Les évêques philippins pour le temps du Jubilé : « L’espérance nous donne courage et liberté »
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Le 21/02/2025
Le 2 février, la Conférence épiscopale philippine a publié une lettre pastorale pour le temps du Jubilé 2025, adressée aux fidèles de l’archipel sur le thème « l’espérance nous donne courage et liberté ». La lettre a été lue le dimanche 2 février dans toutes les églises des Philippines, à l’issue de la dernière Assemblée plénière biannuelle des évêques philippins, qui a eu lieu du 21 au 27 janvier à Nuvali (Santa Rosa, province de Laguna). Le document est signé par le cardinal Pablo Virgilio David, président de la Conférence épiscopale (extraits).
Les évêques philippins ont adressé une lettre aux fidèles de l’archipel d’Asie du Sud-Est en affirmant que « l’espérance nous donne courage et liberté ». Le document, publié le 2 février dernier, est signé par le cardinal Virgilio David, président de la Conférence épiscopale philippine (CBCP).
Le message, qui se concentre sur le thème de l’espérance, commence par ces mots : « Toi qui entres ici, abandonne tout espoir ! ». En évoquant cette phrase écrite à l’entrée de la descente en Enfer dans L’Inferno de Dante Alighieri, les évêques expliquent que « ce que l’auteur écrivait dans le contexte de l’instabilité politique et de la décadence morale de son époque peut se refléter dans la façon dont les Philippins doivent aujourd’hui lutter contre la désespérance, en s’efforçant de trouver l’espérance malgré l’adversité ».
Lutte du peuple philippin « contre le désespoir »
La lettre invite ainsi à « espérer contre toute espérance », en citant la lettre aux Romains. Cependant, les évêques reconnaissent connaître la frustration et l’angoisse face à de nombreuses situations affectant le pays. Tout d’abord dans la sphère morale : « Nous sentons une confusion généralisée, de l’indifférence, de la lassitude et de l’impuissance face aux attaques meurtrières contre la vie, en particulier les vies les plus innocentes. La culture d’impunité, l’égocentrisme et la perte du sens du péché sont alarmants. » La lettre évoque également l’écologie, les Philippines étant particulièrement exposées aux catastrophes et aux urgences climatiques, « empirées par des infrastructures médiocres et sous-financées ».
Dans le domaine économique, les évêques expliquent que « la hausse de la pauvreté, manifestée par l’augmentation du chômage et des prix de biens et services, mène à une situation où les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent et les puissants deviennent plus puissants ».
Dans le milieu politique, ils dénoncent une corruption généralisée, ainsi que des politiques qui promeuvent une culture de favoritisme et de mendicité. Alors que les élections de mi-mandat approchent aux Philippines, ils dénoncent également « les passe-droits que représentent la popularité, les dynasties et le favoritisme, qui font de la politique une affaire familiale ». Dans le domaine de la communication, ils affirment que « le mensonge, la désinformation et la mésinformation sont utilisés pour s’attaquer à la vérité ».
« L’espérance ne déçoit pas »
Dans ce contexte, ils reconnaissent que l’espérance semble plus hors d’atteinte que jamais dans l’archipel asiatique. Ainsi, ils se demandent : « Y a-t-il encore de l’espoir ? Vers qui pouvons-nous nous tourner ? » Face à cette situation, ils estiment qu’il est nécessaire de « poursuivre un chemin de conversion personnelle, institutionnelle et ecclésiale afin de retrouver l’espérance. C’est l’opportunité que nous offre l’année jubilaire », souligne la lettre pastorale.
Les évêques rappellent ensuite que « l’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5) et que « l’amour de Dieu pénètre notre souffrance, nos misères et notre mort, pour nous sauver et nous transformer ». Ainsi, ils repèrent ce qu’ils appellent des « étincelles d’espoir », qui se manifestent à travers « des dirigeants guidés par des principes qui défendent et affichent une bonne gouvernance », ou encore à travers « l’idéalisme des jeunes et des citoyens responsables qui ne vendent pas leurs idéaux et leur patriotisme ». Ils évoquent aussi « la collaboration spontanée entre les ONG, les organisations civiques et religieuses », et « ceux qui engagent leur réputation et leur vie pour lutter contre la corruption et défendre la justice ». Enfin, ils mettent en avant « l’esprit de résilience philippin ».
Le cardinal David et la CBCP invitent ainsi à ne pas se laisser entraîner « dans le gouffre du désespoir » et à chérir « le don de l’espérance qui vient de l’Esprit Saint ». « Cette espérance n’est pas qu’un simple optimisme ou sentiment positif. Que ce don de l’Esprit Saint renouvelle la face de la terre et insuffle la transformation dans les espaces et lieux sombres de nos vies et notre nation », ajoutent-ils, en confiant le pèlerinage jubilaire du peuple philippin « entre les mains de la Vierge Marie, Notre-Dame de l’Espérance ». « Il y a de l’espoir ! May Pag-Asa », terminent-ils en tagalog.
(Avec CBCP News)