Inde

En Inde, 234 millions d’habitants vivent dans une pauvreté « aiguë » selon l’Onu

Un foyer pauvre près d’Hyderabad (État du Télangana, au sud de l’Inde). Un foyer pauvre près d’Hyderabad (État du Télangana, au sud de l’Inde). © ILRI / CC BY-NC-ND 2.0/Mann
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Le 17 octobre, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a présenté l’Indice mondial de pauvreté multidimensionnelle 2024. Publié tous les ans, il brasse des données de 112 pays (6,3 milliards d’habitants) et inclut des indicateurs comme le manque de logements adéquats, de systèmes d’assainissement, d’électricité, de combustibles pour la cuisine, d’alimentation et de systèmes scolaires. Sur 1,1 milliard d’habitants se trouvant dans une situation de pauvreté « aiguë », un sur cinq se trouve en Inde.

Le dernier rapport annuel du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), présenté jeudi dernier par l’agence de l’Onu et par le centre de recherche Initiative d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain (OPHI), signale que plus d’1 milliard d’habitants dans le monde se trouvent dans une situation de pauvreté « aiguë », dont la moitié sont des mineurs. Selon le rapport, l’Inde fait partie des cinq pays au monde comptant le plus grand nombre d’habitants en situation de pauvreté.

Le nouvel Indice mondial de pauvreté multidimensionnelle se base sur des chiffres de 112 pays (soit 6,3 milliards d’habitants) et inclut dix indicateurs de pauvreté multidimensionnelle (éducation des enfants, nutrition, mortalité infantile, accès à l’électricité, accès à l’eau…). L’Indice remarque en particulier que 40 % des plus pauvres vivent dans des pays en proie à la en guerre, fragilisés ou peu paisibles.

L’Inde compte près de 234 millions d’habitants vivant dans la pauvreté, selon les indicateurs du programme de l’Onu. Le pays d’Asie du Sud est suivi par le Pakistan (93 millions), l’Éthiopie (86 millions), le Nigéria (74 millions) et la République démocratique du Congo (66 millions). Ensemble, ces cinq pays représentent presque la moitié (48,1 %) des plus pauvres de la planète, sur 1,1 milliard d’habitants dans une pauvreté « aiguë ».

« En Inde, dans nos institutions, où est la politique pour les pauvres ? »

En Asie du Sud, 272 millions d’habitants vivent dans des foyers comptant au moins une personne sous-alimentée, soit davantage qu’en Afrique subsaharienne (256 millions), et environ 83,7 % des plus pauvres d’Asie du Sud vivent dans des régions rurales. Dans toutes les régions du monde, les résidents ruraux sont plus pauvres que ceux des régions urbaines. Au total, 28 % de la population rurale mondiale est considérée comme pauvre, par rapport à 6,6 % de la population urbaine mondiale.

« Ces chiffres sont profondément choquants », réagit le père Nithiya Sagayam, franciscain, secrétaire de la Commission des évêques du Tamil Nadu pour les groupes sociaux les plus marginalisés et ancien secrétaire général de la Commission de la Conférence des évêques indiens (CBCI) pour la Justice, la Paix et le Développement. « Nous avons négligé le développement social et économique de notre peuple. Beaucoup de ressources ont été affectées aux secteurs commerciaux. Nous n’avons pas suffisamment élevé notre voix contre ce phénomène. Le pape a souligné très clairement que l’Église doit être l’Église des pauvres. »

Il reconnaît que c’est un défi qui touche particulièrement l’Église indienne : « Dans toutes nos institutions, où est la politique en faveur des pauvres ? Dans les écoles, cela n’existe pas ; où se retrouvent les indigènes [Adivasis] et les Dalits [‘intouchables’] ? Nous avons besoin de synodalité sociale, en prenant en compte les situations d’oppression, le système de caste, les divisions, les discriminations, les droits, les rites… Il y a beaucoup de choses qui ne nous inquiètent pas suffisamment, comme les inégalités, le statut précaire des femmes dans la société indienne, l’illettrisme, le chômage ou encore les salaires ruraux stagnants. L’Inde a besoin de synodalité sociale et économique si nous voulons pouvoir apporter des réponses aux habitants et à leurs besoins. »

(Avec Asianews)