Le pape François invite à dépasser les craintes à l’égard du Synode, « un lieu de grâce et de communion »
Le mercredi 4 octobre, place Saint-Pierre à Rome, avant la messe d’ouverture du Synode sur la synodalité. © Fr Clarence DevadassLe 09/10/2023
Mercredi dernier, le pape François a ouvert la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques avec une messe célébrée place Saint-Pierre en la fête de saint François d’Assise. Les travaux de cette première session plénière (qui dure jusqu’au 29 octobre après plus de deux ans de travaux) sont consacrés au thème « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». Le Saint-Père a invité à se garder de « certaines tentations dangereuses » : être « une Église rigide, une Église tiède et une Église fatiguée ».
« Si le saint Peuple de Dieu, et ses pasteurs, partout dans le monde, nourrit des attentes, des espoirs et même quelques craintes à l’égard du Synode que nous commençons, souvenons-nous qu’il ne s’agit non pas d’un rassemblement politique, mais d’une convocation dans l’Esprit ; non pas d’un parlement polarisé, mais d’un lieu de grâce et de communion » : Ce sont les mots du pape François prononcés dans son homélie, durant la messe d’ouverture de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques (dont la première session plénière dure jusqu’au 29 octobre, au terme de plus de deux ans de travaux et avant une deuxième session qui aura lieu en octobre 2024).
La célébration a eu lieu place Saint-Pierre à Rome, ce mercredi 4 octobre en la fête de saint François d’Assise. La 16e Assemblée du Synode s’est ouverte sur le thème « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». Les nouveaux cardinaux créés lors du Consistoire du 30 septembre, dont Mgr Stephen Chow (Hong-Kong) et Mgr Sebastian Francis (Penang, Malaisie), étaient également présents pour concélébrer durant la messe.
Prenant son inspiration du passage évangélique proposé durant la liturgie, le pape a invité à parler de l’attitude de Jésus dans un moment de « désolation pastorale » : « Jean Baptiste doute qu’il soit vraiment le Messie ; de nombreuses villes qu’il a traversées, malgré les miracles accomplis, ne se sont pas converties ; les gens l’accusent d’être un glouton et un ivrogne [cf. Mt 11, 2-24]. » Le Saint-Père a souligné qu’au moment de cette désolation, « Jésus a un regard capable de voir au-delà : il loue la sagesse du Père et il est capable de discerner le bien caché qui grandit, la semence de la Parole accueillie par les simples, la lumière du Royaume de Dieu qui se fraye un chemin même dans la nuit ».
« C’est la tâche première du Synode : recentrer notre regard sur Dieu »
C’est précisément ce que le pape a demandé aux 365 membres de l’Assemblée synodale, qui inclut pour la première fois un certain nombre de prêtres, de religieux et de laïcs représentant tout le peuple de Dieu. « Nous n’avons pas besoin d’un regard immanent, fait de stratégies humaines, de calculs politiques ou de batailles idéologiques », a-t-il averti. « Nous ne sommes pas ici pour mener une réunion parlementaire ou un plan de réforme. Le Synode, chers frères et sœurs, n’est pas un parlement. Le protagoniste est l’Esprit Saint. Nous sommes ici pour marcher ensemble sous le regard de Jésus, qui bénit et accueille tous ceux qui sont fatigués et opprimés. »
Il a ainsi invité à partir « du regard de Jésus, un regard qui bénit et qui accueille » : « C’est la tâche première du Synode : recentrer notre regard sur Dieu, pour être une Église qui regarde l’humanité avec miséricorde. Une Église unie et fraternelle- ou au moins qui cherche à être unie et fraternelle –, qui écoute et dialogue ; une Église qui bénit et encourage, qui aide ceux qui cherchent le Seigneur, qui secoue avec bienveillance les indifférents, qui ouvre des chemins pour initier les personnes à la beauté de la foi. Une Église qui a Dieu en son centre et qui, par conséquent, ne se divise pas à l’intérieur et n’est jamais dure à l’extérieur. Une Église qui prend des risques avec Jésus. C’est ainsi que Jésus veut l’Église, c’est ainsi qu’il veut son Épouse. »
Une Église hospitalière et non une Église aux portes fermées : « Une Église dont ‘le joug est doux’ [cf. Mt 11, 30], qui n’impose pas de fardeaux et qui répète à chacun : ‘Venez, vous qui êtes fatigués et opprimés, venez, vous qui vous êtes égarés ou qui vous sentez loin, venez, vous qui avez fermé les portes de l’espérance : l’Église est là pour vous’ », a-t-il poursuivi. « L’Église des portes ouvertes à tous, tous, tous ! », a-t-il répété à trois reprises, invitant à se garder de certaines tentations dangereuses : celles d’être « une Église rigide – une douane –, qui s’arme contre le monde et regarde en arrière ; être une Église tiède, qui se soumet aux modes du monde ; être une Église fatiguée, repliée sur elle-même ».
« L’Esprit Saint dépasse nos prédictions et notre négativité »
Le jour où l’Église commémore saint François, le pape François a également cité les paroles du crucifix de Saint-Damien (une croix peinte de la chapelle Saint-Damien d’Assise, devant laquelle le saint s’est senti interpellé par le Christ lui-même) : « Va et répare mon église » (Legenda maior, II, 1).
« Le Synode sert à nous rappeler ceci : notre Mère l’Église a toujours besoin d’être purifiée, d’être “réparée”, parce que tous nous sommes un Peuple de pécheurs pardonnés », a-t-il commenté, en rappelant que saint François lui-même, « à une époque de grandes luttes et de divisions entre les pouvoirs temporel et religieux, entre l’Église institutionnelle et les courants hérétiques, entre les chrétiens et les autres croyants, n’a critiqué personne, mais il a pris à bras-le-corps les armes de l’Évangile qui sont l’humilité et l’unité, la prière et la charité ». « Faisons de même ! » a-t-il conclu.
« L’Esprit Saint dépasse nos prédictions et notre négativité. » Mercredi après-midi, les travaux de l’Assemblée synodale se sont engagés dans la salle Paul VI – les 365 membres de l’Assemblée travaillent en 35 petits groupes, répartis selon leur langue. Les travaux sont divisés en quatre cycles : la synodalité, la communion, la coresponsabilité dans la mission, et enfin la gouvernance.
(Avec Asianews)