Les responsables religieux coréens appellent à l’unité avant le verdict sur la destitution du président Yoon

Le 11/03/2025
Alors que la Cour constitutionnelle sud-coréenne doit se prononcer, ce vendredi 14 mars, sur la destitution définitive du président Yoon Suk-yeol, les autorités craignent les tensions entre ses partisans et ses opposants. La proclamation de la loi martiale par le président Yoon, le 3 décembre, a provoqué une grave crise nationale et plongé le pays dans un climat de conflit et de méfiance. Dans ce contexte, les responsables religieux du pays ont publié une déclaration commune en appelant à l’unité.
Le 9 mars, plusieurs centaines de milliers de Sud-Coréens ont manifesté après la sortie de prison, la veille, du président suspendu Yoon Suk-yeol, accusé de « rébellion » après son coup de force du 3 décembre 2024. Sa libération a été applaudie par ses soutiens mais vivement critiquée par l’opposition. Les procureurs sud-coréens ont cependant annoncé leur intention de poursuivre leurs efforts pour faire condamner le président Yoon pour insurrection. Une partie des manifestants ont passé la nuit de samedi à dimanche dehors tandis que certains députés démocrates ont occupé l’Assemblée nationale.
Dans ce contexte, alors que la Cour constitutionnelle pourrait se prononcer d’ici le 14 mars sur sa destitution définitive (même si un report n’est pas exclu en raison des recours déposés par le camp présidentiel). Les forces de l’ordre sont présentes en nombre alors que des milliers de partisans et d’opposants de Yoon devraient se rassembler avant le verdict – malgré les interdictions de rassemblement annoncées pour la zone située à moins de 100 mètres de la Cour constitutionnelle.
« Retrouver la confiance du peuple et reconstruire l’ordre brisé »
Dans ce contexte, les principaux groupes religieux du pays appellent à l’unité et au respect de la décision qui sera prise. Les responsables des principales religions présentes en Corée du Sud ont publié une déclaration conjointe appelant leurs compatriotes à respecter la décision de la Cour constitutionnelle sur la destitution du président Yoon. « La Cour constitutionnelle, en tant que dernier bastion de la République de Corée, rendra un verdict juste, et le peuple, le gouvernement et les cercles politiques doivent tous respecter et accepter sa décision », demande le communiqué intitulé « La République de Corée, unis vers l’avant » (The Republic of Korea, Let’s Move Forward as One).
Pour les responsables religieux, « c’est la seule façon de retrouver la confiance du peuple et de reconstruire l’ordre brisé » au milieu d’un climat de conflit et de méfiance qui s’est répandu au cours des trois derniers mois, à la suite de la proclamation de la loi martiale par le président Yoon – un événement qui a déclenché une grave crise nationale. « Ce qui est le plus douloureux, c’est la réalité de la confrontation et du conflit qui se propagent dans la sphère politique et qui blessent profondément le peuple », poursuit la déclaration. « Il est temps de cesser les querelles et de dépasser les conflits pour trouver l’unité. […] Il est temps pour le pouvoir et les partis de l’opposition de conjuguer leurs efforts pour le bien du peuple, plutôt que de lutter entre eux. »
« Nous nous préparons en envisageant les pires scénarios »
La décision de la Cour constitutionnelle déterminera si le président est destitué définitivement ou non ; mais les autorités, conscientes des tensions exacerbées entre les pro et anti Yoon, sont en état d’alerte… « Nous nous préparons en envisageant les pires scénarios », a indiqué Lee Ho-young, Commissaire général de l’Agence nationale de police, lors d’une conférence de presse. Par précaution, les écoles situées près de la Cour ont été invitées à interrompre les cours ou prendre des mesures de sécurité, tandis que les transports publics éviteront les arrêts les plus proches, a ajouté le chef de la police.
En attendant, des sondages lancés après la libération de Yoon samedi dernier montrent une montée des soutiens populaires du parti du président, le PPP (Parti du pouvoir au peuple), et du nombre de personnes espérant voir l’actuelle administration rester au pouvoir. Le taux de popularité du PPP a atteint 42,7 %, devant le parti DPK (Parti démocratique) de l’opposition (41 %), qui contrôle l’Assemblée nationale depuis 2023. Le pourcentage d’électeurs voulant voir l’opposition prendre le pouvoir est passé de 55,1 % à 50,4 %, tandis que ceux préférant voir le maintien du PPP est passé de 39 % à 44 %.
Ces chiffres semblent révéler un basculement de l’opinion publique, estime le Korea Times. Jusqu’à récemment, un nombre croissant d’électeurs désiraient voir Yoon remplacé par un candidat de l’opposition dans le cas d’élections anticipées. Si la Cour Constitutionnelle devait confirmer la destitution et le retrait du président de ses fonctions, de nouvelles élections devraient être organisées dans les 60 jours.
(Avec Asianews)