Japon

Le cardinal Kikuchi appelle Tokyo à signer le traité sur l’interdiction des armes nucléaires

Le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, ici le 8 octobre au Vatican lors d’un point presse du Synode. Le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, ici le 8 octobre au Vatican lors d’un point presse du Synode. © CNS photo/Lola Gomez
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Le cardinal Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, revient sur le prix Nobel de la paix 2024 décerné le mois dernier à l’organisation japonaise Nihon Hidankyo (Confédération japonaise des organisations des survivants des bombes atomiques), en appelant Tokyo à signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW). Il a fait cette demande en rappelant l’engagement de l’Église contre l’utilisation et la possession des armes nucléaires, exprimé par le pape François durant sa visite au Japon en 2019.

Le mois dernier, l’organisation japonaise Nihon Hidankyo, qui rassemble des survivants de la bombe atomique, a reçu le prix Nobel de la paix 2024. Une des raisons données pour cette décision était de mettre en valeur leur témoignage personnel, qui a permis de faire progresser « la stigmatisation de l’utilisation des armes nucléaires ».

Mgr Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, qui a été créé cardinal le mois dernier, a appelé le gouvernement japonais à s’inspirer de cette remise de prix en signant un traité des Nations unies visant à interdire les armes nucléaires dans le monde. « Nous espérons que le gouvernement japonais poursuivra la discussion, en cherchant comment construire la confiance entre les nations afin de pouvoir abolir les armes nucléaires », a déclaré le cardinal Kikuchi, interrogé le 30 octobre par l’agence Fides.

L’archevêque japonais a partagé l’espérance que Tokyo considère l’appel de l’organisation Nihon Hidankyo pour un monde libéré des armes nucléaires. Le groupe japonais, fondé en 1958, aussi appelé « Nihon gensuibaku higaisha dantai kyōgi-kai » (« confédération japonaise des organisations des survivants des bombes A et H »), défend l’abolition des armes nucléaires et la protection des survivants des bombardements atomiques.

L’Église au Japon milite activement pour l’abolition des armes nucléaires

Quels que soient le parti ou les personnalités au pouvoir aujourd’hui ou à l’avenir au Japon, le pays d’Asie de l’Est « doit approuver le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires [TPNW] », a souligné le cardinal japonais. Le TPNW est le premier accord juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires dans le monde, avec l’objectif de leur abolition totale.

Selon la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (une coalition de plusieurs ONG qui militent pour le désarmement nucléaire), on compte actuellement 94 signataires et 73 États membres du traité dans le monde. Parmi les pays asiatiques, il y a l’Indonésie, la Malaisie, le Timor oriental, la Thaïlande, les Philippines, le Cambodge, le Vietnam, le Laos, le Bangladesh, la Mongolie, le Sri Lanka et le Kazakhstan qui ont signé et ratifié le TPNW. La Birmanie et le Népal l’ont signé mais ne l’ont pas encore ratifié.

Le cardinal Kikuchi a également souligné que l’Église catholique au Japon milite activement pour « l’abolition des armes nucléaires », chaque année en août durant Dix jours de prière pour la paix (qui commencent par le jour du souvenir du bombardement nucléaire d’Hiroshima, le 5 août, et qui se poursuivent jusqu’au 15 août, jour du souvenir de la fin de la guerre dans le Pacifique en 1945).

L’évènement commémoratif « est indissociable d’un engagement en faveur de la paix », a rappelé l’archevêque de Tokyo. « Saint Jean-Paul II a effectué une visite historique à Hiroshima en 1981, en envoyant un message fort pour la paix. Les évêques japonais se sont sentis encouragés par ce message du pape, c’est pourquoi ils ont lancé les Dix jours de prière pour la paix. »

« Cet effort de paix implique les évêques américains d’une manière symbolique »

Le cardinal japonais a également rappelé la visite du pape François au Japon en 2019, qui a confirmé et renouvelé l’engagement de l’Église contre l’utilisation et la possession des armes nucléaires. « Les diocèses d’Hiroshima et de Nagasaki, avec toute la communauté catholique japonaise, continuent de demander l’abolition des armes nucléaires et de se battre pour la paix », a poursuivi Mgr Kikuchi. « Cet effort de paix implique aussi les évêques des États-Unis d’une manière particulièrement symbolique. »

En août dernier, l’Église catholique japonaise a notamment organisé un forum auquel ont participé des délégués du Japon, de la Corée du Sud et des États-Unis, avant de publier « L’appel de Nagasaki pour la paix », pour la paix et la réconciliation dans la région. Le forum, appelé Forum catholique pour la paix de Nagasaki (Nagasaki Catholic Peace Forum) pour un monde libéré de l’arme nucléaire, a accueilli 40 participants, dont les évêques de Nagasaki, Hiroshima et Santa Fe (États-Unis).

Le Forum a appelé à mettre fin à la militarisation et à la course à l’arme atomique en Asie du Nord-Est. « L’Église au Japon continuera de travailler avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté qui cherchent la paix, afin d’appeler les dirigeants du monde entier à abolir les armes nucléaires et ainsi créer une paix durable », a expliqué le cardinal Kikuchi.

(Avec Ucanews)