Le BJP veut une loi anti-conversion au Maharashtra, une mesure inacceptable pour le cardinal Gracias
Le ministre de l’intérieur Amit Shah veut une loi anti-conversion au Maharashtra, où des élections locales auront lieu le 20 novembre. © Wikimedia Commons / CC BY 4.0Le 13/11/2024
Le parti pro-hindou BJP veut une loi anti-conversion au Maharashtra, à l’indignation du cardinal Gracias, archevêque de Mumbai. Le ministre de l’Intérieur Amit Shah l’a annoncé en présentant le programme politique de son parti avant les élections locales du 20 novembre. Actuellement, dix États indiens sur 36 ont des lois anti-conversion en vigueur, souvent utilisées pour intimider les minorités. « Aucun gouvernement ne peut pénétrer mon âme. La liberté de religion et de conversion est un droit humain », a réagi l’archevêque.
En cas de victoire aux élections locales du 20 novembre dans l’État du Maharashtra, dans l’ouest de l’Inde, le parti nationaliste hindou du BJP (Bharatiya Janata Party) souhaite introduire la fameuse loi anti-conversion dans cet État peuplé de plus de 112 millions d’habitants, qui comprend la ville de Mumbai.
Amit Shah, ministre des Affaires intérieures de l’Inde et un des principaux cadres du BJP, l’a annoncé ce dimanche 10 novembre en présentant le programme politique de son parti au Maharashtra. Dans cet État, le BJP fait partie de la coalition Mahayuti, qui compte aussi le parti Shiv Sena, dirigé par l’actuel ministre en chef Eknath Shinde, et le Parti du congrès nationaliste d’Ajit Pawar.
L’adoption d’une loi très stricte rendant les conversions virtuellement impossibles fait partie des 25 points qui ont été listés par Amit Shah dans son programme pour les élections locales. Ce n’est pas difficile de voir que le BJP tente de jouer la carte communautariste dans les derniers jours de la campagne électorale.
« Pour les chrétiens, la conversion est avant tout une transformation du cœur »
De leur côté, les communautés chrétiennes locales ont accueilli la nouvelle avec effarement. « Aucun gouvernement ne peut pénétrer mon âme et parler à ma conscience, en disant ‘tu ne peux pas changer de religion’ », a réagi le cardinal Gracias, archevêque de Mumbai. Quand les gouvernements de ces États souhaitent introduire des lois contre les conversions forcées, celles-ci sont souvent attribuées aux chrétiens, a-t-il expliqué, en assurant que les conversions forcées sont pourtant absolument « insignifiantes » dans l’Église indienne.
Il a ajouté que cela peut se prouver non seulement parce que « les documents du Concile Vatican II parlent clairement contre eux, mais surtout parce que pour les chrétiens, la conversion est avant tout une transformation du cœur ». « Ce n’est pas un hasard si l’Église impose une longue période aux catéchumènes pour tester la sincérité de ceux qui recherchent le baptême », a-t-il rappelé. De plus, « la liberté de religion et de conversion est un droit humain, un droit sacré qui est inscrit dans notre Constitution », a-t-il insisté.
Enfin, l’archevêque de Mumbai a martelé qu’« aucune autorité civile n’a le droit de pénétrer le sanctuaire qui est la conscience de chaque personne, ni de décider ce qu’une conscience peut dire ». « Aucun gouvernement ne peut venir dans mon âme pour dire à ma conscience ‘tu ne peux pas changer de religion, tu dois adorer Dieu de cette façon’. »
10 États sur 36 ont des lois anti-conversion
Actuellement, dix États et territoires indiens sur 36 ont adopté des lois anti-conversion. La première a été votée en 1968 dans l’État d’Odisha (Orissa), suivi par le Madhya Pradesh la même année, et l’Arunachal Pradesh en 1978. Avec la montée du BJP durant les années 2000, ce genre de législation a été adopté et souvent renforcé dans d’autres États : Chhattisgarh (2000), Gujarat (2003), Himachal Pradesh (2006), Jharkhand (2017), Uttarakhand (2018), Uttar Pradesh (2020) et Haryana (2022).
En 2022, une loi anti-conversion a aussi été adoptée au Karnataka, mais elle a été abrogée en 2023 quand le BJP a été battu lors des élections locales. Inversement au Rajasthan, où les nationalistes hindous ont pris le pouvoir fin 2023, une législation similaire est prévue par le gouvernement local.
(Avec Asianews)