Malaisie : les pêcheurs de Malacca célèbrent la fête de la Saint-Pierre

Le festival annuel a duré quatre jours, du 27 au 30 juin, avec des danses et chants traditionnels du groupe ethnique créole des « Kristangs » (ou Eurasiens portugais). Le festival annuel a duré quatre jours, du 27 au 30 juin, avec des danses et chants traditionnels du groupe ethnique créole des « Kristangs » (ou Eurasiens portugais). © Asianews
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Parmi les nombreuses traditions liées à la fête de saint Pierre à travers le monde, une des plus spécifiques à l’Asie est la fête des pêcheurs de l’ancienne enclave portugaise de Malacca, en Malaisie, dont les célébrations ont duré du 27 au 30 juin – à l’occasion de la solennité des saints Pierre et Paul, fêtée le 29 juin. Chaque année, à la fin juin, les pêcheurs honorent saint Pierre, patron des pêcheurs, afin de demander son intercession pour des pêches fécondes et pour se prémunir contre les intempéries et autres catastrophes en lien avec la pêche.

Theseira, un pêcheur à la retraite, explique que les festivités ont débuté jeudi dernier. La fête de la Saint-Pierre est un évènement annuel majeur pour sa communauté à Malacca. Elle dure quatre jours et attire près de 100 000 visiteurs, pèlerins et touristes venus de toute la Malaisie et de l’étranger. « Un des moments les plus importants est la bénédiction des bateaux des pêcheurs locaux, spécialement décorés pour l’occasion, dans l’espoir que l’intercession du saint assure une bonne pêche », explique Theseira.

L’homme fait partie du peuple Kristang, une communauté d’ascendance métissée portugaise et malaise. Les membres de ce groupe ethnique créole sont également désignés comme des Eurasiens d’ascendance portugaise, ou Eurasiens portugais. Le nom « Kristang » est venu du mot portugais cristão (« chrétien » en portugais). Durant le festival, on peut écouter les chants kristangs et regarder les danses traditionnelles aux costumes colorés, au rythme de la musique « branyu » (un genre de musique rythmée pratiquée par les Eurasiens portugais).

Près de 1 500 « Kristangs » aujourd’hui à Malacca

Chaque année à la fin juin, les pêcheurs de Malacca honorent saint Pierre, patron des pêcheurs.
Chaque année à la fin juin, les pêcheurs de Malacca honorent saint Pierre, patron des pêcheurs. Crédit : Asianews

Selon Theseira, près de 1 500 d’entre eux vivent aujourd’hui à Malacca, sans compter les membres de la diaspora vivant dans d’autres régions du pays ou qui ont émigré à l’étranger. L’ancienne colonie portugaise de Malacca a été fondée en 1933 dans le quartier d’Ujong Pasir, à Malacca, afin de créer un refuge pour les Kristangs. Initialement connue sous le nom du village Saint-Jean, l’ancienne enclave portugaise a vite attiré des membres de la communauté vivant dans d’autres parties du pays.

Peu à peu, la colonie a grandi jusqu’à devenir une attraction touristique majeure dans la région, et un refuge permettant de renforcer le riche héritage culturel de la communauté, notamment par la pratique religieuse et en préservant certaines traditions catholiques comme la fête de la Saint-Pierre.

Toutefois, Theseira regrette le fait que l’artificialisation des sols (les programmes d’extension des terres artificielles) depuis 1974 ait tant affecté les prises des pêcheurs de la communauté. Les Kristangs sont connus comme d’excellents pêcheurs, et ils sont particulièrement considérés pour leur habileté dans la pêche à la crevette – une espèce appelée udang geragau en malais, et grago en Eurasien portugais, très utilisée pour la cuisine locale.

« Nous sommes des gens de foi et d’espérance »

« Il n’y a plus de ‘gragos’ sur nos côtes », signale Theseira. « Et cela veut dire qu’il n’y a plus de zone de pêche pour nous. Il n’a même plus de bons poissons à pêcher, alors qu’ils étaient abondants autrefois. Nous sommes forcés de jeter nos filets plus loin au large, et maintenant, nous sommes chanceux si nous parvenons à attraper 20 kg de ‘gragos’ », ajoute-t-il. « Les colons doivent désormais pratiquer la pêche en eau profonde, à l’aide de bateaux plus modernes et plus chers. Traditionnellement, nous ne pratiquons pas la pêche au large, et nous n’avons pas les moyens de faire face à la concurrence dans ce domaine. C’est pourquoi nos jours comme pêcheurs sont comptés. Il n’y a plus qu’une vingtaine d’entre nous qui vont en mer aujourd’hui. »

« Pourtant, nous sommes des gens de foi et d’espérance », assure-t-il. « Nous sommes des catholiques fervents et nous nous efforçons de garder notre foi et de vivre et perpétuer les traditions de nos ancêtres, même si la pêche n’est plus l’activité principale des Kristangs qui vivent ici. Notre communauté continuera de conserver dans son cœur et dans son esprit les traditions comme ces fêtes et anniversaires, en levant nos regards vers saint Pierre, notre saint patron et notre modèle. »

(Avec Asianews)