Madhya Pradesh : une école catholique attaquée par des extrémistes hindous dans le centre de l’Inde
Une école catholique du Madhya Pradesh, dans le centre de l’Inde, a été ciblée par un groupe extrémiste hindou ces derniers jours. © AsianewsLe 03/10/2023
Des extrémistes hindous ont ciblé une école catholique de l’État du Madhya Pradesh, dans le centre de l’Inde. Une foule s’est introduite dans l’école en affirmant que la divinité hindoue Ganesh avait été insultée à cause de la disparition d’une image sur un panneau d’affichage. Les religieuses dirigeant l’établissement ont réagi en invitant à redécouvrir Mahatma Gandhi et son message de paix, à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du fondateur de l’Inde moderne et indépendante, apôtre de la « non-violence active ».
Située à Deori, dans le diocèse de Sagar (au Madhya Pradesh, dans le centre de l’Inde), la Mary’s Convent School est dirigée par les sœurs de la Congrégation de Jésus (CJ). Suivant une pratique désormais bien établie, une foule excitée par les nationalistes hindous s’est introduite récemment dans l’école catholique en demandant sa fermeture. Les manifestants ont accusé l’établissement d’avoir manqué de respect envers la divinité Ganesh ; ils ont demandé à la police locale d’enquêter sur la directrice, sœur Sarita Joseph, et ils n’ont accepté de se disperser que quand la police a promis de mener l’enquête.
L’école en question est ouverte aux élèves de toutes confessions et affirme respecter tout le monde sans distinction. La réalité de l’affaire semble triviale. « Le 22 septembre, les élèves de neuvième [fin de collège] ont décoré le panneau d’affichage de l’école », commente un communiqué publié par le diocèse de Sagar. « Ils ont affiché une image du seigneur Ganesh sur le panneau. Le jour suivant, quand les élèves sont venus à l’école, ils ont remarqué que l’image avait disparu et ils se sont plaints à ce propos auprès de la directrice », poursuit le message diocésain, qui précise que la directrice n’a appris « qu’à ce moment-là que l’image avait été mise sur le panneau, mais elle n’a pas trouvé qui l’avait retirée ».
Rapidement, « un groupe fondamentaliste s’est emparé de cette histoire pour demander que l’école soit fermée », ajoute le diocèse. « Ils ont aussi collé des affiches sur les murs et au marché en accusant l’école. » Selon le communiqué, certains élèves ont aussi réagi sur les réseaux sociaux en affirmant que « tous ces incidents sont inventés et ne servent qu’à souiller le nom honorable de notre école ».
« Nous servons la communauté majoritaire qui représente 85 % de nos élèves »
C’est également dans le diocèse de Sagar que le père Anil Joseph, directeur d’un autre établissement catholique de la région, s’est suicidé récemment. Le prêtre indien avait été victime d’une plainte déposée contre lui par la police du Madhya Pradesh, simplement pour avoir publié un message dénonçant les violences au Manipur dans un groupe WhatsApp.
Afin d’apaiser les tensions, la Mary’s Convent School a proposé une rencontre interreligieuse à l’occasion d’une fête nationale marquant la naissance de Mahatma Gandhi, fondateur de l’Inde moderne et indépendante et apôtre de la « non-violence active ». « Nos enseignants et les membres du personnel de l’école ont célébré l’anniversaire de la naissance du père de la nation en priant pour ‘l’ahimsa’ [un terme sanskrit désignant la non-violence et plus généralement le respect de la vie], l’harmonie, la vérité et l’honnêteté, qui sont des principes fondamentaux que le Mahatma a voulu transmettre », a expliqué sœur Sarita Joseph.
« Cet incident malheureux a renforcé notre détermination à servir la société, à travers notre mission d’éducation, afin de mettre l’accent sur un système de valeurs positif et de travailler pour la construction de la nation », a-t-elle ajouté. « Dans notre école, à travers notre apostolat éducatif, nous servons la communauté majoritaire qui représente 85 % de nos élèves. Nous nous efforcerons de les servir de manière désintéressée, sans discrimination de caste et de croyance. »
(Avec Asianews)