Les catholiques vietnamiens et le « Tet Trung Thu », ou fête de la mi-automne

Le 07/10/2025
La fête de la mi-automne ou fête de la lune était célébrée ce lundi 6 octobre au Vietnam, le soir du 15ᵉ jour du huitième mois lunaire. Ce festival d’origine chinoise, fêté dans plusieurs pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est, est appelé « Tet Trung Thu » au Vietnam, où il est devenu le festival des enfants (Tet Thieu Nhi). Cette fête familiale est célébrée par les communautés catholiques locales, une pratique qui reflète une parole du pape François sur l’inculturation : « La foi ne détruit pas la culture, elle la purifie et la rend féconde. » Reportage.
Alors que la brise fraîche du 8e mois lunaire souffle sur le Vietnam, la pleine lune éclaire le ciel nocturne en ce soir du 6 octobre. Dans chaque ville et village, les enfants rient, les tambours résonnent et des lanternes colorées illuminent la nuit. Depuis des générations, la fête de la mi-automne, ou Tet Trung Thu, est un moment privilégié pour se retrouver en famille.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un événement religieux, les catholiques vietnamiens ont chaleureusement adopté cette fête traditionnelle, en mêlant foi et culture d’une manière à la fois naturelle et joyeuse. Ce qui était autrefois une célébration purement folklorique est devenu, dans de nombreuses paroisses, une « fête de la foi » centrée sur les enfants, qui sont le cœur de chaque famille et l’avenir de l’Église.
Dans les paroisses à travers le pays, en particulier dans les provinces du nord et du centre, la fête de la mi-automne est notamment l’un des événements les plus importants de l’année pour le Mouvement eucharistique des jeunes. Plusieurs semaines avant la fête, les jeunes s’entraînent à la danse du lion, décorent les cours des églises et répètent leurs spectacles musicaux. Les parents et les catéchistes préparent la nourriture et les cadeaux, tandis que les bénévoles construisent des scènes et accrochent des lanternes.

Un sens de la communauté et du partage qui transcende les frontières religieuses
Lorsque la lune se lève, des processions d’enfants portant des lampions colorés font le tour de l’église en chantant des chants d’action de grâce pour une année de bénédictions. Dans la paroisse Ban Co de Saïgon (Hô-Chi-Minh-Ville), dans le sud du pays, la soirée commence par une messe, suivie d’un programme animé appelé « La mi-automne sous la lumière de Dieu », avec de la musique, des jeux et une danse du lion.
Dans la cathédrale Saint-Joseph de Hanoï, au Nord, les enfants participent à un défilé à la lueur des bougies et jouent à un quiz biblique appelé « Lune dorée ». Dans la paroisse de Loc Hung (Saïgon), les fidèles célèbrent une messe pour les enfants et distribuent des cadeaux à des centaines de familles. Dans les paroisses reculées de Hoa Binh et Son La (près de Hanoï), les prêtres et les catéchistes apportent des gâteaux de lune, des jouets et des prières aux villages des minorités ethniques, partageant leur joie avec les enfants, quelle que soit leur religion.
De telles scènes révèlent quelque chose de profondément vietnamien : un sens de la communauté et du partage qui transcende les frontières religieuses. Tout comme les non-catholiques au Vietnam célèbrent joyeusement Noël avec des illuminations, des crèches et des chants, les catholiques trouvent eux aussi beauté et sens dans leur participation aux festivités traditionnelles de la mi-automne. Il ne s’agit pas d’un « mélange de croyances », mais plutôt d’une expression authentique d’harmonie culturelle, où la foi apprend à respirer à travers les coutumes locales.
De nombreux prêtres profitent de l’occasion pour expliquer les symboles de la fête à la lumière de la foi chrétienne. La pleine lune, disent-ils aux enfants, représente l’amour parfait et immuable de Dieu, qui illumine chaque vie humaine. Le gâteau de lune rond, partagé avec les autres, devient un signe de gratitude et de communion. Et la lanterne, qui brille dans l’obscurité, rappelle le Christ comme la lumière du monde, guidant les croyants à travers les ombres de la vie.
Dans la vie catholique vietnamienne, foi et culture se rencontrent
Dans plusieurs paroisses, la célébration commence par une messe spéciale pour les enfants, suivie de jeux, de chants et de spectacles joyeux. Chaque sourire et chaque lanterne levée vers le ciel deviennent une prière d’action de grâce, une offrande modeste mais sincère de la part de familles qui savent que la joie peut aussi être une forme d’adoration.

Cette manière de vivre la foi à travers la culture reflète l’enseignement de l’Église sur l’inculturation, qui consiste à permettre à l’Évangile de s’enraciner dans les traditions locales.
Le pape François rappelle souvent aux fidèles que « la foi ne détruit pas la culture, elle la purifie et la rend féconde ». Pour les catholiques vietnamiens, célébrer des festivals comme la fête de la mi-automne ou le Nouvel An lunaire est une manière de montrer que la foi n’appartient pas seulement à l’Église, mais aussi au rythme de la vie quotidienne.
Au-delà des rires et des lumières, ces célébrations véhiculent également un message missionnaire. Pour de nombreuses paroisses, la fête devient un pont pour atteindre les enfants issus de familles pauvres ou ceux qui ne font pas partie de l’Église. Des bénévoles se rendent dans les zones rurales ou montagneuses pour organiser des mini-festivals, distribuer de la nourriture et des fournitures scolaires, et offrir un moment de joie là où cela est le plus nécessaire.
Ce faisant, ils partagent l’amour du Christ, non pas par la prédication, mais par leur présence.
Lorsque la nuit du festival prend fin et que la lune disparaît derrière les nuages, ce qui reste n’est pas seulement l’écho des tambours ou le goût sucré des gâteaux de lune, mais une lumière tranquille qui persiste dans le cœur des gens. Pour de nombreuses familles catholiques, la fête de la mi-automne est devenue plus qu’une coutume culturelle ; elle rappelle que la foi et la joie ne sont jamais séparées.
C’est peut-être là que réside la beauté de la vie catholique vietnamienne : la foi et la culture, le ciel et la terre, se rencontrent dans les moments les plus simples – le rire d’un enfant, la lueur d’une lanterne ou le sourire de quelqu’un qui partage le peu qu’il a. Au final, la pleine lune de la fête de la mi-automne brille non seulement sur les toits et dans les rues, mais aussi dans le cœur de ceux qui savent aimer, croire et partager.
Source : Alex Hoang/Ucanews