Thaïlande

En 2019, l’Église du Siam préparait la venue du pape François

2019: le pape François en Thaïlande.
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En mai 2019, la Thaïlande célébrait le jubilé des 350 ans de la mission de Siam. La messe présidée par le cardinal Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples a été suivie par un spectacle grandiose retraçant l’histoire de la mission et son enthousiasme présent. Les pèlerinages et événements se sont succédés toute l’année, avec comme point d’orgue la venue du pape François à la fin du mois de novembre 2019. Les Thaïlandais ont une grande ferveur pour le pape, et avaient préparé activement cette visite apostolique.


Extraits d’un article paru dans la Revue MEP N°555 – Décembre 2019

Les Thaïs aiment faire la fête. (…) L’Église et les catholiques thaïlandais ne sont pas en reste. Si on entend parfois que les églises sont les « temples des Occidentaux », les fidèles ne se sentent aucunement écartés de la société thaïlandaise. Pour eux, le catholicisme est bien une religion qui vient de l’étranger, mais certainement pas une religion étrangère, c’est la leur. Quelle que soit leur origine, le sens de la fête est donc inné chez les catholiques thaïlandais. Il ne peut être que renforcé par toutes les occasions que présentent le calendrier liturgique. En dehors de l’Avent et du Carême, chaque église attend son tour pour célébrer sa fête patronale, et chaque communauté religieuse prépare la fête de son saint patron ou de son fondateur avec enthousiasme.

Alors bien sûr, quand arrive le jubilé des 350 ans de la mission de Siam (ancien nom de la Thaïlande), l’Église de Thaïlande n’est pas en reste, et chaque diocèse organise son événement en fonction de ses moyens. La Société des Missions Étrangères de Paris est systématiquement invitée et honorée, l’Église de Thaïlande conserve une mémoire aigüe de son histoire et de sa fondation. Dans les églises de Bangkok et de nombreux autres diocèses s’affichent des portraits de Mgr Lambert de La Motte (1624—1679) et de Mgr Laneau (1637—1696, premier vicaire apostolique du Siam) et le cas échéant les portraits des missionnaires bâtisseurs. Dans les écoles catholiques, l’écrasante majorité des élèves n’est pas catholique, mais tous apprennent les rudiments de l’histoire de la mission au Siam et donc de leur propre école. Le sentiment de reconnaissance des élèves envers les fondateurs et l’Église est réel, et savamment entretenu par les religieuses grâce à des expositions obligatoires et des prières fréquentes.

L’impression générale qui se dégage de ces fêtes successives et du jubilé est la joie qu’ont les catholiques de se retrouver pour prier et célébrer Dieu, ainsi que de montrer avec démonstration qu’ils sont fiers de leur foi, de leur communauté de vie chrétienne et de leur Église. Ils constatent néanmoins que la vitalité des grandes paroisses et des écoles, si elles suscitent une sympathie et un respect des non-catholiques, a du mal à lutter contre l’individualisme galopant et les technologies modernes, qui minent toute forme de vie spirituelle, en particulier chez les jeunes. Ces dernières décennies, la croissance de la communauté a surtout été assurée par les familles catholiques, les conversions restent rares. L’Église cherche donc à insuffler chez tous les fidèles un nouvel élan missionnaire, ainsi qu’en témoigne le thème retenu pour la visite apostolique du souverain pontife : « Disciple du Christ, Disciple Missionnaire ».

P. Brice Testu, MEP

Jeudi 21 novembre 2019, le pape a présidé une grande messe au Stade national de Bangkok, suivie par plus de 50 000 participants.
© MEP


Le pape François à Bangkok

Le pape François a atterri à Bangkok, mercredi 20 novembre au matin, pour une durée de trois jours avant de s’envoler à nouveau, dès le 23 novembre, pour trois jours au Japon.

Dans le premier discours public de son voyage apostolique de sept jours en Thaïlande et au Japon, le pape François a particulièrement insisté sur le problème de la crise migratoire actuelle en Asie. Après avoir reçu un accueil officiel à « Government House », où il a rencontré le Premier ministre Prayut Chan-o-cha, il s’est adressé aux autorités civiles et religieuses et aux membres du corps diplomatique thaïlandais. Dans son discours, le pape a confié que les mouvements de migration « constituent l’un des signes caractéristiques de notre temps ». « Non pas tant à cause de la mobilité en elle-même qu’en raison des conditions dans lesquelles elle se déroule, ce qui représente l’un des principaux problèmes moraux qu’affronte notre génération », a-t-il ajouté.Le Saint-Père a confié son espérance que « la communauté internationale agisse avec responsabilité et prévoyance, qu’elle puisse résoudre les problèmes qui conduisent à cet exode tragique et promeuve une migration sûre, ordonnée et régulée ». « La crise migratoire mondiale ne peut pas être ignorée », a-t-il insisté. « Même la Thaïlande, connue pour l’accueil qu’elle a réservé aux migrants et aux réfugiés, a affronté cette crise due à la fuite tragique de réfugiés de pays voisins. » Selon le rapport 2019 du Groupe de travail des Nations unies en Thaïlande sur la migration, sur 69 millions d’habitants, 4,9 millions sont des non thaïlandais – un chiffre qui a augmenté d’1,2 million en cinq ans. Les plus minorités les plus importantes sont originaires du Cambodge, du Laos, de Birmanie et du Vietnam. La Thaïlande compte neuf camps qui accueillent environ 93 000 réfugiés, dont la majorité sont des minorités ethniques originaires de Birmanie.
En s’adressant aux autorités thaïlandaises, le pape François a particulièrement attiré l’attention sur les femmes et les enfants qui sont « rendus vulnérables, violentés et exposés à toute forme d’exploitation, d’esclavage, de violence et d’abus ». Le pape a également salué les efforts du gouvernement thaïlandais pour « en vue d’éliminer ce fléau, ainsi qu’à toutes les personnes ou organisations qui œuvrent inlassablement pour éradiquer ce mal et ouvrir un chemin de dignité ». « L’avenir de nos peuples dépend, dans une grande mesure, de la manière dont nous garantissons à nos enfants un avenir dans la dignité », a-t-il ajouté.
Le pape François a également évoqué la situation politique thaïlandaise, en félicitant le pays pour avoir organisé des élections générales en mars dernier, pour la première fois depuis le coup d’État militaire de 2014, mené par le Premier ministre actuel, le général Prayut Chan-o-cha.

Avec Ucanews

La préparation des ornements liturgiques pour la venue du pape François en Thaïlande en 2019 :

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