Timor oriental

[En direct] Les Timorais se préparent à accueillir le pape

Procession avant la célébration de la première messe d’un prêtre nouvellement ordonné Procession avant la célébration de la première messe d’un prêtre nouvellement ordonné © F. Salvignol
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Le gouvernement timorais tout comme l’Église du Timor Oriental et les habitants travaillent sans relâche pour assurer le succès de la visite du pape dans le pays.

Le Timor Oriental se situe à quelque 13 000 km de la métropole française. Ce pays occupe l’est de l’île du Timor, tout au bout de la chaîne d’îles composant l’Indonésie, et se trouve au Nord de la ville de Darwin, en Australie. C’est un petit pays d’à peine 1.4 million d’habitants, dont le tiers a moins de 15 ans. Ce pays très pauvre, a obtenu son indépendance après l’occupation du Portugal puis de l’Indonésie il y a maintenant un peu plus de vingt ans. Il a traversé des évènements traumatiques qui pèsent encore sur le peuple timorais. Celui-ci les a supportés en restant fortement attaché à sa culture et à sa foi, toutes deux en fait intimement liées. Plus de 95% de la population est catholique et elle ressent que cette foi fait profondément partie de son identité. Pourtant la connaissance et la pratique de la foi sont encore très fragiles, l’éducation scolaire et religieuse restant peu accessibles au Timor Oriental. C’est ici que vient le Pape François pour la première fois.

Saint Jean-Paul II était déjà venu en 1989 à un moment de grande difficulté durant l’occupation Indonésienne et la guerre civile. Cette nouvelle venue remplit les Timorais de beaucoup d’espoir et de nombreuses attentes. Il faut que cela soit un moment de paix et de réconciliation, un évènement qui contribue à la stabilité du Timor. Le fait que le pape visite l’Asie et le Pacifique est vu par eux comme une bénédiction de Dieu. Les Timorais sont fiers que le pape vienne chez eux. Ils sont excités, en grande jubilation et dévoués à la préparation et à la participation à cet évènement. Les familles, communautés et paroisses expriment leur désir de voir le pape et prient beaucoup pour lui, pour sa santé et pour le succès de sa visite pour le bien du peuple timorais, des catholiques et de toute la population. L’ouverture récente au monde confronte les Timorais à de nombreuses cultures, où le matérialisme se fait sentir de plus en plus. D’anciennes traditions païennes et superstitions demeurent aussi dans les régions plus reculées, retenant parfois de mauvaises habitudes qui contraignent le développement économique et humain. C’est pourquoi beaucoup désirent et espèrent que cette visite ait un fort impact, qu’elle renforce la foi, pas uniquement comme une identité à laquelle on se rattache, mais comme une réalité et une pratique de vie. Ils recherchent une culture qui vient de Dieu plutôt que des hommes, un pays évangélisateur où tous les baptisés, pas uniquement les religieux, participent à la responsabilité de porter la foi et de la transmettre. Et le thème de la visite s’y prête bien : « Que votre foi devienne votre culture ». La visite du pape relance ainsi une dynamique pour implanter leur foi dans leur culture tout en demeurant timorais.

Habits traditionnels
Habits traditionnels
© F. Salvignol

La joie des préparatifs

Cette visite à laquelle ils donnent une telle importance s’accompagne d’une préparation de taille. Des comités sont préparés à Dili, la capitale, puis des personnes sont envoyées dans les villages et paroisses pour transmettre le catéchisme et enseigner. Chaque lieu organise des activités plus particulières. Les préparations varient donc selon les communautés. Dans la municipalité d’Ermera par exemple, et son sous-district de Railaco, des rencontres, des séminaires et des programmes spirituels sont organisés pour préparer les gens à la visite et à la messe finale à Tacitolu à Dili. Des retraites, des récollections et des formations spirituelles ont été mises en place au niveau de la paroisse de Railaco – gérée par les jésuites – et des nombreuses chapelles au sein des villages disséminés dans les montagnes alentour qui y sont rattachées. Ces programmes, destinés aux jeunes comme aux plus âgés ont beaucoup de succès. Les nombreux participants montrent ce désir profond des Timorais et cette attente de la visite du pape. Ces activités les aident à se concentrer sur leur intériorité, cœur et esprit, afin de se préparer à vivre une expérience spirituelle durant la visite du pape.  Une aide financière, tout comme des tee-shirts et autres objets, sont donnés, ce qui permet à davantage de personnes de participer à l’évènement. L’administration du village met aussi à disposition l’emploi du temps de la visite et un bus est mis en place pour se rendre à Dili pour la messe. Des Arku oan sont aussi confectionnés, ce sont des petits bâtons avec des feuilles de palmier qui sont utilisés pour décorer les deux côtés de la route qui accueille un invité important.

Production de Arku oan
Production de Arku oan
© F. Salvignol

Dans certaines communautés religieuses, on enseigne qui est le pape, son rôle en tant que vicaire du Christ et successeur de saint Pierre. Un temps est aussi pris pour lire les textes du pape.

Ainsi chacun fait des préparations selon ses moyens, mais tous ne pourront pas assister à l’évènement à Dili. Cela n’empêchera pas les Timorais de fêter cette venue où qu’ils soient, avec une abondance de joie, de danses et de nourriture : la fête est un plaisir qu’ils chérissent !

Florian Savignol, volontaire MEP au Timor Oriental