Le Cambodge attend la reconnaissance par l’Unesco de trois sites khmers rouges

Le 11/06/2025
Le Cambodge espère que trois sites associés au chapitre le plus sombre et le plus douloureux de son histoire sous le régime des Khmers Rouges seront approuvés et inscrits sur la liste du patrimoine mondial à l’occasion de la 47e session du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, qui aura lieu du 6 au 16 juillet au siège de l’organisation à Paris. « Il faut continuer de partager avec la communauté internationale la vérité sur ce qui s’est passé pendant cette période », explique Sam Seun, analyste politique à l’Académie royale du Cambodge.
Trois sites cambodgiens sont en attente d’une reconnaissance mondiale par l’Unesco le mois prochain : le musée du Génocide de Tuol Sleng, le centre du Génocide de Choeung Ek et l’ancienne prison M-13. Ces lieux rappellent aujourd’hui de sinistre manière les atrocités commises par Pol Pot et ses ultra-maoïstes qui ont gouverné le pays entre 1975 et 1979.
Près d’un tiers de la population a trouvé la mort durant cette période. Entre 1,7 million et 2,3 millions de personnes ont été portées disparues, et nombre d’entre elles ont été exterminées pendant le règne de Pol Pot, qui a duré trois ans, huit mois et vingt jours selon le tribunal des Khmers Rouges, également connu sous le nom de « Chambres extraordinaires » au sein des tribunaux cambodgiens.
« Une équipe de l’Unesco est venue évaluer les trois sites », a déclaré Som Mab, secrétaire d’État au ministère de la Culture et des Beaux-Arts, interrogé le 5 juin, en assurant que les sites cambodgiens sont à l’ordre du jour de la session de Paris. « Nous espérons que ce que nous avons soumis sera approuvé et placé sur la liste du patrimoine mondial. »
« C’est une leçon importante pour les générations futures au Cambodge »
Selon Kuch Pannhasa, sous-secrétaire d’État au ministère du Tourisme, le Cambodge cherche à « faire connaître ces sites de Phnom Penh à l’étranger afin d’attirer l’attention des touristes ».
Le régime des Khmers rouges reste en effet l’une des périodes les plus sombres et les plus douloureuses de l’histoire moderne du Cambodge, comme le souligne Sam Seun, analyste politique à l’Académie royale du Cambodge.
« C’est pourquoi il est essentiel que nous continuions à partager avec la communauté internationale la vérité sur ce qui s’est passé pendant cette période, non seulement pour perpétuer le souvenir, mais aussi pour faire en sorte qu’une telle tragédie ne se reproduise plus jamais, où que ce soit dans le monde », insiste-t-il.
Sam Seun ajoute qu’il se sent toujours profondément ému et attristé chaque fois qu’il relit l’histoire du Cambodge, en particulier la période des Khmers Rouges. « Je crois fermement qu’il est essentiel de reconnaître et de diffuser la vérité. Cela représente non seulement une leçon importante pour les générations futures au Cambodge, mais c’est aussi un rappel universel des conséquences d’un extrémisme et d’un autoritarisme incontrôlés. »
Il pense que le fait de sensibiliser les gens à l’intérieur et à l’extérieur du Cambodge sur l’époque des Khmers Rouges peut contribuer à favoriser l’empathie, la prise de conscience et la responsabilité collective afin d’empêcher que des atrocités similaires se reproduisent à l’avenir.
« De nombreux autres sites cambodgiens méritent une reconnaissance similaire »
Le rôle de l’Unesco est d’une importance capitale en tant qu’institution dédiée à la préservation du patrimoine culturel et à la promotion de la compréhension universelle, ajoute Sam Seun. « De nombreux autres sites importants, notamment ceux situés le long de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, ainsi que les temples anciens que l’on trouve dans toutes nos provinces, méritent une reconnaissance similaire. »
Le musée du Génocide de Tuol Sleng est le site commémoratif du centre d’interrogatoire et de détention S-21 des Khmers Rouges, selon le site web de l’Unesco. Situé au cœur de Phnom Penh, il préserve les témoignages d’une période tragique de l’histoire cambodgienne et encourage les visiteurs à devenir des messagers de paix.
Choeung Ek était un cimetière chinois qui a été transformé en lieu d’exécution par les Khmers Rouges, et où les prisonniers du S-21 étaient assassinés chaque nuit. Il se trouve à environ 17 kilomètres de Phnom Penh. Découverts en 1980, les restes des victimes sont aujourd’hui conservés dans un stupa bouddhiste. Des milliers de personnes s’y rendent chaque jour, en particulier le 20 mai, le « jour du souvenir », pour rendre hommage aux disparus.
Enfin le troisième site, le M-13, était autrefois une prison « où les gardiens étaient formés et où le chef des prisons [sous les Khmers rouges] inventait et testait diverses méthodes d’interrogatoire, de torture et de meurtre », peut-on lire sur le site de l’Unesco.
Source : Ucanews