Asie

Les Asiatiques rendent hommage au pape François

Le pape François à Jakarta, le 5 septembre 2024 au stade Gelora Bung Karno avant la messe, durant son voyage en Indonésie. Le pape François à Jakarta, le 5 septembre 2024 au stade Gelora Bung Karno avant la messe, durant son voyage en Indonésie. © Ad Extra
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Les communautés chrétiennes et les gouvernements à travers l’Asie ont rendu hommage au pape François, décédé le matin du lundi de Pâques à l’âge de 88 ans. Les responsables politiques, sociaux et religieux à travers le continent asiatique décrivent le Saint-Père défunt comme un modèle d’humilité et de miséricorde, un champion des pauvres et des marginalisés, et un symbole de paix, d’humanité et d’unité.

Bangladesh

Muhammad Yunus, chef du gouvernement par intérim du Bangladesh, a envoyé un message au secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, afin d’exprimer ses condoléances après la mort du pape François. Il l’a décrit comme « un symbole de paix, d’humanité et d’unité », en saluant « ses qualités pastorales, mises au service de la dignité humaine, de l’harmonie interreligieuse et de la justice ». « Son influence dépassait les frontières religieuses et inspirait des millions de personnes », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Mgr Bejoy N. D’Cruze, archevêque de Dacca et président de la Conférence épiscopale bangladaise, a évoqué la mort de François comme une grande perte pour l’Église et le monde. « Ses idéaux, ses enseignements, sa simplicité et son amour des pauvres et des marginalisés sont une inspiration pour nous », a-t-il souligné dans un message vidéo. Il a décrit la visite du pape au Bangladesh en 2017 comme un « moment historique » pour lesminorités chrétiennes du pays. Les Églises catholiques à travers le Bangladesh ont organisé des veillées et célébrations spéciales ce mardi 22 avril pour le pape défunt.

Inde

Pour le cardinal Felipe Neri Ferrao, président de la Conférence épiscopale indienne, le pape François était « un vrai pasteur du peuple de Dieu », qui défendait la cause des pauvres et des marginalisés en appelant à la compassion, la justice et la protection de la Création. « L’héritage du pape François sera toujours chéri », a-t-il confié dans un communiqué. « Sa volonté de transformer l’Église en une communauté synodale qui écoute, discerne et avance ensemble a laissé une marque indélébile dans l’Église à tous les niveaux », a-t-il souligné en assurant que le pape avait un amour spécial pour l’Inde et qu’il espérait « visiter notre terre ».

Il a rappelé que François a canonisé cinq nouveaux saints indiens durant son pontificat – saint Kuriakose Elias Chavara et sainte Euphrasia Eluvanthingal en 2014, saint Joseph Vaz en 2015, sainte Mariam Thresia Chiramel en 2019, et saint Devasahyam Pillai en 2022. Le cardinal a appelé tous les diocèses indiens à célébrer des messes en mémoire du pape François.

Pakistan

Mgr Benny Travas, archevêque de Karachi, a également salué le « superbe héritage » laissé par François à l’Église. « Durant tout son pontificat, il n’a cessé d’appeler à vivre notre vie chrétienne dans la joie, la miséricorde et le pardon, et avec une préoccupation et un amour profonds pour les pauvres et les plus vulnérables, en particulier les migrants. » De son côté, l’évêque protestant Samuel Azariah, de l’Église du Pakistan, a confié que le pape a laissé « un héritage indélébile ».

