L’Église auprès des populations civiles en fuite après l’intensification des conflits dans le nord de la Birmanie
Le poste-frontière entre Mae-Sot (en Thaïlande) et Myawaddy (Birmanie). © James Antrobus / CC BY 2.0 DEED ; PxHere / CC0Le 18/11/2023
Au moins 600 personnes civiles, majoritairement catholiques, ont trouvé refuge dans une cathédrale et un centre de catéchèse ces dernières semaines dans la ville de Lashio, depuis l’intensification des combats dans l’État Shan, dans le nord de la Birmanie. Les analystes considèrent que les nouveaux combats dans la région représentent la plus grande menace pour la junte militaire depuis le coup d’État de 2021. Cependant, l’ONU signale que la situation actuelle multiplie les besoins humanitaires.
Plusieurs groupes d’Église en Birmanie aident à évacuer et loger plusieurs centaines de civils, dont de nombreux chrétiens, alors que les combats s’intensifient dans le pays en crise. Au moins 600 personnes, majoritairement catholiques, ont ainsi trouvé refuge dans une cathédrale et un centre de catéchèse à Lashio, après avoir fui les régions voisines dans l’État Shan, dans le nord de la Birmanie, où des conflits intenses entre l’armée et les groupes rebelles ont éclaté depuis le 26 octobre.
Edward, un travailleur social catholique du diocèse de Lashio, explique que « l’Église essaie de leur fournir une aide humanitaire grâce aux contributions du carême et aux aides du diocèse ». Plusieurs centaines d’autres personnes se sont aussi réfugiées dans des églises baptistes et des monastères bouddhistes dans la ville de Lashio, où elles ont été secourues par des groupes associatifs et des donateurs privés. Selon Edward, des équipes du diocèse apportent également une aide financière par l’intermédiaire des prêtres dans les paroisses locales, dans certaines régions qu’ils ne peuvent pas rejoindre à cause des violences en cours.
Une paroisse de la ville de Hsenwi, qui dépend du diocèse de Lashio, ne compte plus aucun prêtre, ni religieuses, ni paroissiens depuis que l’église catholique et le couvent ont été endommagés par des tirs d’artillerie et un bombardement. « Il n’y a eu aucune victime parce que les prêtres et les religieuses s’étaient réfugiés en lieu sûr », indique une source ecclésiale locale qui souhaite rester anonyme. Selon cette source, les communications ont été coupées hormis un réseau mobile et il est difficile de connaître la situation sur le terrain dans la plupart des zones de conflit.
L’ONU signale que la situation multiplie les besoins humanitaires
Presque un millier de personnes se sont retrouvées bloquées alors qu’elles se rendaient depuis la ville de Laukkai, près de la frontière chinoise, vers Lashio, selon une information publiée le 8 novembre par BBC Burmese. Les Nations unies ont également jugé la situation alarmante en Birmanie face à l’intensification des conflits ces deux dernières semaines. « Nos collègues humanitaires nous disent que depuis le 26 octobre, presque 33 000 hommes, femmes et enfants ont été déplacés. Cela entraîne la multiplication des besoins humanitaires », a signalé Stephance Dujarrice, porte-parole du secrétariat général de l’ONU, interrogé le 6 novembre.
Les combats se sont intensifiés dans l’État Shan, au Nord, avec la formation d’une alliance de trois groupes rebelles (Ta’ang National Liberation Army, Arakan Army et Myanmar National Democratic Alliance Army) qui ont lancé une campagne appelée « Opération 1027 ». L’alliance a revendiqué la prise de plus d’une centaine de postes militaires et de quatre villes, dont celle de Chinshwehaw près de la frontière avec la Chine. « Si le gouvernement ne gère pas efficacement ce qui se passe dans la région frontalière, le pays sera divisé en plusieurs parties », a averti Myint Swe, président par intérim depuis le coup d’État de 2021, lors d’un conseil de défense et de sécurité organisé le 8 novembre à Naypyidaw, la capitale.
De son côté, la Chine a répété ses appels au cessez-le-feu et à la stabilité dans la région frontalière – une région stratégique pour les échanges commerciaux avec la Birmanie. Le 7 novembre, Pékin a confirmé qu’il y avait eu des victimes chinoises à cause de munitions militaires qui ont explosé de l’autre côté de la frontière. Les analystes voient dans les nouveaux combats dans l’État Shan le plus grand défi pour la junte militaire depuis plus de deux ans et demi.
(Avec Ucanews)