Mgr Tin Win, Mandalay : « La population est unie face aux chaos, nous souffrons et nous prions ensemble »

Le 04/04/2025
Mgr Marco Tin Win, l’archevêque de Mandalay, 2e plus grande ville du pays et proche de l’épicentre du séisme du 28 mars, a publié un message vidéo ces derniers jours en évoquant la destruction de la maison diocésaine, qui a forcé les prêtres à dormir dehors avec d’autres réfugiés : « Même dans ce terrible chaos, personne ne se sent démuni face aux événements, parce que nous souffrons ensemble, nous nous réconfortons les uns les autres, et nous prions ensemble. »
« Seigneur, ait pitié de nous », a demandé Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay, dans un message vidéo publié cette semaine sur Radio Veritas Asia, après le séisme de magnitude 7,7 qui a dévasté le centre de la Birmanie, un pays déjà victime d’autres catastrophes naturelles et d’une guerre civile qui dure depuis plus de quatre ans. « La maison diocésaine a été détruite et les prêtres dorment sur des terrains dehors avec d’autres réfugiés. La terre tremble encore et les enfants sont traumatisés. Beaucoup de gens recherchent désespérément des proches disparus », a-t-il confié.
L’archevêque birman a également expliqué que des gens de toutes les religions présentes en Birmanie participent aux opérations de secours. Interrogé le 3 avril par l’agence Fides, Mgr Tin Win a assuré que la catastrophe a uni toute la population quelles que soient les origines ethniques, religieuses ou sociales, malgré les dévastations répandues dans toute la région. « Même dans ce terrible chaos, personne ne se sent démuni face aux événements, parce que nous souffrons ensemble, nous nous réconfortons les uns les autres, et nous prions ensemble », a-t-il ajouté, alors que le bilan des victimes a atteint plus de 3 000 personnes.
L’archevêque a expliqué que sur les quelque 20 000 catholiques que compte Mandalay, une grande majorité d’entre eux se retrouvent sans abri. Par ailleurs, à cause des dégâts causés dans la cathédrale et l’évêché, lui-même a dormi dehors dans la rue pour des raisons de sécurité. Il a aussi signalé que les prêtres et les religieux ont sonné l’alerte immédiatement, en aidant les gens à se réfugier dès les premières secousses. « Nous nous sommes assurés que personne n’était blessé. Nous avons encouragé et rassuré les enfants et les gens apeurés dans la rue. Avec nos modestes moyens, nous partageons l’eau, la nourriture et un toit avec eux en attendant les aides extérieures. »
Plusieurs congrégations apportent de l’aide aux déplacés
Parmi les catholiques, plusieurs congrégations religieuses apportent de l’aide aux personnes déplacées. Des religieux Salésiens de Don Bosco ont pu rejoindre la ville de Sagaing, qui est détruite à 80 % voire 90 % selon les résidents. Plusieurs équipes humanitaires ont aussi rejoint Sagaing (l’Unicef a raconté qu’il a fallu 13 heures pour atteindre la ville depuis Rangoun), dont une équipe spécialisée envoyée par la Malaisie. Des Frères mineurs (franciscains) de la région de Pyin Oo Lwin ont également confié que plusieurs milliers de personnes ont été déplacées à Mandalay, 2e plus grande ville du pays, en se réfugiant sur des terrains de football et paroissiaux ou sur le bord de la route, à cause des répliques sismiques. Par ailleurs, les températures restent élevées, entre 37 et 40 °C.
Le lendemain du séisme, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la Conférence épiscopale birmane, a demandé la fin immédiate des hostilités dans tout le pays, afin de permettre le déplacement libre des aides humanitaires vers les populations affectées. Si la junte a fini par accepter le 2 avril en annonçant un cessez-le-feu de 20 jours, elle a commencé par rejeter les propositions des groupes rebelles et de la résistance. « Cette crise humanitaire nécessite d’arrêter immédiatement toutes les hostilités. Nous demandons de toute urgence un cessez-le-feu immédiat et total pour toutes les parties engagées dans le conflit, pour assurer que les aides humanitaires essentielles des équipes locales et internationales puissent être distribuées en toute sécurité et sans entrave », demandait le cardinal Bo dans son communiqué.
Certains craignent en effet que le cessez-le-feu ne soit pas respecté même dans ces conditions. Cette semaine, la junte militaire a confirmé avoir ouvert le feu sur un convoi de la Croix Rouge chinoise qui était en mouvement dans l’État Shan, une région où plusieurs villages sont contrôlés par la Ta’ang National Liberation Army (TNLA) – une des milices ethniques présentes dans le nord du pays. Un porte-parole de la junte a expliqué que les neuf véhicules humanitaires n’avaient pas reçu d’autorisation de déplacement de la part des autorités militaires. Après l’incident qui n’a fait aucune victime, la Chine a demandé à toutes les parties d’assurer la sécurité des travailleurs humanitaires engagés dans les opérations de secours.
(Ad Extra, avec Ucanews et Asianews)