Japon

Le cardinal Parolin au Japon : une visite significative pour la minorité catholique et les relations avec le Vatican

Le cardinal Parolin, le 30 juin dans la cathédrale de Tokyo (ici à côté du cardinal Kikuchi, président des évêques du Japon). Le cardinal Parolin, le 30 juin dans la cathédrale de Tokyo (ici à côté du cardinal Kikuchi, président des évêques du Japon). © Cardinal Kikuchi/Facebook
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Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, s’est rendu à Osaka, au Japon, du 28 juin au 1er juillet à l’occasion de la Journée du Saint-Siège à l’Expo universelle 2025. Durant son séjour, il a aussi évoqué le 80e anniversaire des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki. Sa visite de quatre jours a permis de raviver les relations diplomatiques Japon-Vatican. Elle a aussi inspiré l’Église locale, notamment à l’occasion d’une messe concélébrée dans la cathédrale Sainte-Marie d’Osaka avec les évêques japonais.

Les quatre jours de visite du cardinal Pietro Parolin à Osaka, du 28 juin au 1er juillet pour la Journée du Saint-Siège à l’Expo universelle 2025, ont marqué un moment significatif pour la petite mais dynamique communauté catholique locale.

L’Expo 2025 a ouvert en avril, avec pour thème « Concevoir la société du futur, imaginer la vie de demain ». Le Saint-Siège y a un pavillon, au sein du secteur réservé à l’Italie, avec pour thème « la beauté amène l’espérance ». La visite du secrétaire d’État du Saint-Siège était donc centrée sur l’exposition d’Osaka, avec des enjeux à la fois diplomatiques, culturels et pastoraux.

Dans son discours pour la Journée du Saint-Siège à l’Expo 2025, le cardinal Parolin a notamment évoqué le thème du pavillon en parlant de la beauté et de l’espérance comme deux valeurs universelles plus nécessaires que jamais dans le monde troublé d’aujourd’hui. Il a aussi repris l’appel du pape Léon XIV à « construire des ponts », à « tisser le dialogue » et à « joindre les mains pour défendre une paix durable », afin d’inciter les visiteurs japonais à l’exposition universelle à dépasser les différences religieuses.

Cinq siècles de relations Japon-Vatican

La présence du cardinal Parolin a aussi été l’occasion de rappeler presque cinq siècles de relations Japon-Vatican, en remontant jusqu’à l’arrivée des premiers missionnaires. Cette visite a ainsi permis d’encourager la mission, dans ce pays où les chrétiens ne représentent que 0,3 % de la population, sur 123 millions d’habitants. Le pavillon du Saint-Siège attire chaque jour plusieurs milliers de visiteurs, majoritairement non-chrétiens. C’est donc une opportunité unique de présenter les valeurs catholiques à travers l’art et le dialogue, et beaucoup de visiteurs ont exprimé leur intérêt pour le christianisme.

En réaffirmant les liens entre le Vatican et le Japon, le prélat a aussi évoqué le 80e anniversaire des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, en soulignant l’engagement commun des deux parties pour la paix et le désarmement nucléaire. Il a en effet évoqué leurs efforts conjoints contre la prolifération incontrôlée des armements, un sujet qui résonne de manière particulière dans une nation qui reste la seule au monde à avoir subi des bombardements atomiques. Dans ce contexte, il a défendu le besoin urgent de rechercher la paix.

Enfin, lors de rencontres distinctes avec le Premier ministre Shigeru Ishiba, la princesse Tomohito de Mikasa et le prince héritier Fumihito d’Akishino, le cardinal Parolin a aussi réaffirmé l’engagement du Vatican pour la paix et la coopération face aux différentes menaces à l’échelle globale comme en Ukraine, au Moyen-Orient et dans la péninsule coréenne. Les deux parties se sont engagées à approfondir leur collaboration pour la stabilité régionale et les problématiques humanitaires.