Azariah, directeur du Christian Study Center basé à Rawalpindi, s’est dit quant à lui inspiré par la vision d’une Église décrite comme un « hôpital de campagne » – qui guérit les blessures et cherche à être proche des exclusd. « Ses enseignements sur la miséricorde et le service font écho avec notre mission d’unité et de compréhension mutuelle au Pakistan, où les minorités religieuses font face à des épreuves significatives. Son exemple nous édifie alors que nous continuons notre travail de dialogue et notre combat pour la justice. »

Des religieuses thaïlandaises, en 2019 durant le voyage du pape François en Thaïlande.
Des religieuses thaïlandaises, en 2019 durant le voyage du pape François en Thaïlande.
© Mep

Thaïlande

Mgr François-Xavier Vira Arpondratana, archevêque de Bangkok et président de la Conférence épiscopale thaïlandaise, a confié que « les fidèles à travers le pays, qui se souviennent toujours vivement de sa visite historique en Thaïlande il y a cinq ans, sont en union de prière pour le repos de son âme alors qu’il retourne vers la maison du Père ». « Sa vie, ses paroles et son témoignage ont profondément touché les cœurs de tant des nôtres. Inspirés par son héritage, nous continuerons d’avancer ensemble comme pèlerins d’espérance, en nous efforçant de vivre l’Évangile au quotidien. »

Corée du Sud

L’Église coréenne et les Sud-Coréens se souviendront toujours du pape François pour son amour et sa sollicitude, a déclaré Mgr Pierre Chung Soo-taick, archevêque de Séoul, dans un communiqué le 21 avril. Le dernier lien du pape défunt avec l’Église locale a été « profond et sincère », a-t-il confié. Durant sa visite en Corée en 2014, il a présidé la cérémonie de béatification de 124 Martyrs de Corée en délivrant « un message fort d’espérance et de courage auprès des jeunes à l’occasion des Journées asiatiques de la jeunesse », a-t-il ajouté en citant le pape François : « Les jeunes sont non seulement les espoirs de demain, mais aussi l’Église d’aujourd’hui. »

Il a également rappelé que François a prié sans relâche pour la paix et la réconciliation de la péninsule coréenne. « Durant la cérémonie de remise de la Croix des Journées mondiales de la jeunesse en novembre 2024, il avait exprimé son désir de revenir une nouvelle fois en Corée. »

Singapour

Le cardinal William Goh, archevêque de Singapour, a quant à lui salué François comme « un modèle de miséricorde et de compassion et un champion d’unité et d’espérance », non seulement pour les catholiques mais pour le monde, en particulier les plus faibles, les marginalisés et les pauvres. « Son appel constant pour l’inclusivité a donné au monde une Église qui accueille tout le monde, en particulier ceux qui sont en quête d’amour, de miséricorde et d’espérance. Ses actions ont incité les fidèles à être le visage du Christ pour les autres et à tendre la main aux périphéries. »

Le 12 septembre au stade national avant la messe papale à Singapour.
Le 12 septembre au stade national avant la messe papale à Singapour.
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« Notre Saint-Père était un défenseur de l’environnement. Son encyclique Laudato Si nous a exhortés à être des intendants responsables de la Terre, en appelant à une action globale pour la protection de notre maison commune », a ajouté le cardinal, avant d’évoquer sa visite à Singapour en septembre, où il a mis l’accent sur le dialogue et la compréhension entre les communautés religieuses.

Malaisie

Le Premier ministre Anwar Ibrahim a salué François comme « une référence morale mondiale dont l’héritage de paix, de justice et de compassion interreligieuse a transcendé les frontières religieuses ». « Le pape François, le premier pape issu de l’hémisphère sud, est décédé mais son héritage moral, enraciné dans la compassion, l’humilité et la justice, perdure », a-t-il ajouté sur sa page Facebook officielle. « Le pape François était un défenseur constant de la paix. Ses efforts pour construire des ponts entre les confessions et les cultures ont gagné le respect de beaucoup, y compris dans le monde musulman. »

Sa défense inlassable du dialogue interreligieux, son combat pour la dignité des opprimés et ses appels à protéger la Terre ont été entendus bien au-delà des murs du Vatican, a-t-il assuré. « Il a parlé avec clarté morale des immenses souffrances à Gaza », a-t-il également noté, « en rappelant au monde que nous devons montrer la même compassion à toutes les victimes de violences, où qu’elles se trouvent ». Selon lui, sa défense des migrants et réfugiés, ainsi que son appel inlassable à répondre non pas avec peur mais avec conscience morale, ont marqué un pontificat discret mais caractérisé par une grande force morale.

