En Corée du Nord, les chrétiens toujours persécutés selon le dernier rapport de l’AED

Le 25/10/2024
Alors que le gouvernement nord-coréen tente de fournir une illusion de liberté de religion au monde extérieur, la liberté religieuse reste inexistante dans ce pays. Le régime fait partie des 18 pays étudiés par le dernier rapport de l’Aide à l’Église en Détresse, intitulé « Persécutés et Oubliés », sur les chrétiens opprimés pour leur foi (2022-2024). La fondation ne signale aucun changement sur cette période dans le régime nord-coréen : « Les chrétiens risquent toujours de subir différentes formes de torture dans les camps de travail. »
Dans son dernier rapport sur « les chrétiens opprimés pour leur foi », intitulé « Persécutés et opprimés », l’Aide à l’Église en Détresse évoque l’évolution de la liberté religieuse dans 18 pays, en citant seulement une « légère amélioration » au Vietnam, « aucun changement » dans six pays (dont la Corée du Nord et la Birmanie), deux cas de « légère régression » et neuf cas de « régression » (dont l’Inde, la Chine et le Pakistan). L’AED précise qu’il ne s’agit pas nécessairement « des 18 endroits les plus dangereux où vivre si on est chrétien, mais plutôt des pays où la situation des fidèles a été d’un intérêt particulier » au cours de la période étudiée, qui s’étend d’août 2022 à juin 2024.
En Corée du Nord, le rapport cite plusieurs sources dont le rapport 2023 du Département d’État américain sur la liberté religieuse internationale, le site persecution.org (« L’Évangile inarrêtable en Corée du Nord ») et le site dailynk.com,ainsi que le rapport 2024 de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), publié en mai.
Le rapport « Persécutés et opprimés » commence par rappeler que le régime totalitaire instauré par la dynastie Kim s’impose sur la Corée du Nord depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. « La seule ‘religion’ acceptée est le Juche, une idéologie marxiste d’autosuffisance créée par le fondateur du pays, Kim Il-sung », précise la fondation, en soulignant que le christianisme « est considéré comme une menace importante à la suprématie de l’État et à la domination de la famille Kim, ce qui impose la clandestinité aux croyants ».
Les chrétiens nord-coréens pourraient être « un peu plus de 98 000 »
S’il est difficile de donner un chiffre exact du nombre de chrétiens en Corée du Nord, le rapport estime qu’ils représentent « environ 0,38 % de la population, soit un peu plus de 98 000 personnes ». Ces croyants peuvent être « confrontés à une persécution extrême » : « Toute personne identifiée comme chrétienne ou montrant de l’intérêt pour le christianisme ou la Bible devient un ennemi de l’État. »
Le rapport rappelle également que ceux qui pratiquent le christianisme « peuvent être envoyés dans des camps de travail, où ils meurent de faim et subissent la torture ». Le gouvernement impose donc une loyauté sans faille et exige que « les personnes agissent comme informateurs et endoctrinent les enfants pour qu’ils dénoncent leurs parents ». Les chrétiens nord-coréens doivent donc être « extrêmement discrets dans leurs expressions et leurs actions ».
L’idéologie régnante nord-coréenne traite les religions comme des menaces
L’AED évoque aussi le dernier rapport annuel 2024 de l’USCIRF, qui recommande au département d’État des États-Unis de redésigner la Corée du Nord comme « pays particulièrement préoccupant » sur la base des conditions de la liberté religieuse en 2023.
Selon l’USCIRF, en 2023, la situation de la liberté de religion en Corée du Nord reste l’une des pires au monde, alors que les chrétiens sont considérés par le gouvernement comme des « contre-révolutionnaires » et des « traîtres » qui doivent être supprimés. Le rapport de l’AED et la commission américaine évoquent tous deux le cas d’un groupe de cinq chrétiens, arrêtés en avril 2023 par les autorités du village de Tongam, dans la province de Pyongan du Sud, pour possession de plusieurs dizaines de Bibles.
« L’idéologie régnante nord-coréenne, connue comme le Kimilsungisme-Kimjongilisme, interdit toutes les idéologies concurrentes, y compris religieuses et traite les religions comme des menaces existentielles », souligne l’USCIRF en expliquant que le système discriminatoire nord-coréen, appelé « Songbun », classifie les citoyens selon leur degré de loyauté apparente envers l’État.
La liberté religieuse reste inexistante
Malgré cette situation, le gouvernement nord-coréen tente de fournir une illusion de liberté de religion au monde extérieur, via des sites religieux et organisations religieuses contrôlés par l’État, dont la Fédération bouddhiste, la Fédération chrétienne coréenne et l’Association catholique coréenne. « En réalité, la liberté religieuse reste inexistante et les autorités ciblent et persécutent activement et systématiquement les groupes et fidèles religieux », poursuit la commission américaine dans son rapport annuel.
Parmi les recommandations de la commission, on trouve notamment la suggestion de renforcer la coopération avec la Corée du Sud afin d’assurer « le transfert en toute sécurité des réfugiés nord-coréens vers le Sud ».
En effet, parmi les incidents notables signalés par l’AED depuis 2022, la fondation rapporte qu’en avril 2024, parmi les plus de 200 transfuges nord-coréens rapatriés de Chine en 2023, ceux qui ont été en lien avec des chrétiens durant leur séjour en Chine ont été envoyés dans des camps de prisonniers. « On estime qu’entre 50 000 et 70 000 Nord-Coréens se trouvent dans des camps de prisonniers simplement parce qu’ils sont chrétiens », précise l’organisation.
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