L’importance de la collaboration entre Rome et les Églises locales

Le 29 juin, en célébrant la messe à l’occasion de la solennité des saints Pierre et Paul, le cardinal Parolin a fait face à une assemblée multiculturelle, entre les catholiques Japonais et les fidèles d’origine philippine, vietnamienne ou autre. Ces derniers ont témoigné de cette rencontre unique avec le numéro deux du Saint-Siège comme un moment « rare et spécial », qui a permis de réaffirmer leur foi.

Au cœur de l’accueil de l’Église locale se trouvait le cardinal Manyo Maeda, archevêque d’Osaka-Takamatsu, qui a décrit la visite comme une profonde bénédiction. « Nous sommes infiniment reconnaissants et honorés qu’il célèbre la messe avec nous », a-t-il confié avant la célébration, en exprimant la joie et la fierté de la communauté catholique japonaise.

Le cardinal Maeda a notamment souligné un conseil qu’il a reçu du cardinal Parolin il y a quelques années. Il lui avait demandé de transmettre au pape François son désir d’une visite papale au Japon. Il lui avait répondu « vous devriez le lui dire vous-même ». Inspiré par ces mots, le cardinal japonais avait interpellé le Saint-Père, ce qui avait conduit à son voyage apostolique au Japon en 2019.

La relation chaleureuse du cardinal Parolin avec le cardinal Maeda et avec les évêques japonais témoigne de l’importance de la collaboration entre Rome et les Églises locales. Le témoignage du cardinal Maeda, sur les conseils du cardinal Parolin, montre comment les envoyés du Vatican peuvent encourager les clergés locaux dans leur pastorale auprès des fidèles et dans leur service au sein de la société japonaise.

Un message fort auprès de la minorité catholique

La visite a aussi permis de transmettre un message fort auprès de la minorité catholique japonaise, afin d’affirmer que Rome ne les oublie pas, et que leur présence est essentielle pour témoigner de la paix et de la compassion au milieu de la société japonaise.

Pour le cardinal Maeda comme pour le père Pierre Thoai, un prêtre vietnamien de l’ordre dominicain au service de la cathédrale d’Osaka, la visite du cardinal Parolin a permis de souligner à la fois le rôle des Japonais et des migrants catholiques pour la mission d’aujourd’hui dans le pays, où ils sont appelés à partager leur foi par leur vie et leur travail.

« Pour soutenir la foi des travailleurs migrants, pour les motiver, nous avions besoin de cela. Les Vietnamiens font partie d’un des plus importants groupes de migrants au Japon. Je leur dis toujours que nous ne sommes pas là que pour des raisons économiques, mais aussi pour devenir une nouvelle génération de missionnaires, des témoins de la foi », souligne le père Thoai.

Le Vatican aligné sur la position pacifiste du Japon

La visite a aussi permis de redynamiser l’engagement de l’Église locale au sein de la société japonaise. Alors que beaucoup de jeunes japonais visitent le pavillon du Vatican avant de visiter la cathédrale d’Osaka, il y a là une nouvelle occasion de dialogue autour de la foi, de la morale et des enseignements de l’Église sur la paix et la dignité humaine.

Enfin, dans le contexte des tensions géopolitiques et des appels au désarmement nucléaire, le soutien public du Vatican à la position pacifiste du Japon renforce la dimension morale des débats internationaux. Cet alignement du Saint-Siège sur la position du Japon offre aux catholiques du pays une base unique afin de défendre la paix et la justice dans une société toujours marquée par son histoire de guerre.

Enfin, la visite du cardinal Parolin a accompli bien plus que des mondanités diplomatiques. Elle a renforcé la solidarité du Vatican avec la quête du Japon pour la paix, elle a inspiré les différentes communautés catholiques locales, et elle a créé de nouveaux espaces de dialogue culturel. À une époque où les conflits mondiaux s’aggravent, son message de beauté et d’espérance tombe à point nommé pour affirmer le rôle de la foi au service d’un monde plus juste et paisible.

Source : Ucanews/ Keiko Kurane

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