Corée du Sud : 3 500 catholiques appellent la Cour constitutionnelle à prendre une décision sur la destitution de Yoon

Le 01/04/2025
Ce dimanche 30 mars à Séoul, presque 3 500 catholiques sud-coréens, dont 19 évêques, 2 118 prêtres et 1 436 religieuses, ont manifesté afin de faire pression sur la Cour constitutionnelle qui tarde à se prononcer sur la destitution du président Yoon Suk-yeol. Depuis la motion de destitution votée en décembre, la Cour a 180 jours pour la confirmer ou non, donc jusqu’en juin. « Les tensions sociales et le chaos ont dépassé un point critique », signale le groupe de fidèles dans un communiqué.
Presque 3 500 catholiques sud-coréens, dont des évêques, prêtres, religieuses et laïcs, ont manifesté à Séoul ce dimanche 30 mars afin de protester contre la Cour constitutionnelle qui retarde sans cesse sa décision sur la destitution du président Yoon Suk-yeol.
« La colère des citoyens qui attendent un jugement rapide et décisif face à l’arrogance de la Cour constitutionnelle est sur le point d’exploser », affirme le communiqué publié par le groupe. « Les tensions sociales et le chaos ont dépassé un point critique », ajoutent les signataires, parmi lesquels se trouvent 19 évêques, 2 118 prêtres et 1 436 religieuses.
Mgr Simon Ok Hyun-jin, évêque de Gwangju, Mgr Jean Chrysostome Kwon Hyok-ju, évêque d’Andong, Mgr Jean Kim Son-tae, évêque de Jeonju, Mgr Pie Moon Chang-woo, évêque de Cheju et Mgr Simon Kim Ju-young, évêque de Chuncheon, entre autres, ont signé la déclaration. La manifestation était organisée par la Commission Justice et Paix du diocèse de Chuncheon.
« Nous demandons à la Cour constitutionnelle si c’est tellement difficile de condamner les actions anticonstitutionnelles et illégales de ceux qui ont mobilisé les militaires pour bloquer l’Assemblée nationale et la Commission électorale et arrêter les juges et les élus », souligne le communiqué. « Nous espérons que vous annoncerez votre verdict dès maintenant, même s’il était attendu depuis longtemps. »
La décision sur la destitution de Yoon doit avoir lieu d’ici juin
Le 3 décembre 2024, le président Yoon a déclaré la loi martiale en Corée du Sud et déployé l’armée autour du Parlement. Sa tentative de suspendre le régime civil a duré seulement six heures, quand les parlementaires ont défié les soldats afin de voter la levée de la loi martiale. Ils ont rapidement voté une motion de destitution contre le président, qui a été suspendu de ses fonctions. Par ailleurs, Yoon est aussi jugé pour « insurrection », un des seuls crimes qui n’est pas soumis à l’immunité présidentielle, ce qui veut dire qu’il pourrait être condamné à la prison voire à la peine de mort pour une telle accusation.
La Cour constitutionnelle avait 180 jours pour confirmer sa destitution, donc celle-ci doit être validée ou non d’ici le mois de juin. Dans le passé, la Cour s’est décidée en quelques semaines pour des cas précédents de destitution présidentielle, mais l’annonce est retardée depuis plusieurs semaines sans explications. Au moins six des huit juges de la Cour doivent voter sa destitution pour qu’elle soit validée.
Des manifestations massives de partisans et opposants du président Yoon
Dans leur communiqué, les signataires accusent également le Premier ministre Han Duck-soo, qui assume actuellement les responsabilités présidentielles en Corée du Sud, de corruption pour avoir différé la nomination de trois juges pour pourvoir des postes vacants à la Cour constitutionnelle. Selon eux, Han Duck-soo « refuse de pourvoir ces postes, même après avoir entendu la décision de la Cour constitutionnelle qui a jugé que le président avait ‘violé ses devoirs constitutionnels en refusant de nommer trois personnes élues par l’Assemblée nationale comme juges constitutionnels’ ».
Han Duck-soo a été suspendu de ses fonctions pour cette raison. Il avait déclaré qu’il ne procéderait pas à ces nominations tant que les partis de l’opposition ne se mettraient pas d’accord sur sa capacité à le faire avant une décision sur la destitution de Yoon. Les signataires ont ajouté que même s’ils ne sont que des « prêtres et des religieux sans pouvoir », ils aideront à « briser l’injustice et dévoiler les mensonges ».
Ces dernières semaines, la Corée du Sud a connu des manifestations massives de partisans et d’opposants du président Yoon. Le 29 mars, près de 15 000 manifestants se sont rassemblés près du palais de Gyeongbok, en brandissant des affiches demandant la « destitution immédiate » de Yoon et en chantant « Arrêtez l’insurrection et embrassez un nouveau monde », selon l’agence de presse YNA. Par ailleurs, environ 23 000 partisans de Yoon se sont rassemblés dans le centre de Séoul pour ce qui est devenu un mouvement régulier mené tous les week-ends, afin de dénoncer sa destitution comme « nulle et non avenue » et en demandant à la Cour constitutionnelle de voter en sa faveur.
(Avec Ucanews et Catholic Times of Korea)