De l’union sacrée à la canonisation de Jeanne d’Arc, le rétablissement des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la France
Rédigé par Dr. Gianfranco Armando (Archivio Apostolico Vaticano), le 25/10/2024
En 1904, au moment de la rupture des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la République française, il y avait 9 nonces dans le monde, qui sont passés à 13 en 1914, 20 en 1920 et 34 en 1939, à la mort de Pie XI. Mgr Bonaventura Cerretti fut envoyé à Paris en 1921 au moment du rétablissement des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la République Française, il était un expert en diplomatie mais aussi homme de combat, habitué à agir plus parmi les hommes que dans un bureau.
Avec Cerretti, un nonce revient à Paris après 16 ans. Le nonce choisi avait également été à la conférence de paix de Versailles pour les questions concernant la destination des missions catholiques allemandes. Nous sommes dans un moment très délicat de la politique internationale La guerre est terminée depuis quelques années, les bouleversements ont été nombreux. Le Saint-Siège tente de sortir d’un long isolement diplomatique, et la France victorieuse de l’Union Sacrée souhaite à son tour renouer avec le siège de Pierre.
On se souvient d’une expression du cardinal Rampolla, secrétaire d’État à l’époque de Léon XIII : « Quand la France manque à l’Église, et l’Église à la France, il y a quelque chose dans le monde qui ne va pas ». L’une des raisons du rapprochement avec le Saint-Siège de la France, à l’époque grande puissance coloniale et victorieuse de la guerre, est que le gouvernement français a besoin du soutien de missionnaires français qui vivent et travaillent dans les colonies africaines, au Proche-Orient, en Indochine et dans l’Extrême Orient.
La tâche de Cerretti sera avant tout de rétablir de bonnes relations avec le gouvernement français, dans un régime qui n’est plus celui du concordat, mais celui d’une séparation très nette entre l’État et l’Église. Parmi les nombreux enjeux de la délicate mission française, il convient de mentionner celui de donner un statut juridique à l’Église de France, soumise à une législation séparatiste depuis 1905 et qui, de ce fait, n’étant plus reconnue comme une personnalité juridique, ne pouvait, entre autres, être propriétaire d’aucun bien-être propriétaire d’aucun bien.
Paris s’est retrouvé dans ces années-là, en raison de la conférence de paix de Versailles, au centre de la politique international : être à Paris signifiait donc, également pour le Saint-Siège, mieux connaître le monde des relations internationales, être en mesure d’apprendre beaucoup de choses sur la politique internationale., en ayant la possibilité d’apprendre beaucoup d’informations grâce aux nombreux diplomates présents. Le nonce, selon le traité du Congrès de Vienne, est reconnu par
le gouvernement français comme le doyen du corps diplomatique, ce qui lui permet de bénéficier d’un traitement préférentiel diplomatique, et d’avoir des relations privilégiées non seulement avec le ministère des Affaires étrangères, mais aussi avec les ambassadeurs des nombreux pays accrédités auprès de la République française. Au niveau international, de glorieuses nonciatures ont été fortement réduites après la guerre, tout d’abord celle de Vienne, qui n’est plus auprès de l’Empereur, Sa Majesté Césarea, après l’effondrement de la monarchie séculaire des Habsbourg mais accréditée auprès d’une République à la vie encore très incertaine. Le Saint-Siège poursuit ainsi sa politique de réintégration dans l’assemblée des nations, après quelques décennies d’isolement, depuis la fin du pouvoir temporel en 1870. La présence d’un nonce dans la capitale la plus importante de l’époque, permet de connaître tout ce qui vient d’être dit, tout en facilitant la manœuvre du Saint-Siège, l’action diplomatique du Saint-Siège en dehors de l’Italie, loin du contrôle gouvernemental du royaume italien dans des années encore marquées par l’affrontement pré-Concordat entre l’État et l’Église. Paris est enfin une place financière importante et sert donc aussi à administrer, à l’abri des regards indiscrets, les finances du Vatican.
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