Japon : face à l’hiver démographique, une nouvelle loi favorise la flexibilité de l’emploi des étrangers

La Diète nationale (Kokkai), le parlement bicaméral du Japon, Tokyo. La Diète nationale (Kokkai), le parlement bicaméral du Japon, Tokyo. © Dennis Henge / CC BY-NC 2.0
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Le 14 juin, le parlement japonais a approuvé une nouvelle loi qui permet plus de flexibilité et de plus longs séjours pour les travailleurs étrangers dans le pays. Une mesure prise parmi d’autres par Tokyo face à la crise démographique, responsable d’une pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs professionnels comme l’industrie, l’agriculture ou le bâtiment. Le 29 mars dernier, le gouvernement a aussi ouvert le statut de « travailleur qualifié et spécialisé » (créé en 2019) à quatre régions supplémentaires dans le monde.

Vendredi 14 juin, la Diète nationale (Kokkai), le parlement bicaméral du Japon, a approuvé une nouvelle loi garantissant plus de flexibilité et des plus longs séjours aux migrants souhaitant trouver un emploi dans le pays. La nouvelle loi entrera en vigueur dans les trois ans après sa promulgation. De telles mesures sont mises en place pour contrer l’hiver démographique que le Japon subit depuis des années, et qui entraîne la pénurie de main-d’œuvre.

Le nouveau système d’emploi pour les travailleurs étrangers remplacera celui qui est actuellement en vigueur. Ce qui permet de suppléer un système de formation mis en place il y a trente ans (Technical Intern Training Program), qui s’est attiré de nombreuses critiques notamment pour violations des droits du travail et pour des questions liées à la sécurité et à la santé au travail. L’ancien programme était critiqué parce qu’il était considéré comme ne protégeant pas suffisamment les travailleurs étrangers ce qui facilitait leur exploitation.

Simplifier l’accès aux catégories professionnelles plus qualifiées

Dans le cadre du nouveau système, les ouvriers étrangers peuvent rester au Japon pour une période de trois ans maximum. Après cette période, ils peuvent demander le statut de « skilled worker » (ouvrier qualifié) de type 1, qui permet d’étendre leur séjour pour un maximum de cinq ans supplémentaires. Le système simplifie donc l’accès aux catégories professionnelles les plus qualifiées.

Le statut de « travailleur qualifié et spécialisé » (Specified Skilled Worker, SSW) a été créé par le gouvernement japonais en avril 2019 afin d’accueillir des spécialistes compétents de pays étrangers pour travailler dans certains domaines industriels japonais. Face à une pénurie de main-d’œuvre, le 29 mars dernier, le Japon a élargi ce statut à quatre régions supplémentaires dans le monde.

Il s’agit d’un nouveau visa de travail avec des conditions d’obtention différentes, qui permet aux étrangers concernés de rejoindre différents secteurs professionnels au Japon, comme le bâtiment, l’agroalimentaire, l’outillage, la pêche ou la construction navale. La mise à jour du statut en mars a permis à plus de 800 000 nouveaux travailleurs étrangers d’accéder au programme d’emploi du gouvernement japonais.

La réunification familiale toujours impossible avant huit ans

Afin d’obtenir ce statut spécifique, il est nécessaire de répondre à certains critères en termes de compétences ou de connaissance de la langue japonaise. Ce dernier point est nécessaire dans une société de plus en plus multiculturelle mais où les obstacles sociaux sont multiples, afin de faciliter l’intégration des travailleurs étrangers. Toutefois, la nouvelle loi n’annule pas les restrictions concernant les autres membres de la famille du travailleur migrant au Japon : la réunification familiale n’est pas possible avant huit ans de séjour dans le pays.

Les observateurs estiment que le programme actuellement en vigueur ne fait que combler le vide en recrutant une main-d’œuvre peu qualifiée et bon marché tout en facilitant les cas d’abus, qui sont nombreux, et les violations des droits de l’homme. Afin de faire face à ces accusations sérieuses, le nouveau système doit permettre aux travailleurs étrangers de changer d’emploi au sein du même secteur après un ou deux ans d’emploi au Japon.

Cette flexibilité devrait leur permettre de quitter des positions peu rémunérées et discriminatoires. La nouvelle loi comprend aussi des dispositions controversées comme la révocation du statut de résident permanent pour ceux qui refuseraient de payer les impôts ou les cotisations sociales. Cette clause a suscité des inquiétudes à propos de son impact potentiel sur les résidents étrangers à long terme, dont des générations de Coréens et de Chinois qui ont un statut de résidence permanente au Japon.

(Avec Asianews)