Philippines

La Conférence épiscopale Philippine a salué François comme « un pasteur qui marchait avec son peuple, choisissant souvent les routes poussiéreuses vers les périphéries plutôt que le confort du centre ». « À travers Evangelii Gaudium et Fratelli Tutti, il nous a rappelé que le cœur de l’Évangile bat plus fort là où il y a la souffrance, la pauvreté et l’exclusion. Il nous a invités à être une Église qui écoute – qui ouvre ses oreilles aux cris du peuple et son cœur aux manifestations de l’Esprit », a déclaré le cardinal Pablo Virgilio David, président des évêques philippins, dans un communiqué publié le 21 avril.

« Par sa vision de la synodalité, le pape François nous a invités à redécouvrir l’Église non pas comme une forteresse, mais comme un hôpital de campagne – pour accueillir, guérir et avancer ensemble. Avec Laudato Si et Laudate Deum, il nous a appris à voir la terre comme notre maison commune, confiée à notre intendance, en particulier pour le bien des générations à venir », a-t-il ajouté. « Une fois, avec l’esprit malicieux et chaleureux qui le caractérisait, il avait désigné nos migrants philippins à l’étranger comme des ‘contrebandiers de la foi’, en rappelant que le témoignage de vies simples et fidèles peut traverser les frontières et toucher les cœurs, là où les missionnaires officiels ne peuvent pas aller. »

Indonésie

Le cardinal indonésien Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo, archevêque de Jakarta, s’est souvenu de la simplicité du pape François et de sa main tendue aux marginalisés. À l’occasion d’une conférence de presse le 21 avril, il l’a particulièrement remercié pour sa visite dans le pays majoritairement musulman en 2024. Le cardinal a noté que le pape François, en modifiant la procédure du Vatican pour des funérailles pontificales plus simples, a fait de la simplicité un symbole de son pontificat dans la vie comme dans la mort. « Il a changé le visage de l’Église, d’un style monarchique à une Église qui sert. »

Mgr Antonius Subianto Bunjamin, évêque de Bandung et président des évêques bangladais, a quant à lui souligné l’héritage durable laissé par le pape défunt. « Ce sont les valeurs de l’Évangile : l’amour universel, la fraternité, la protection de la Création et la compassion pour les pauvres et les marginalisés. » En septembre dernier, le pape François a effectué le plus long voyage de son pontificat, couvrant la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’Indonésie, le Timor oriental et Singapour.

Timor oriental

Le président est-timorais Jose Ramos-Horta, lui-même catholique, a publié un message vidéo en évoquant la mort du pape François comme une perte pour toutes les religions et pour toute l’humanité. « Nous avons perdu un pape courageux, qui osait affronter les puissants, en particulier ceux qui recherchent toujours la guerre plutôt que la paix. Il n’hésitait pas non plus à parler contre ceux qui sont au pouvoir et qui oppriment les pauvres et les nations plus faibles. » Il a ajouté que pour beaucoup de Timorais, le pape François était « un symbole d’humilité, de miséricorde et d’espérance », et que sa visite dans le pays et ses appels à la paix et la justice ont inspiré beaucoup de communautés affectées par les difficultés et les tensions sociales.

Par ailleurs, selon le cardinal Virgilio do Carmo da Silva, archevêque de Dili, les fidèles timorais se souviennent toujours avec joie de sa venue au Timor oriental en septembre. « Son pontificat laisse un impact durable, et inspire l’espérance et une foi renouvelée en un meilleur avenir pour la nation et le monde. Ses appels insistants pour les marginalisés et pour la paix ont résonné profondément auprès des gens d’ici. »

(Avec Ucanews)

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