Hong-Kong : le cardinal Chow insiste sur le pardon à l’occasion du 35e anniversaire de Tiananmen

Le cardinal Stephen Chow, évêque de Hong-Kong, bénit des catholiques chinois devant la cathédrale de Guangzhou, le 23 avril durant un voyage dans le sud de la Chine. Le cardinal Stephen Chow, évêque de Hong-Kong, bénit des catholiques chinois devant la cathédrale de Guangzhou, le 23 avril durant un voyage dans le sud de la Chine. © Diocèse de Hong-Kong
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À l’occasion du 35e anniversaire du massacre de Tiananmen, le cardinal Stephen Chow, archevêque de Hong-Kong, a insisté sur le besoin de pardonner. « Ce qui s’est passé il y a 35 ans a laissé de profondes blessures dans une part de notre esprit, même si ces blessures sont aujourd’hui enfouies et cicatrisées », confie le cardinal dans une « réflexion » publiée la semaine dernière dans le journal hebdomadaire diocésain Sunday Examiner, quelques jours avant les commémorations des évènements du 4 juin 1989.

Durant les évènements tragiques du 4 juin 1989, le régime communiste chinois a utilisé des tanks et des balles réelles pour réprimer un mouvement prodémocratie étudiant qui a débuté au mois d’avril 1989 et qui s’est répandu dans près de 400 villes. Des tanks ont renversé des civils désarmés, et l’armée a utilisé la force brutale pour disperser les foules dans la place Tiananmen à Pékin, épicentre des manifestations. Le bilan des victimes reste incertain aujourd’hui, entre quelques centaines et quelques milliers de morts.

Les catholiques de Hong-Kong ont eu l’habitude de marquer cet anniversaire tous les ans, avec des prières et des messes spéciales le 4 juin. Ils rejoignaient aussi plusieurs milliers de participants aux veillées aux chandelles du Victoria Park, jusqu’en 2020 avant que Pékin impose une loi sur la sécurité nationale et que les commémorations de l’évènement soient interdites à Hong-Kong. Ainsi, le 3 juin, la police hongkongaise a détenu l’artiste Sanmu Chen, arrêté pour avoir signé les chiffres « 8964 » dans les airs, symboles du massacre de Tiananmen (4/6/89), au Victoria Park de Hong-Kong.

« Nous nous approchons une nouvelle fois de ce moment de l’année »

Dans sa réflexion publiée le 30 mai, le cardinal hongkongais ne mentionne pas explicitement des termes comme la place Tiananmen, ni l’année de l’évènement ou sa date exacte. Dans son message, il en parle implicitement en ajoutant que « nous nous approchons une nouvelle fois de ce moment de l’année. Je voudrais dire quelque chose qui évoque la tristesse et l’espérance, qui coexistent à propos des évènements déchirants qui ont eu lieu il y a 35 ans dans la capitale ».

« Quelles que soient les attentes de certains qui voudraient que cet évènement soit derrière nous, cela reste un poids pour beaucoup… Il y a toujours un point sensible qui demande de l’attention pour guérir. Mais je comprends qu’il ne faut pas attendre pour aller de l’avant », ajoute-t-il. Il explique cependant que « cela ne signifie pas que je peux oublier ce que j’ai vu ou ressenti si profondément cette nuit-là et durant les semaines qui ont suivi. Ma foi, néanmoins, me pousse à pardonner qui que ce soit et quoi que ce soit ».

« Pardonner ne signifie pas oublier, mais c’est une condition pour notre liberté intérieure »

« Peut-être que c’est grâce au pardon que les différentes parties peuvent aller au-delà des accusations et de l’état d’esprit douloureux du ‘je ne pardonnerai jamais’. Si le pardon est déjà disponible, la réconciliation et la guérison ont plus de chance de devenir une réalité », a poursuivi le cardinal Chow. Il a rappelé que le pardon de Dieu « est toujours disponible pour ceux qui en ont besoin » et que « nous pouvons apprendre à le donner proactivement ». « Même si pardonner ne signifie pas oublier, c’est une précondition pour notre liberté intérieure et pour un avenir meilleur pour tous », a-t-il conclu en partageant une prière à l’intention des fidèles hongkongais :

« Oh Seigneur de l’histoire ! En prière, j’ai marché avec les victimes et leurs familles depuis 35 ans. Il n’y a pas manqué de réflexions et de tristesses occasionnelles, qui ont semblé sans fin par moments. Pourtant, en même temps, je m’accroche fermement à l’espérance dans le Christ ressuscité qui a lui-même traversé la mort. Aujourd’hui, je viens devant toi en prière. Avec foi et espérance, je te confie, Seigneur, le développement démocratique du pays. Toi qui es pour toujours juste et sage. Laisse-moi porter ton fardeau et apprendre de toi. Que j’aie un aperçu, à travers ta bonté et ton humilité, du désir éternel de vie. En allant de l’avant dans l’amour, soutenons-nous les uns les autres en faisant face à nos propres contradictions, et saisissons la beauté de la communion trinitaire. Oh Seigneur, assiste-nous ! Marche avec nous, peuple de Chine ! »

(Avec Ucanews et Asianews)