km de canaux.
Des pluies fortes ont causé des inondations massives dans plusieurs régions d’Asie au cours de la semaine dernière. La ville de Hong-Kong a ainsi enregistré les plus importantes précipitations depuis 1884. Au Sri Lanka, des quartiers entiers de la capitale, Colombo, ont été lourdement affectés.
Selon le Département de météorologie du Sri Lanka, la ville a subi environ 95 mm de précipitations. En l’espace de deux heures, certaines rues du quartier de Maradana ont été intégralement inondées, l’eau atteignant près de 60 cm de haut. Les quartiers de Thummulla, Armour Sreet et Colombo Fort ont été complètement inondés, en bloquant le trafic durant plus de trois heures.
Au cours des trois dernières décennies, les inondations ont été un problème récurrent à Colombo. Le problème s’est amplifié par l’empiétement des activités humaines sur les zones humides (des zones de transition entre milieux terrestres et aquatiques, caractérisées par la présence d’eau en surface ou dans le sol), par le développement de zones d’habitation informelles et par un système d’assainissement urbain inefficace (ce qui cause l’obturation des plus petits canaux de drainage et le débordement du réseau de canaux principal).
« Les inondations pourraient provoquer des maladies hydriques »
« Les pluies torrentielles et les conditions météorologiques extrêmes exigent un système de prévention des inondations particulièrement efficace, parce que celles-ci pourraient provoquer des maladies véhiculées par l’eau en attirant les moustiques », signalent des ingénieurs dans la capitale.
En plus des inondations, plusieurs arbres sont tombés près du World Trade Centre (un bâtiment jumeau de 152 m de haut) et des tribunaux d’instance (Magistrate Courts), dans la zone métropolitaine de Colombo. Les travaux routiers ont endommagé les racines, ce qui fait que les arbres « ont tendance à tomber durant les épisodes de vents violents », explique Kailayar Ramesh, directeur du Département Environnement et Territoires du Conseil municipal de Colombo (CMC).
« L’ouverture des écluses du lac Beira et l’utilisation des deux stations de pompage d’eau de pluie, prévues par le projet de développement urbain de la métropole de Colombo, sont les mesures immédiates qui sont entreprises pour contrôler les inondations », ajoutent Samantha Kahawita et Senarath Amaratunga, ingénieurs. « Le CMC travaille aux côtés de la SLLDC [Sri Lanka Land Development Corporation] afin de dégager les canaux et les égouts. Les principales raisons des inondations dans la région de Colombo sont les déversements d’ordures dans les canaux, en particulier des matières plastiques », précise-t-il.
Une situation aggravée par l’urbanisation et l’expansion rapide à Colombo
« Une autre raison majeure est l’urbanisation et l’expansion rapide de la ville. Peu à peu, les surfaces perméables telles que la terre et la végétation ont été remplacées par des surfaces non poreuses comme le béton et l’asphalte. Cela a considérablement réduit l’absorption naturelle de l’eau, en aggravant les débordements des réseaux d’égouts et les inondations urbaines », poursuivent les experts.
Pour résumer, concluent-ils, « les inondations à Colombo sont provoquées par des pluies fortes et par un système de drainage insuffisant, qui manque de capacité et d’efficacité ». « Les engorgements des égouts et des canaux peuvent entraver l’écoulement de l’eau, ce qui contribue aux inondations. Les constructions et le développement urbain des quartiers inondables, y compris dans les zones humides et sur les rives des fleuves, peuvent perturber l’écoulement naturel de l’eau et aggraver les inondations », insistent-ils.
« Après les dernières inondations, le ministère a alloué 595 millions de roupies sri-lankaises [1,7 million d’euros] afin de pouvoir commencer immédiatement le nettoyage du réseau de 44 km de canaux avec la SLLDC. » Toutefois, des problèmes non résolus demeurent comme « le déversement continu d’ordures dans les canaux ». « Ceux-ci sont les principaux obstacles pour la prévention des inondations », explique Bhadrani Jayawardena, du CMC.
(Avec Asianews)